dimanche 20 février 2022

Il devait coûter 7,4 milliards, la facture atteint 21,4 milliards de dollars

Le projet d'expansion du pipeline Trans Mountain, propriété du gouvernement Trudeau, voué à exporter du pétrole des sables bitumineux, a publié une "mise à jour" vendredi. 14 milliards de dollars de plus que ce qu'évoquait le gouvernement Trudeau lors de son achat en 2018. Le Canada venait de racheter le pipeline Trans Mountain et le projet d'expansion à la pétrolière Kinder Morgan, du Texas.

La facture grimpe donc de 290 %. Ces pipelines doivent être construits d'ici "la fin de 2023". Ils transporteront annuellement 325 millions de barils de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta juqu'à un port situé près de Vancouver. Le débit sera triplé. Le nombre de pétroliers chargés sera multiplié par 7 dans cette région, il passera de 5 à 34 bateaux par mois.

L'injection de fonds publics demeurera à 12,6 milliards de dollars, le même montant que celui prévu en 2020, a souligné la vice-première ministre Chrystia Freeland. Trans Mountain Corporation devra trouver 8,8 milliards de dollars par du financement sur le marché de la dette publique ou auprès d'institutions financières.

Le sociologue Éric Pineault, membre de la Chaire de recherche UQAM sur la transition écologique, doute des perspectives économiques optimistes exprimées par le gouvernement Trudeau. "Il est certain que l'amortissement des coûts beaucoup plus élevés ne correspond pas à ce qui avait été prévu initialement au moment de l'achat du projet. Mais l'État se charge de lui fournir une infrastructure d'exportation à même l'argent public".

Selon une étude publiée en 2021 par une équipe de chercheurs de l'Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, les Canadiens risquent de perdre plus de 12 milliards de dollars avec ce projet d'agrandissement. Aucun scénario ne permet de démontrer que le projet pourrait générer un bénéfice pour le gouvernement.

Pour Greenpeace et son porte-parole,  Patrick Bonin, ce projet est un véritable éléphant blanc, un gaspillage de fonds publics.

(Source: article d'Alexandre Shields, du 19 février, dans Le Devoir)


mercredi 16 février 2022

Le citoyen: une personne à part entière

 Octobre 2021. Le philosophe Giorgio Agamben fait une intervention choc devant le Sénat italien : « Des scientifiques et des médecins ont déclaré que le green pass [passeport sanitaire européen] n’avait aucune signification médicale en soi, mais servait à forcer les gens à se faire vacciner. Mais je pense qu’il faut dire le contraire : que le vaccin est un moyen de forcer les gens à avoir le green pass. C’est-à-dire un dispositif de surveillance et de suivi des individus, une mesure sans précédent. »

Intellectuel engagé contre les totalitarismes et universitaire respecté, Agamben est né à Rome en 1942. Il s’inscrit dans la lignée des Hannah Arendt, Michel Foucault et Walter Benjamin. Pour lui, aucune élite ne cherche à contrôler à dessein la population mondiale. Il voit plutôt dans la crise actuelle une manifestation de la dérive « biopolitique » de nos sociétés.

La grandeur de nos sociétés démocratiques vient de la considération de chaque citoyen comme une personne à part entière, et non comme d’un simple organisme vivant, fondu dans une masse anonyme.

Concept développé dans les années 1970, justement par Michel Foucault, la biopolitique est l’ambition du pouvoir d’intervenir non pas seulement sur des territoires, mais sur des individus, et ce, jusque dans leur vie biologique. L’objectif avoué est d’optimiser la force vitale collective, mesurée entre autres par le taux de natalité et de mortalité.

La quarantaine obligatoire est l’exemple type de la biopolitique. Ce n’est plus la personne qui est coupable et excommuniée, mais son corps. L’État ne gère plus des sujets, mais des objets, plus faciles à mesurer et surveiller.

C

Certes, personne n’est contre la protection de la vie. Mais tout l’enjeu est de savoir de quelle vie nous parlons ici. Le biopouvoir n’examine que la vie corporelle, sans considération de la vie émotionnelle, intellectuelle, et encore moins spirituelle. Pourtant, « la vie en abondance » (Jn 10, 10) ne se mesure pas quantitativement, mais s’estime qualitativement. Vivre certes plus longtemps, plus nombreux, plus en santé et plus en sécurité… mais sans but ! À quoi bon ?

Pour une politique du visage

Pour le philosophe italien et grand lecteur de Simone Weil, il faut s’inquiéter que nous passions sans trop nous en rendre compte d’une société démocratique à une société de contrôle. À long terme, la biopolitique viderait « le Parlement de ses pouvoirs, le réduisant à simplement approuver – au nom de la biosécurité – des décrets qui émanent d’organisations et d’experts – et non d’élus – qui ont très peu à voir avec le Parlement ». D’autant plus, selon lui, que « la sécurité et l’urgence ne sont pas des phénomènes transitoires, mais constituent la nouvelle forme de gouvernabilité. »

Agamben ne se prononce pas sur le vaccin et le passeport vaccinal d’un point de vue médical. Même si ces mesures peuvent être efficaces, il avertit nos politiciens de faire très attention à ne pas créer un enfer sur terre en voulant ériger un paradis ici-bas. La grandeur de nos sociétés démocratiques vient de l’extrême respect des libertés individuelles et de la considération de chaque citoyen comme une personne à part entière, et non comme d’un simple organisme vivant, fondu dans une masse anonyme.

Plus que la biopolitique, soit une politique qui gère et contrôle des vivants, nous avons besoin d’une prosopolitique (du grec prosopon, « personne », « ce qui est face aux yeux d’autrui – son visage »), soit une politique où sont en relation des personnes en vue du bien commun.

Simon Lessard

Rédacteur et responsable de l’innovation au Verbe, Simon Lessard est diplômé en philosophie et théologie. Il aime entrer en dialogue avec les chercheurs de vérité et tirer de la culture occidentale du neuf et de l’ancien afin d’interpréter les signes de notre temps.

mardi 15 février 2022

L'océan et son double digital révolutionnaire

Est-il normal de mieux connaître la planète Mars que l'océan, se questionne Pascal Lamy qui dirige la mission Starfish 2030 à la Commission européenne. Cette mission vise à régénérer l'océan dans les dix prochaines années. 75 % de l'océan est inexploré. Le numérique pourrait en révéler les secrets.

Une centaine de scientifiques et de numériciens élabore des modélisations de l'océan mondial. À Toulouse, depuis 20 ans, ils tentent de réaliser une réplique digitale remplie par un puissant outil de compilation de données marines.

Pour mieux comprendre l'ensemble des zones de la planète où l'eau est présente, soit 67 % de la surface terrestre.Pour préserver, pour analyser l'impact réel des mesures d'atténuation des risques pesant sur l'océan. 

En chiffres: 

  • L'océan contient 97 % de l'eau de la planète.
  • L'océan contient 50 % de l'oxygène de la planète.
  • L'océan absorble 25 % du dioxyde de carbone que nous produisons en excès.
  • L'océan absorbe 90 % de l'excès de chaleur produite par le réchauffement climatique.
  • L'océan apporte 20 % des protéines animales à 3 milliards d'individus.
  • L'océan compterait 1 million d'espèces marines, Nous en connaissons que 25 %.
  • Dans l'océan, chaque année, nous déversons près de 18 millions de tonnes de plastiques.
(Source: article d'Alice Pairo-Vasseur, dans Le Point, no 2583, du jeudi 10 février) 

dimanche 13 février 2022

La radio tojours vivante

 En cette Journée mondiale de la radio, on se rappelle qe le Centre d'études sur les médias rapporte que 70 % des auditeurs étaient à l'écoute de la radio dans les transports avant la pandémie. Pourtant la radio demeure encore bien écoutée, surtout la radio parlée. "Dans toutes les crises que nous avons vécues au Québec ces cinquante dernières années, comme la crise du verglas, il y a toujours eu un besoin pour la radio parlée. Dans un contexte de désinformation lié à la pandémie, la radio est encore perçue comme une source d'information crédible" soutient Caroline Paquet, présidente de Cogeco Média.

La Première chaîne de Radio-Canada a même connu une hausse de 7 % de son auditoire entre l'automne 2019 et l'automne 2021. "La radio permet une grande proximité qu'on ne retrouve pas ailleurs", soutient Caroline Jamet, la directrice de la radio de Radio-Canada.

(Source: un article d'Étienne Paré dans Le Devoir de ce week-end)

vendredi 11 février 2022

Les Québécois consomment différemment des Canadiens

Le taux d'inflation annuel au Québec était de 3,8 % en 2021, alors qu'il était de 3,4 % au Canada. Ce matin, l'ex-ministre des Finances et de l'Économie du Québec, maintenant professeur titulaire au Département des sciences économiques de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, Nicolas Marceau, nous  en précise les distinctions dans la section Point de vue du journal Le Devoir.

Les taux d'indexation utilisés par les gouvernements ne reflèteraient pas l'inflation auquelle les ménages moins fortunés font face. Les ménages à faible revenu subiraient une diminution de leur pouvoir d'achat et s'appauvrissent à cause des disparités pour les divers biens et services consommés.

Au Canada, l'essence a augmenté son prix de 33,3 % en 2021, le transport en commun a diminué le sien de 2,8 %. Au Québec, c'est plutôt 36,6% et 4,8 % respectivement. Au Québec, pour les aliments, la croissance est de 5,2 %. La viande a augmenté de 7% et les fruits frais de 9,1 % . Par contre, le prix des légumes n'a crû que de 1,3 % et  celui des oeufs a diminué de 1,1  %. Dépendant de ce que l'on consomme, de l'endroit où on vit, l'inflation varie.

Pour calculer l'indice des prix à la consommation, Statistique Canada utilise des données d'enquête et construit un panier fictif consommé par le Canadien moyen (PCM). À chaque mois, dans plusieurs lieux, elle mesure les prix de divers biens et services du PCM. L'inflation est simplement le taux de croissance de la dépense associée au contenu du PCM.

Mais peu de personnes consomment très précisément le PCM. Le Québécois moyen dépensait en 2019 en biens et services de consommation courante la somme de 58 028 $, le Canadien moyen avait plutôt dépensé 68 890 $, une différence de plus de 10 000 $. Le Québécois moyen consacrait 16,9 % de ses dépenses en aliments et 5,1 % en soins de santé. Le Canadien moyen en dépensait 14,9 % et 4 % respectivement.

Les 65 ans et plus, en 2019, dépensaient 48 453 $ en consommation courante pour l'ensemble du Canada, soit 20 000 $ de moins que le Canadien moyen. Leurs dépenses aux aliments étaient de 16,7 % et celles pour leurs soins de santé était de 6,5 %. Comme le Québécois moyen, les aînés consacraient une proportion plus importante de leurs ressources en aliments et en santé que le Canadien moyen.

Le Québécois de 65 ans et plus ne consomme pas le même PCM que le Québécois moyen ou le Canadien moyen. L'indexation des pensions de vieillesse et le Supplément de revenu garanti sont indexés en fonction du taux d'inflation officiel canadien, basé sur le PCM. Un taux bien différent auquel est exposé en réalité le Québécois de plus de 65 ans.

Québec indexe les prestations du Régime des rentes du Québec, le salaire minimum, les prestations d'aide sociale en fonction du taux d'inflation annuel officiel au Québec, fondé sur le PCM. Les retraités québécois, les travailleurs au salaire minimum, et les prestataires d'aide sociale recevront des revenus dont le taux d'indexation utilisé est bien différent de leur vécu réel au quotidien.

Les conséquences d'une sous-indexation sont une réduction du pouvoir d'achat, un appauvrissement assuré. Nicolas Marceau se demande "à quand une mesure officielle de l'inflation pour les personnes aînées ou celles à faible revenu ?" Bonne question, quand il nous précise que Statistique Canada a publié en 2005 et en 2019 des études qui montraient toutes deux un écart défavorable pour les aînés. Statistique Canada a l'expertise. Les gouvernements pourraient leur demande d'en faire une publication, de ces taux d'inflation différenciés. Quand le feront-ils ?


jeudi 10 février 2022

La croissance démographique par l'immigration internationale plus que par la fécondité

Depuis 5 ans, la population canadienne a augmenté de 5,2 %, le rythme de croissance démographique le plus important du G7. Hier, Statistique Canada a révélé ses premiers résultats du recensement réalisé l'an dernier. Quatre personnes sur cinq des habitants supplémentaires ont immigré. Depuis 2015, les cibles d'immigration pour les immigrants permanents et temporaires ont augmenté.

Même si la population québécoise a augmenté de 4,1 % pour cette période, son poids démographique diminue pour un onzième recensement consécutif canadien. Alors qu'en 2016, les Québécois étaient à 23,2 % de la population canadienne, en 2021, le pourcentage a diminué à 23 %.

La fécondité est aussi en baisse au Canada. Passé de 1,47 enfant par femme en 2019, la fécondité a réalisé un creux en 2020 à 1,4 enfant par femme.

L'étalement urbain s'accélère aussi, selon Statistique Canada. En 2021, 73,7 % des Canadiens vivaient dans un grand centre urbain. En 2016, c'était plutôt 73,2 %. "Les villes situées juste à l'extérieur de ces grands centres" bénéficient aussi de ces déplacements des personnes qui désirent vivre à proximité des quartiers centraux.

(Source: article de Sandrine Vieira, dans Le Devoir  d'aujourd'hui)


mardi 8 février 2022

L'arrêt de mort de l'exportation de gaz naturel albertain par GNL Québec

Après que le Québec ait rejeté le projet de GNL Québec l'été dernier, après des démissions, des licenciements et le retrait d'importants investisseurs, les promoteurs avaient décidé de poursuivre le processus d'évaluation environnementale fédérale. On maintenait encore des lobbyistes actifs tant au Québec qu'à Ottawa.

Hier, le gouvernement fédéral, par une annonce du ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault,  a précisé que les "effets environnementaux négatifs importants que le projet est susceptible d'entraîner ne sont pas justifiables dans les circonstances". GNL Québec désirait construire une usine de liquéfaction, un terminal maritime d'exportation à Saguenay et un gazoduc de 480 kilomètres nécessaire pour acheminer le gaz naturel albertain. C'était le plus gros projet industriel privé de notre histoire québécoise, avec la nécessité d'obtenir 14 milliards de dollars pour sa réalisation.

Selon le rapport publié hier, l'Agence d'évaluation d'impact du Canada (AEIC) écrit que ce projet nuirait aux efforts climatiques du Canada, à l'atteinte de la "carboneutralité" d'ici 2050. C'est un rejet des affirmations du promoteur selon lesquelles le projet serait bénéfique pour la lutte contre la crise climatique. Aucun scénario n'était crédible pour l'Agence. De plus, l'AEIC écarte l'argument que le gaz naturel serait un partenaire de la "transition énergétique".

Afin de respecter les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat de décembre 2015, les pays doivent "renoncer" à autoriser le développement de "nouveaux sites pétroliers et gaziers".

Laisser circuler 320 méthaniers sur le Saguenay chaque année aurait pu porter des risques majeurs pour des mammifères marins en péril, dont le béluga du Saint-Laurent. 

Toutefois, d'autres projets, comme le projet LNG Canada, sont toujours soutenus par le gouvernement fédéral. En Colombie-Britannique, le plus important projet du genre au Canada, est en cours de construction. Il est alimenté en gaz par le gazoduc Coastal Gaslink, encore controversé.

Dans l'est du pays, le projet Goldboro LNG est envisagé en Nouvelle-Écosse. Il faudra d'abord construire un nouveau gazoduc qui traverserait le territoire de plusieurs municipalités du sud du Québec. Les élus de Saint-Robert ont déjà annoncé qu'il n'appuyait pas la construction de ce gazoduc.

(Source: article d'Alexandre Shields dans Le Devoir d'aujourd'hui)


dimanche 6 février 2022

Le rire et sa fonction sociale, un outil puissant?

Le rire a une fonction sociale importante. Il est même essentiel au développement des enfants. Le rire est surtout une caractéristique universelle de l'humanité. Des "vocalisations ludiques" ont aussi été identifiées chez 65 espèces. Surtout des mammifères, mais aussi des oiseaux, ils indiquent par leurs vocalisations, l'innocence de leurs intentions, selon une synthèse publiée en 2021 par l'anthropologue Sasha Winkler et le cognitiviste Gregory Bryant, de l'université de Californie à Los Angeles.

L'être humain sait contrôler sa voix. Le rire humain devient ainsi un outil puissant et flexible. Le rire répond à trois objectifs principaux, selon la psychologue Adrienne Wood, de l'université de Virginie.

  • D'abord le rire sert à la gratification: quand nous rions ensemble, cela démontre que nous apprécions un comportement particulier et renforce l'interaction entre les personnes,qui seront donc bien plus enclines à agir de la même façon à l'avenri. Ce rire, plus fort et plus long, déclenche la sécrétion d'opiacés, qui provoquent probablement ce sentiment de gratification.
  • La deuxième fonction du rire est de manifester un lien, un rire d'affiliation. Il permet de calmer la tension et la gêne. Un petit rire poli, moins fort, plus bref et plus doux, permet de faire savoir à l'autre que ce n'était qu'une innocente taquinerie que ce propos potentiellement blessant.
  • Le troisième objectif est un signal de domination. " Il préserve une façade d'harmonie sociale", précise Adrienne Wood.
Le rire apparaît très tôt dans le vocabulaire émotionnel de l'enfant. Vers l'âge de 4 mois, bébé rit pour la première fois. Un rire de récompense, qui renforce les interactions aimantes. Un enfant de 6 mois émet un petit gloussement quand il commence à se lasser. A 8 mois, il fait le clown pour amuser l'autre. L' humour naît. Il acquiert la conscience de lui-même. Le cerveau de bébé se reconnaît alors comme un corps unique distinct des autres choses présentes dans le monde.

Le rire est moins contagieux chez les garçons qui risquent de développer des psychopathies. Les personnes souffrant de démence ont du mal à identifier les différents types de rire. La recherche sur le rire permettra peut-être de mieux comprendre le développement des maladies psychiatriques et neurologiques.

(Source: article de David Robson dans Le Courrier international,  no 1630, du 27 janvier au 2 février 2022)


samedi 5 février 2022

La population est, a été et sera toujours divisée

Pour gérer cette division, la démocratie a été inventée jadis. La division est inévitable et normale. Le régime démocratique est la façon la plus juste qu'on puisse trouver pour départager les intérêts, les opinions et les diverses croyances qui se confrontent et s'affrontent en toute société, écrivait ce matin le rédacteur en chef de la revue Argument et essayiste, Patrick Moreau.

L'absence de division, à l'inverse, sauf lors de circonstances exceptionnelles comme durant un temps de guerre, ajoute-t-il, et l'"union du peuple derrière le chef ou le Parti qui le représente et est censé incarner sa volonté constituent soit un fantasme qui relève de ce qu'il est convenu d'appeler le populisme, soit est l'apanage des régimes politiques totalitaires qui réalisent le plus souvent cette prétendue union au moyen de la propagande", mais aussi de la violence et de la peur induite.

Faire taire toute voix divergente ou éliminer leurs opposants, on connaît cela chez nous aussi, même à Saint-Robert. Même par des propagandes mensongères déformant les faits ou dans la publication de "fake news" inventant des présumés actes de dénonciation provenant d'opposants durant la campagne électorale municipale d'octobre 2017 lors d'une sanction judiciare reçue par le magistrat quelques années plus tard.

"Ces régimes autoritaires aiment illustrer cette unanimité dans des spectacles à grand déploiement où une population de fans et disciplinée crie ou chante à l'unisson et marche au pas". Rechercher des consensus traduisant souvent qu'une illusoire union, un déficit démocratique et se retrouver condamner à l'impuissance. La politique se "transforme alors en simple gestion de ce qui est, au lieu d'en faire comme il se doit, une instance de liberté où peut s'inventer l'avenir". "Seul ce qui est parfaitement indifférent ne provoque ni division ni controverse", peut-on lire plus loin. 

Le but de la démocratie est plutôt de parvenir à pacifier et à civiliser les conflits et les oppositions. Mais en politique, il faut aussi savoir faire preuve de courage et parfois trancher pour faire valoir des droits de la majorité. Des décisions difficiles, décisions dont le gouvernement sait qu'elles mécontenteront une partie de la population. Tout en étant inévitable, c'est aussi souhaitable, plaide l'essayiste. 

L'esprit démocratique a souvent été du côté de ce qui divise et fait débat. Les fausses unanimités, à propos des décisions prises par les gouvernants sans avoir fait l'objet de la moindre consultation de la population ni avoir fait l'objet de publicité, relèvent du déni démocratique, même si elles se veulent moralement bien intentionnées. On peut observer ce genre de comportements aussi chez nous.

Le populisme est néfaste, et probablement dangereux. L'élitisme de ceux qui imposent leur conception de la justice et de l'égalité à la majorité de la population l'est tout autant. Un réel consensus provient de questions qui divisent et dont on peut débattre. "Les pseudo-unanimités imposées ont rarement cette chance".

(Source: point de vue de Patrick Moreau dans Le Devoir d'aujourd'hui)

vendredi 4 février 2022

Le cancer emporte 22 000 Québécois chaque année

Pas moins de 56 000 Québécois reçoiven un diagnostic de cancer au Québec, chaque année. Depuis le début de la pandémie, 160 000 tests de dépistage du cancer colorectal et jusqu'à 154 000 mammographies n'ont pas été réalisés au Québec.  Même si le cancer tue trois fois plus que la pandémie de la COVID-19, des patients et des médecins s'impatientent. Ils annoncent donc la tenue d'états généraux sur le cancer pour "cibler les problèmes alarmants de notre système de santé en cancérologie". La Coalition priorité cancer juge qu'il faudra mettre de l'énergie supplémentaire pour améliorer le sort des malades cancéreux.

Les retards induits par la pandémie pourraient se traduire par une hausse de 8000 cancers au Québec d'ici 2025, selon une étude publiée en 2021 par l'Université McGill. La directrice générale de cette coalition, Eva Villalba, déplore qu'on fasse si peu ici. Aux États-Unis, Biden vient d'annoncer un plan national visant à réduire de moitié la mortalité par cancer. La France a  aussi annoncé en février 2021 injecter 1,7 milliard d'euros sur cinq ans pour faire reculer l'incidence et la mortalité aux sept types de cancers les plus mortels.

On devrait créer au Québec un Registre québécois du cancer. Les données les plus à jour du registre sur les tumeurs datent de près de 10 ans. On ne participe pas aux statistiques canadiennes. On n'a même pas de données pointues à jour au Québec sur les sites de cancer. C'était ainsi il y a 20 ans, c'est encore vrai aujourd'hui, dénonce le Dr Jean-Paul Bahary, radio-oncologue au CHUM.

Ces états généraux doivent présenter des solutions aux actuels problèmes, avec la contribution concertée des patients, des cliniciens et des chercheurs, poursuit Mme Villalba.

(Source: article d'Isabelle Paré dans Le Devoir d'aujourd'hui)

jeudi 3 février 2022

20 % des salariés risquent l'automatisation et devront se requalifier

Si les employeurs augmentent l'automatisation, la numérisation, la robotisation, et l'intelligence artificielle, de nombreux chômeurs technologiques devront s'adapter, se requalifier ou perfectionner leurs compétences.

Le Centre des compétences futures et le Conference Board du Canada ont analysé les "Cheminements professionnels" et publié leur rapport d'analyse pour évaluer les risques d'automatisation de 92 professions. Quelque 3,5 millions de personnes au Canada occupent des emplois vulnérables, à haut risque et à faible mobilité, et "il n'existe que peu ou pas d'options de réorientation vers des professions à plus faible risque sans un recyclage intensif".

Au Québec, 877 000 personnes exercent une profession vulnérable, soit 19,1 de nombre total d'employés. Les emplois verts à forte croissance sont  évalués au nombre de 24 pour 100 emplois vulnérables d'ici 2030. Une année de formation permettrait-elle à presque toutes les professions vulnérables de passer à l'économie propre ?

À mesure que les employeurs adopteront des technologies, le déficit de compétences continuera de se creuser. "Dans toutes les professions actuelles, le travail physique et manuel ainsi que les compétences cognitives élémentaires occupent environ la moitié du temps total de travail". Le magazine Forbes illustre, qu'avec l'automatisation des processus de production et les avancées technologiques, le monde du travail nécessitera des compétences sociales et émotionnelles plus approfondies en plus des compétences technologiques. Les compétences sociales et émotionnelles pourtant "représentent moins d'un tiers du temps de travail actuel" mais devraient augmenter de 20 % au cours des dix prochaines années.

Selon le rapport du Conference Board, "près de deux travailleurs sur cinq croient qu'ils n'ont pas les compétences nécessaires pour réussir dans une nouvelle profession". Qu'est-ce qu'on attend pour s'assurer de la persévérance scolaire chez les jeunes, d'une formation continue pour les employés  et d'une formation générale plus complète au lieu de continuer à former des travailleurs pour le monde du travail et ses besoins actuels, qui deviendront rapidement dépassés.

(Source: article de Gérard Bérubé dans Le Devoir  de ce matin)



mercredi 2 février 2022

Au compost

La majorité de nos rebuts domestiques est constituée de matières organiques. 57 % du poids de ce qui est généré dans nos maisons et, lorsqu'elles sont enfouies, leur décomposition produit d'importantes quantités de méthane. Le méthane est un gaz à effet de serre encore plus nuisible pour le climat que le dioxyde de carbone, plus connu.

Le méthane est 86 fois plus dommageable pour le climat que le CO2 sur un horizon de 20 ans. Il nous faudra donc prendre des mesures nécessaires pour réduire la quantité de méthane que l'on envoie dans l'atmosphère.

Composter nos déchets organiques chaque jour est un excellent moyen d'agir concrètement. En plus de réduire notre incidence négative sur le climat, cela permet de générer des amendements pour nourrir le sol et contribuer à la biodiversité.

Nos déchets de table, en se décomposant au contact de l'air, avec l'aide de nombreux micro-organismes, avec des feuilles mortes, et d'autres matières organiques, ils se transforment en un riche terreau brunâtre ressemblant à de l'humus. Ce matériau sera utilisé ensuite pour nourrir nos végétaux. 

Sinon, je les dépose dans le bac brun municipal avec les pelures d'agrumes, les restes de viande, les produits laitiers, les matières grasses, les papiers souillés. Ils pourraient être biométhanisés dans une forme de compostage en circuit fermé. Par fermentation, sans oxygène, un processus de dégradation biologique se réaliserait. Du fertilisant, soit, et du biogaz utilisable comme source d'énergie pour remplacer des combustibles fossiles comme le gaz naturel. Ce biogaz pourrait servir à chauffer les bâtiments, au transport et à produire de l'électricité.

Le gaz distribué au Québec actuellement est rempli de gaz de schiste, avec un fort impact environnement. Le biogaz par méthanisation des déchets organiques est une pratique courante dans plusieurs pays, notamment en France et en Allemagne. 

Une volonté politique est nécessaire au Québec car les solutions existent et les moyens sont à notre disposition.

(Source: La transition, c'est maintenant de Laure Waridel)

mardi 1 février 2022

L'éthique et la responsabilité des mégaporcheries

Le gouvernement Legault veut soutenir notre agriculture locale par son Plan pour une agriculture durable 2020-2030. Une agriculture soucieuse de l'environnement et des populations, qui contribuerait à la la sécurité et à la souveraineté alimentaire des Québécois.

Toutefois, malgré les importants impacts écologiques, sociaux et sanitaires, des nouveaux chantiers de mégaporcheries sont en expansion en Estrie, en Mauricie, au Témiscamingue et ailleurs au Québec.

Les citoyens qui ont quitté leur milieu urbain pour migrer vers les régions agricoles veulent vitaliser les villages d'ici. Ces citoyens néoruraux sont particulièrement éveillés aux questions environnementales. Ils espèrent une agriculture respectueuse de la santé globale, autant celle des sols, des animaux, des végétaux que de celle des humains.

La population rurale se diversifie de plus en plus

La culture est désormais tournée vers une agroécologie. Dès 2007, dans Porcheries!  on observait que les intérêts économiques des promoteurs agricoles minimisaient les réalités sociales et environnementales des territoires. Les lois leur garantissaient le droit de produire, un prétexte à ignorer les attentes communautaires.

Puis en 2014, l'industrie porcine se dote d'une Démarche de responsabilité sociale.  Sans prendre en compte la question de la cohabitation sociale, ni la nécessité de promouvoir une éthique du vivre-ensemble, lit-on dans l'article.

Tant en dénonçant le stratagème des projets de porcheries de 3996 ou 3999 porcs par bâtiment d'un parc d'élevage pour éviter des audiences publiques sur l'environnement, les promoteurs veulent rassurer que leur élevage en expansion ne sera pas érigé au détriment de la majorité des résidents du territoire.

Pourquoi nos fleurons agricoles partagent un sens des affaires aussi dénué d'éthique et se détournent de l'"agriculture durable" ?  Les gouvernements provinciaux et municipaux continuent, même à considérer que l'agriculture doit se développer selon un modèle d'affaires industriel, néanmoins déconnecté des réalités écologiques et sociales, pensent les auteures. 

L'industrie porcine discrédite les efforts des autres secteurs qui tentent un virage vers une agriculture socialement responsable et respectueuse de l'environnement. Nos élus devront témoigner d'un sens éthique supérieur à celui qui sous-tend les fumisteries actuelles à l'encontre du bien commun.

(Source: Denise Proulx, chercheuse et Lucie Sauvé, professeur émérite- Centre'ERE, UQAM dans la page Idées du Devoir   du 31 janvier)