jeudi 8 janvier 2015

Pour la liberté d'expression

Il faut continuer à parler, à s'exprimer au risque de la censure, c'est un repère de civilisation, note Josée Boileau en première page dans Le Devoir de ce matin. Hier, tout comme il y a 25 ans contre Salman Rushdie, l'extrémisme a tué la parole. Même pire, il a tué des artisans de parole. Qui continuera de défendre la liberté d'expression ? Faut-il attendre un tel carnage pour que les gens se réveillent ?
 
Le professeur de droit à l'Université de Montréal, Pierre Trudel, explique qu'on tolère plein de limites à la liberté de presse." Un texte dérange, quelqu'un proteste, on se sent coupable, continue-t-il. Parfois on peut aller loin, cela crée un inconfort. Pourtant c'est une règle constitutionnelle, cette liberté de parole est fondamentale. Selon lui, il est impossible de concevoir le droit à l'égalité sans cette liberté de base qui permet de juger, de débattre, de parler. Si cette liberté de parole est enlevée, toutes les autres libertés tombent aussi, selon les propos qu'a recueillis Stéphane Baillargeon dans le même journal.
 
La démocratie est en jeu. C'est le droit de chacun de participer aux affaires collectives. Autrefois il était normal de censurer les artistes ou les journalistes. Depuis, des associations ont défendu ce droit à la liberté. Sinon on a des paroles qui ne disent plus rien. Répéter ce qui ne choque personne sert à quoi. Le journalisme d'enquête travaille contre cet effet inhibiteur qui rendrait impossible de questionner des affaires liées à des groupes puissants.
 
Pierre Trudel considère qu'il faut se tenir debout. Il ne faut pas céder. Les conséquences d'un milieu où on ne peut plus dire des choses dérangeantes l'inquiètent. Il insiste de la nécessité absolue de conserver et de protéger le droit de parole et la liberté de presse.
 
La censure des pouvoirs a évolué, elle emprunte depuis plusieurs années déjà les formes de la mise en demeure, souligne Josée Boileau. C'est bien connu, le pouvoir n'aime pas la résistance à l'obscurantisme ni l'indignation. Le pouvoir préfère l'intimidation. Pourtant la critique et l'irrévérence courageuse demeurent utiles pour contrer les bourdes répétées sans cesse par les dirigeants et leurs prétentions.
 
Se taire? Jamais, écrit Mira Falardeau, auteur de Histoire de la caricature au Québec.

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