dimanche 20 février 2022

Il devait coûter 7,4 milliards, la facture atteint 21,4 milliards de dollars

Le projet d'expansion du pipeline Trans Mountain, propriété du gouvernement Trudeau, voué à exporter du pétrole des sables bitumineux, a publié une "mise à jour" vendredi. 14 milliards de dollars de plus que ce qu'évoquait le gouvernement Trudeau lors de son achat en 2018. Le Canada venait de racheter le pipeline Trans Mountain et le projet d'expansion à la pétrolière Kinder Morgan, du Texas.

La facture grimpe donc de 290 %. Ces pipelines doivent être construits d'ici "la fin de 2023". Ils transporteront annuellement 325 millions de barils de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta juqu'à un port situé près de Vancouver. Le débit sera triplé. Le nombre de pétroliers chargés sera multiplié par 7 dans cette région, il passera de 5 à 34 bateaux par mois.

L'injection de fonds publics demeurera à 12,6 milliards de dollars, le même montant que celui prévu en 2020, a souligné la vice-première ministre Chrystia Freeland. Trans Mountain Corporation devra trouver 8,8 milliards de dollars par du financement sur le marché de la dette publique ou auprès d'institutions financières.

Le sociologue Éric Pineault, membre de la Chaire de recherche UQAM sur la transition écologique, doute des perspectives économiques optimistes exprimées par le gouvernement Trudeau. "Il est certain que l'amortissement des coûts beaucoup plus élevés ne correspond pas à ce qui avait été prévu initialement au moment de l'achat du projet. Mais l'État se charge de lui fournir une infrastructure d'exportation à même l'argent public".

Selon une étude publiée en 2021 par une équipe de chercheurs de l'Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, les Canadiens risquent de perdre plus de 12 milliards de dollars avec ce projet d'agrandissement. Aucun scénario ne permet de démontrer que le projet pourrait générer un bénéfice pour le gouvernement.

Pour Greenpeace et son porte-parole,  Patrick Bonin, ce projet est un véritable éléphant blanc, un gaspillage de fonds publics.

(Source: article d'Alexandre Shields, du 19 février, dans Le Devoir)


mercredi 16 février 2022

Le citoyen: une personne à part entière

 Octobre 2021. Le philosophe Giorgio Agamben fait une intervention choc devant le Sénat italien : « Des scientifiques et des médecins ont déclaré que le green pass [passeport sanitaire européen] n’avait aucune signification médicale en soi, mais servait à forcer les gens à se faire vacciner. Mais je pense qu’il faut dire le contraire : que le vaccin est un moyen de forcer les gens à avoir le green pass. C’est-à-dire un dispositif de surveillance et de suivi des individus, une mesure sans précédent. »

Intellectuel engagé contre les totalitarismes et universitaire respecté, Agamben est né à Rome en 1942. Il s’inscrit dans la lignée des Hannah Arendt, Michel Foucault et Walter Benjamin. Pour lui, aucune élite ne cherche à contrôler à dessein la population mondiale. Il voit plutôt dans la crise actuelle une manifestation de la dérive « biopolitique » de nos sociétés.

La grandeur de nos sociétés démocratiques vient de la considération de chaque citoyen comme une personne à part entière, et non comme d’un simple organisme vivant, fondu dans une masse anonyme.

Concept développé dans les années 1970, justement par Michel Foucault, la biopolitique est l’ambition du pouvoir d’intervenir non pas seulement sur des territoires, mais sur des individus, et ce, jusque dans leur vie biologique. L’objectif avoué est d’optimiser la force vitale collective, mesurée entre autres par le taux de natalité et de mortalité.

La quarantaine obligatoire est l’exemple type de la biopolitique. Ce n’est plus la personne qui est coupable et excommuniée, mais son corps. L’État ne gère plus des sujets, mais des objets, plus faciles à mesurer et surveiller.

C

Certes, personne n’est contre la protection de la vie. Mais tout l’enjeu est de savoir de quelle vie nous parlons ici. Le biopouvoir n’examine que la vie corporelle, sans considération de la vie émotionnelle, intellectuelle, et encore moins spirituelle. Pourtant, « la vie en abondance » (Jn 10, 10) ne se mesure pas quantitativement, mais s’estime qualitativement. Vivre certes plus longtemps, plus nombreux, plus en santé et plus en sécurité… mais sans but ! À quoi bon ?

Pour une politique du visage

Pour le philosophe italien et grand lecteur de Simone Weil, il faut s’inquiéter que nous passions sans trop nous en rendre compte d’une société démocratique à une société de contrôle. À long terme, la biopolitique viderait « le Parlement de ses pouvoirs, le réduisant à simplement approuver – au nom de la biosécurité – des décrets qui émanent d’organisations et d’experts – et non d’élus – qui ont très peu à voir avec le Parlement ». D’autant plus, selon lui, que « la sécurité et l’urgence ne sont pas des phénomènes transitoires, mais constituent la nouvelle forme de gouvernabilité. »

Agamben ne se prononce pas sur le vaccin et le passeport vaccinal d’un point de vue médical. Même si ces mesures peuvent être efficaces, il avertit nos politiciens de faire très attention à ne pas créer un enfer sur terre en voulant ériger un paradis ici-bas. La grandeur de nos sociétés démocratiques vient de l’extrême respect des libertés individuelles et de la considération de chaque citoyen comme une personne à part entière, et non comme d’un simple organisme vivant, fondu dans une masse anonyme.

Plus que la biopolitique, soit une politique qui gère et contrôle des vivants, nous avons besoin d’une prosopolitique (du grec prosopon, « personne », « ce qui est face aux yeux d’autrui – son visage »), soit une politique où sont en relation des personnes en vue du bien commun.

Simon Lessard

Rédacteur et responsable de l’innovation au Verbe, Simon Lessard est diplômé en philosophie et théologie. Il aime entrer en dialogue avec les chercheurs de vérité et tirer de la culture occidentale du neuf et de l’ancien afin d’interpréter les signes de notre temps.

mardi 15 février 2022

L'océan et son double digital révolutionnaire

Est-il normal de mieux connaître la planète Mars que l'océan, se questionne Pascal Lamy qui dirige la mission Starfish 2030 à la Commission européenne. Cette mission vise à régénérer l'océan dans les dix prochaines années. 75 % de l'océan est inexploré. Le numérique pourrait en révéler les secrets.

Une centaine de scientifiques et de numériciens élabore des modélisations de l'océan mondial. À Toulouse, depuis 20 ans, ils tentent de réaliser une réplique digitale remplie par un puissant outil de compilation de données marines.

Pour mieux comprendre l'ensemble des zones de la planète où l'eau est présente, soit 67 % de la surface terrestre.Pour préserver, pour analyser l'impact réel des mesures d'atténuation des risques pesant sur l'océan. 

En chiffres: 

  • L'océan contient 97 % de l'eau de la planète.
  • L'océan contient 50 % de l'oxygène de la planète.
  • L'océan absorble 25 % du dioxyde de carbone que nous produisons en excès.
  • L'océan absorbe 90 % de l'excès de chaleur produite par le réchauffement climatique.
  • L'océan apporte 20 % des protéines animales à 3 milliards d'individus.
  • L'océan compterait 1 million d'espèces marines, Nous en connaissons que 25 %.
  • Dans l'océan, chaque année, nous déversons près de 18 millions de tonnes de plastiques.
(Source: article d'Alice Pairo-Vasseur, dans Le Point, no 2583, du jeudi 10 février) 

dimanche 13 février 2022

La radio tojours vivante

 En cette Journée mondiale de la radio, on se rappelle qe le Centre d'études sur les médias rapporte que 70 % des auditeurs étaient à l'écoute de la radio dans les transports avant la pandémie. Pourtant la radio demeure encore bien écoutée, surtout la radio parlée. "Dans toutes les crises que nous avons vécues au Québec ces cinquante dernières années, comme la crise du verglas, il y a toujours eu un besoin pour la radio parlée. Dans un contexte de désinformation lié à la pandémie, la radio est encore perçue comme une source d'information crédible" soutient Caroline Paquet, présidente de Cogeco Média.

La Première chaîne de Radio-Canada a même connu une hausse de 7 % de son auditoire entre l'automne 2019 et l'automne 2021. "La radio permet une grande proximité qu'on ne retrouve pas ailleurs", soutient Caroline Jamet, la directrice de la radio de Radio-Canada.

(Source: un article d'Étienne Paré dans Le Devoir de ce week-end)

vendredi 11 février 2022

Les Québécois consomment différemment des Canadiens

Le taux d'inflation annuel au Québec était de 3,8 % en 2021, alors qu'il était de 3,4 % au Canada. Ce matin, l'ex-ministre des Finances et de l'Économie du Québec, maintenant professeur titulaire au Département des sciences économiques de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, Nicolas Marceau, nous  en précise les distinctions dans la section Point de vue du journal Le Devoir.

Les taux d'indexation utilisés par les gouvernements ne reflèteraient pas l'inflation auquelle les ménages moins fortunés font face. Les ménages à faible revenu subiraient une diminution de leur pouvoir d'achat et s'appauvrissent à cause des disparités pour les divers biens et services consommés.

Au Canada, l'essence a augmenté son prix de 33,3 % en 2021, le transport en commun a diminué le sien de 2,8 %. Au Québec, c'est plutôt 36,6% et 4,8 % respectivement. Au Québec, pour les aliments, la croissance est de 5,2 %. La viande a augmenté de 7% et les fruits frais de 9,1 % . Par contre, le prix des légumes n'a crû que de 1,3 % et  celui des oeufs a diminué de 1,1  %. Dépendant de ce que l'on consomme, de l'endroit où on vit, l'inflation varie.

Pour calculer l'indice des prix à la consommation, Statistique Canada utilise des données d'enquête et construit un panier fictif consommé par le Canadien moyen (PCM). À chaque mois, dans plusieurs lieux, elle mesure les prix de divers biens et services du PCM. L'inflation est simplement le taux de croissance de la dépense associée au contenu du PCM.

Mais peu de personnes consomment très précisément le PCM. Le Québécois moyen dépensait en 2019 en biens et services de consommation courante la somme de 58 028 $, le Canadien moyen avait plutôt dépensé 68 890 $, une différence de plus de 10 000 $. Le Québécois moyen consacrait 16,9 % de ses dépenses en aliments et 5,1 % en soins de santé. Le Canadien moyen en dépensait 14,9 % et 4 % respectivement.

Les 65 ans et plus, en 2019, dépensaient 48 453 $ en consommation courante pour l'ensemble du Canada, soit 20 000 $ de moins que le Canadien moyen. Leurs dépenses aux aliments étaient de 16,7 % et celles pour leurs soins de santé était de 6,5 %. Comme le Québécois moyen, les aînés consacraient une proportion plus importante de leurs ressources en aliments et en santé que le Canadien moyen.

Le Québécois de 65 ans et plus ne consomme pas le même PCM que le Québécois moyen ou le Canadien moyen. L'indexation des pensions de vieillesse et le Supplément de revenu garanti sont indexés en fonction du taux d'inflation officiel canadien, basé sur le PCM. Un taux bien différent auquel est exposé en réalité le Québécois de plus de 65 ans.

Québec indexe les prestations du Régime des rentes du Québec, le salaire minimum, les prestations d'aide sociale en fonction du taux d'inflation annuel officiel au Québec, fondé sur le PCM. Les retraités québécois, les travailleurs au salaire minimum, et les prestataires d'aide sociale recevront des revenus dont le taux d'indexation utilisé est bien différent de leur vécu réel au quotidien.

Les conséquences d'une sous-indexation sont une réduction du pouvoir d'achat, un appauvrissement assuré. Nicolas Marceau se demande "à quand une mesure officielle de l'inflation pour les personnes aînées ou celles à faible revenu ?" Bonne question, quand il nous précise que Statistique Canada a publié en 2005 et en 2019 des études qui montraient toutes deux un écart défavorable pour les aînés. Statistique Canada a l'expertise. Les gouvernements pourraient leur demande d'en faire une publication, de ces taux d'inflation différenciés. Quand le feront-ils ?


jeudi 10 février 2022

La croissance démographique par l'immigration internationale plus que par la fécondité

Depuis 5 ans, la population canadienne a augmenté de 5,2 %, le rythme de croissance démographique le plus important du G7. Hier, Statistique Canada a révélé ses premiers résultats du recensement réalisé l'an dernier. Quatre personnes sur cinq des habitants supplémentaires ont immigré. Depuis 2015, les cibles d'immigration pour les immigrants permanents et temporaires ont augmenté.

Même si la population québécoise a augmenté de 4,1 % pour cette période, son poids démographique diminue pour un onzième recensement consécutif canadien. Alors qu'en 2016, les Québécois étaient à 23,2 % de la population canadienne, en 2021, le pourcentage a diminué à 23 %.

La fécondité est aussi en baisse au Canada. Passé de 1,47 enfant par femme en 2019, la fécondité a réalisé un creux en 2020 à 1,4 enfant par femme.

L'étalement urbain s'accélère aussi, selon Statistique Canada. En 2021, 73,7 % des Canadiens vivaient dans un grand centre urbain. En 2016, c'était plutôt 73,2 %. "Les villes situées juste à l'extérieur de ces grands centres" bénéficient aussi de ces déplacements des personnes qui désirent vivre à proximité des quartiers centraux.

(Source: article de Sandrine Vieira, dans Le Devoir  d'aujourd'hui)


mardi 8 février 2022

L'arrêt de mort de l'exportation de gaz naturel albertain par GNL Québec

Après que le Québec ait rejeté le projet de GNL Québec l'été dernier, après des démissions, des licenciements et le retrait d'importants investisseurs, les promoteurs avaient décidé de poursuivre le processus d'évaluation environnementale fédérale. On maintenait encore des lobbyistes actifs tant au Québec qu'à Ottawa.

Hier, le gouvernement fédéral, par une annonce du ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault,  a précisé que les "effets environnementaux négatifs importants que le projet est susceptible d'entraîner ne sont pas justifiables dans les circonstances". GNL Québec désirait construire une usine de liquéfaction, un terminal maritime d'exportation à Saguenay et un gazoduc de 480 kilomètres nécessaire pour acheminer le gaz naturel albertain. C'était le plus gros projet industriel privé de notre histoire québécoise, avec la nécessité d'obtenir 14 milliards de dollars pour sa réalisation.

Selon le rapport publié hier, l'Agence d'évaluation d'impact du Canada (AEIC) écrit que ce projet nuirait aux efforts climatiques du Canada, à l'atteinte de la "carboneutralité" d'ici 2050. C'est un rejet des affirmations du promoteur selon lesquelles le projet serait bénéfique pour la lutte contre la crise climatique. Aucun scénario n'était crédible pour l'Agence. De plus, l'AEIC écarte l'argument que le gaz naturel serait un partenaire de la "transition énergétique".

Afin de respecter les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat de décembre 2015, les pays doivent "renoncer" à autoriser le développement de "nouveaux sites pétroliers et gaziers".

Laisser circuler 320 méthaniers sur le Saguenay chaque année aurait pu porter des risques majeurs pour des mammifères marins en péril, dont le béluga du Saint-Laurent. 

Toutefois, d'autres projets, comme le projet LNG Canada, sont toujours soutenus par le gouvernement fédéral. En Colombie-Britannique, le plus important projet du genre au Canada, est en cours de construction. Il est alimenté en gaz par le gazoduc Coastal Gaslink, encore controversé.

Dans l'est du pays, le projet Goldboro LNG est envisagé en Nouvelle-Écosse. Il faudra d'abord construire un nouveau gazoduc qui traverserait le territoire de plusieurs municipalités du sud du Québec. Les élus de Saint-Robert ont déjà annoncé qu'il n'appuyait pas la construction de ce gazoduc.

(Source: article d'Alexandre Shields dans Le Devoir d'aujourd'hui)


dimanche 6 février 2022

Le rire et sa fonction sociale, un outil puissant?

Le rire a une fonction sociale importante. Il est même essentiel au développement des enfants. Le rire est surtout une caractéristique universelle de l'humanité. Des "vocalisations ludiques" ont aussi été identifiées chez 65 espèces. Surtout des mammifères, mais aussi des oiseaux, ils indiquent par leurs vocalisations, l'innocence de leurs intentions, selon une synthèse publiée en 2021 par l'anthropologue Sasha Winkler et le cognitiviste Gregory Bryant, de l'université de Californie à Los Angeles.

L'être humain sait contrôler sa voix. Le rire humain devient ainsi un outil puissant et flexible. Le rire répond à trois objectifs principaux, selon la psychologue Adrienne Wood, de l'université de Virginie.

  • D'abord le rire sert à la gratification: quand nous rions ensemble, cela démontre que nous apprécions un comportement particulier et renforce l'interaction entre les personnes,qui seront donc bien plus enclines à agir de la même façon à l'avenri. Ce rire, plus fort et plus long, déclenche la sécrétion d'opiacés, qui provoquent probablement ce sentiment de gratification.
  • La deuxième fonction du rire est de manifester un lien, un rire d'affiliation. Il permet de calmer la tension et la gêne. Un petit rire poli, moins fort, plus bref et plus doux, permet de faire savoir à l'autre que ce n'était qu'une innocente taquinerie que ce propos potentiellement blessant.
  • Le troisième objectif est un signal de domination. " Il préserve une façade d'harmonie sociale", précise Adrienne Wood.
Le rire apparaît très tôt dans le vocabulaire émotionnel de l'enfant. Vers l'âge de 4 mois, bébé rit pour la première fois. Un rire de récompense, qui renforce les interactions aimantes. Un enfant de 6 mois émet un petit gloussement quand il commence à se lasser. A 8 mois, il fait le clown pour amuser l'autre. L' humour naît. Il acquiert la conscience de lui-même. Le cerveau de bébé se reconnaît alors comme un corps unique distinct des autres choses présentes dans le monde.

Le rire est moins contagieux chez les garçons qui risquent de développer des psychopathies. Les personnes souffrant de démence ont du mal à identifier les différents types de rire. La recherche sur le rire permettra peut-être de mieux comprendre le développement des maladies psychiatriques et neurologiques.

(Source: article de David Robson dans Le Courrier international,  no 1630, du 27 janvier au 2 février 2022)


samedi 5 février 2022

La population est, a été et sera toujours divisée

Pour gérer cette division, la démocratie a été inventée jadis. La division est inévitable et normale. Le régime démocratique est la façon la plus juste qu'on puisse trouver pour départager les intérêts, les opinions et les diverses croyances qui se confrontent et s'affrontent en toute société, écrivait ce matin le rédacteur en chef de la revue Argument et essayiste, Patrick Moreau.

L'absence de division, à l'inverse, sauf lors de circonstances exceptionnelles comme durant un temps de guerre, ajoute-t-il, et l'"union du peuple derrière le chef ou le Parti qui le représente et est censé incarner sa volonté constituent soit un fantasme qui relève de ce qu'il est convenu d'appeler le populisme, soit est l'apanage des régimes politiques totalitaires qui réalisent le plus souvent cette prétendue union au moyen de la propagande", mais aussi de la violence et de la peur induite.

Faire taire toute voix divergente ou éliminer leurs opposants, on connaît cela chez nous aussi, même à Saint-Robert. Même par des propagandes mensongères déformant les faits ou dans la publication de "fake news" inventant des présumés actes de dénonciation provenant d'opposants durant la campagne électorale municipale d'octobre 2017 lors d'une sanction judiciare reçue par le magistrat quelques années plus tard.

"Ces régimes autoritaires aiment illustrer cette unanimité dans des spectacles à grand déploiement où une population de fans et disciplinée crie ou chante à l'unisson et marche au pas". Rechercher des consensus traduisant souvent qu'une illusoire union, un déficit démocratique et se retrouver condamner à l'impuissance. La politique se "transforme alors en simple gestion de ce qui est, au lieu d'en faire comme il se doit, une instance de liberté où peut s'inventer l'avenir". "Seul ce qui est parfaitement indifférent ne provoque ni division ni controverse", peut-on lire plus loin. 

Le but de la démocratie est plutôt de parvenir à pacifier et à civiliser les conflits et les oppositions. Mais en politique, il faut aussi savoir faire preuve de courage et parfois trancher pour faire valoir des droits de la majorité. Des décisions difficiles, décisions dont le gouvernement sait qu'elles mécontenteront une partie de la population. Tout en étant inévitable, c'est aussi souhaitable, plaide l'essayiste. 

L'esprit démocratique a souvent été du côté de ce qui divise et fait débat. Les fausses unanimités, à propos des décisions prises par les gouvernants sans avoir fait l'objet de la moindre consultation de la population ni avoir fait l'objet de publicité, relèvent du déni démocratique, même si elles se veulent moralement bien intentionnées. On peut observer ce genre de comportements aussi chez nous.

Le populisme est néfaste, et probablement dangereux. L'élitisme de ceux qui imposent leur conception de la justice et de l'égalité à la majorité de la population l'est tout autant. Un réel consensus provient de questions qui divisent et dont on peut débattre. "Les pseudo-unanimités imposées ont rarement cette chance".

(Source: point de vue de Patrick Moreau dans Le Devoir d'aujourd'hui)

vendredi 4 février 2022

Le cancer emporte 22 000 Québécois chaque année

Pas moins de 56 000 Québécois reçoiven un diagnostic de cancer au Québec, chaque année. Depuis le début de la pandémie, 160 000 tests de dépistage du cancer colorectal et jusqu'à 154 000 mammographies n'ont pas été réalisés au Québec.  Même si le cancer tue trois fois plus que la pandémie de la COVID-19, des patients et des médecins s'impatientent. Ils annoncent donc la tenue d'états généraux sur le cancer pour "cibler les problèmes alarmants de notre système de santé en cancérologie". La Coalition priorité cancer juge qu'il faudra mettre de l'énergie supplémentaire pour améliorer le sort des malades cancéreux.

Les retards induits par la pandémie pourraient se traduire par une hausse de 8000 cancers au Québec d'ici 2025, selon une étude publiée en 2021 par l'Université McGill. La directrice générale de cette coalition, Eva Villalba, déplore qu'on fasse si peu ici. Aux États-Unis, Biden vient d'annoncer un plan national visant à réduire de moitié la mortalité par cancer. La France a  aussi annoncé en février 2021 injecter 1,7 milliard d'euros sur cinq ans pour faire reculer l'incidence et la mortalité aux sept types de cancers les plus mortels.

On devrait créer au Québec un Registre québécois du cancer. Les données les plus à jour du registre sur les tumeurs datent de près de 10 ans. On ne participe pas aux statistiques canadiennes. On n'a même pas de données pointues à jour au Québec sur les sites de cancer. C'était ainsi il y a 20 ans, c'est encore vrai aujourd'hui, dénonce le Dr Jean-Paul Bahary, radio-oncologue au CHUM.

Ces états généraux doivent présenter des solutions aux actuels problèmes, avec la contribution concertée des patients, des cliniciens et des chercheurs, poursuit Mme Villalba.

(Source: article d'Isabelle Paré dans Le Devoir d'aujourd'hui)

jeudi 3 février 2022

20 % des salariés risquent l'automatisation et devront se requalifier

Si les employeurs augmentent l'automatisation, la numérisation, la robotisation, et l'intelligence artificielle, de nombreux chômeurs technologiques devront s'adapter, se requalifier ou perfectionner leurs compétences.

Le Centre des compétences futures et le Conference Board du Canada ont analysé les "Cheminements professionnels" et publié leur rapport d'analyse pour évaluer les risques d'automatisation de 92 professions. Quelque 3,5 millions de personnes au Canada occupent des emplois vulnérables, à haut risque et à faible mobilité, et "il n'existe que peu ou pas d'options de réorientation vers des professions à plus faible risque sans un recyclage intensif".

Au Québec, 877 000 personnes exercent une profession vulnérable, soit 19,1 de nombre total d'employés. Les emplois verts à forte croissance sont  évalués au nombre de 24 pour 100 emplois vulnérables d'ici 2030. Une année de formation permettrait-elle à presque toutes les professions vulnérables de passer à l'économie propre ?

À mesure que les employeurs adopteront des technologies, le déficit de compétences continuera de se creuser. "Dans toutes les professions actuelles, le travail physique et manuel ainsi que les compétences cognitives élémentaires occupent environ la moitié du temps total de travail". Le magazine Forbes illustre, qu'avec l'automatisation des processus de production et les avancées technologiques, le monde du travail nécessitera des compétences sociales et émotionnelles plus approfondies en plus des compétences technologiques. Les compétences sociales et émotionnelles pourtant "représentent moins d'un tiers du temps de travail actuel" mais devraient augmenter de 20 % au cours des dix prochaines années.

Selon le rapport du Conference Board, "près de deux travailleurs sur cinq croient qu'ils n'ont pas les compétences nécessaires pour réussir dans une nouvelle profession". Qu'est-ce qu'on attend pour s'assurer de la persévérance scolaire chez les jeunes, d'une formation continue pour les employés  et d'une formation générale plus complète au lieu de continuer à former des travailleurs pour le monde du travail et ses besoins actuels, qui deviendront rapidement dépassés.

(Source: article de Gérard Bérubé dans Le Devoir  de ce matin)



mercredi 2 février 2022

Au compost

La majorité de nos rebuts domestiques est constituée de matières organiques. 57 % du poids de ce qui est généré dans nos maisons et, lorsqu'elles sont enfouies, leur décomposition produit d'importantes quantités de méthane. Le méthane est un gaz à effet de serre encore plus nuisible pour le climat que le dioxyde de carbone, plus connu.

Le méthane est 86 fois plus dommageable pour le climat que le CO2 sur un horizon de 20 ans. Il nous faudra donc prendre des mesures nécessaires pour réduire la quantité de méthane que l'on envoie dans l'atmosphère.

Composter nos déchets organiques chaque jour est un excellent moyen d'agir concrètement. En plus de réduire notre incidence négative sur le climat, cela permet de générer des amendements pour nourrir le sol et contribuer à la biodiversité.

Nos déchets de table, en se décomposant au contact de l'air, avec l'aide de nombreux micro-organismes, avec des feuilles mortes, et d'autres matières organiques, ils se transforment en un riche terreau brunâtre ressemblant à de l'humus. Ce matériau sera utilisé ensuite pour nourrir nos végétaux. 

Sinon, je les dépose dans le bac brun municipal avec les pelures d'agrumes, les restes de viande, les produits laitiers, les matières grasses, les papiers souillés. Ils pourraient être biométhanisés dans une forme de compostage en circuit fermé. Par fermentation, sans oxygène, un processus de dégradation biologique se réaliserait. Du fertilisant, soit, et du biogaz utilisable comme source d'énergie pour remplacer des combustibles fossiles comme le gaz naturel. Ce biogaz pourrait servir à chauffer les bâtiments, au transport et à produire de l'électricité.

Le gaz distribué au Québec actuellement est rempli de gaz de schiste, avec un fort impact environnement. Le biogaz par méthanisation des déchets organiques est une pratique courante dans plusieurs pays, notamment en France et en Allemagne. 

Une volonté politique est nécessaire au Québec car les solutions existent et les moyens sont à notre disposition.

(Source: La transition, c'est maintenant de Laure Waridel)

mardi 1 février 2022

L'éthique et la responsabilité des mégaporcheries

Le gouvernement Legault veut soutenir notre agriculture locale par son Plan pour une agriculture durable 2020-2030. Une agriculture soucieuse de l'environnement et des populations, qui contribuerait à la la sécurité et à la souveraineté alimentaire des Québécois.

Toutefois, malgré les importants impacts écologiques, sociaux et sanitaires, des nouveaux chantiers de mégaporcheries sont en expansion en Estrie, en Mauricie, au Témiscamingue et ailleurs au Québec.

Les citoyens qui ont quitté leur milieu urbain pour migrer vers les régions agricoles veulent vitaliser les villages d'ici. Ces citoyens néoruraux sont particulièrement éveillés aux questions environnementales. Ils espèrent une agriculture respectueuse de la santé globale, autant celle des sols, des animaux, des végétaux que de celle des humains.

La population rurale se diversifie de plus en plus

La culture est désormais tournée vers une agroécologie. Dès 2007, dans Porcheries!  on observait que les intérêts économiques des promoteurs agricoles minimisaient les réalités sociales et environnementales des territoires. Les lois leur garantissaient le droit de produire, un prétexte à ignorer les attentes communautaires.

Puis en 2014, l'industrie porcine se dote d'une Démarche de responsabilité sociale.  Sans prendre en compte la question de la cohabitation sociale, ni la nécessité de promouvoir une éthique du vivre-ensemble, lit-on dans l'article.

Tant en dénonçant le stratagème des projets de porcheries de 3996 ou 3999 porcs par bâtiment d'un parc d'élevage pour éviter des audiences publiques sur l'environnement, les promoteurs veulent rassurer que leur élevage en expansion ne sera pas érigé au détriment de la majorité des résidents du territoire.

Pourquoi nos fleurons agricoles partagent un sens des affaires aussi dénué d'éthique et se détournent de l'"agriculture durable" ?  Les gouvernements provinciaux et municipaux continuent, même à considérer que l'agriculture doit se développer selon un modèle d'affaires industriel, néanmoins déconnecté des réalités écologiques et sociales, pensent les auteures. 

L'industrie porcine discrédite les efforts des autres secteurs qui tentent un virage vers une agriculture socialement responsable et respectueuse de l'environnement. Nos élus devront témoigner d'un sens éthique supérieur à celui qui sous-tend les fumisteries actuelles à l'encontre du bien commun.

(Source: Denise Proulx, chercheuse et Lucie Sauvé, professeur émérite- Centre'ERE, UQAM dans la page Idées du Devoir   du 31 janvier)

 

dimanche 30 janvier 2022

On exporte 70 % de la production porcine

 Au cours des dix dernières années, à Saint-Denis-sur-Richelieu, on a produit 20 000 porcs de plus à coup de 3996 porcs ou moins à la fois. Les frères Pier-Luc et Maxime Archambault ont bien compris ce que veut dire "le droit de produire " en zone agricole.

Le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) a autorisé 26 projets de porcherie par année en moyenne entre 2011 et 2017,. En 2018, le MELCC en autorisé 44, puis 53 en 2019 et 67 en 2020.

En vertu d'un règlement du MELCC, un projet de porcherie qui compte 4000 têtes ou plus doit faire l'objet d'audiences publiques menées par le BAPE qui publiera ensuite un rapport. Il suffit alors de séparer le projet en porcheries de 3999 porcs, distanciées de 150 mètres et voilà, tout va pour la croissance.

Évitant donc la tenue de véritables consultations publiques et une évaluation de l'acceptabilité sociale du projet, après que le MELCC a donné son autorisation, une "consultation" a lieu et elle est plutôt vue comme une simple séance d'information. Ce genre de "consultation" que nous avons aussi vécue à Saint-Robert, il y a quelques années, quand les porcheries de monsieur Cartier d'Yamaska ont pris de l'expansion. Un exercice bidon, mais le règlement est ainsi fait.

Ainsi l'industrie porcine peut faire indirectement ce qu'elle ne peut faire directement, avec ce règlement du MELCC. Si on abat 7,1 millions de porcs par an, ce n'est pas pour des impératifs d'autonomie alimentaire, mais pour des motfis économiques. Cette industrie, pour être compétitive sur le plan international, elle utilise l'alimentation des bêtes avec du maïs génétiquement modifié (OGM) issu du la culture intensive. Une agriculture durable et ses nobles principes prennent le bord, écrit Robert Dutrisac dans son éditorial d'hier.

Le Centre québécois du droit de l'environnement déplore une lacune: la Loi sur la qualité de l'environnement  n'oblige pas à ce qu'on prenne en compte les impacts cumulatifs des déjections d'une porcherie qui s'ajoute aux autres. La fuite réelle de phosphore dans les cours d'eau n'est pas surveillée.

En plus, cette expansion de l'industrie porcine entraîne des problèmes de cohabitation avec les citoyens, qui sont de plus en plus nombreux à sortir de la ville pour s'installer à la campagne.

L'éditorialiste croit que le gouvernement Legault devrait agir au lieu d'accepter que l'industrie utilise un stratagème pour contourner l'esprit de la loi. Il devrait faire cesser la détérioration des terres et des plans d'eau.

En Europe, on a aussi compris qu'il fallait diminuer la production porcine pour protéger les terres et les cours d'eau.

(Source: Le Devoir  dans son édition de ce week-end.)

samedi 29 janvier 2022

L'avenir de l'homme est une femme

Aragon l'écrivait déjà. Le voeu de Françoise Giroud serait exaucé: la campagne présidentielle française présente plusieurs candidates, et aux premières places, près de 40 % des intentions de votes. Pour Françoise, " la femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente".

En Occident, le raz-de-marée s'accentue: les femmes sont les meilleures à l'école, elles sont majoritaires dans certains secteurs, elles sont maîtresses de leur corps. La révolution en cours est aussi récente que spectaculaire.

L'anthropologue de la famille et historien Emmanuel Todd a disséqué leur situation actuelle et les nouvelles contradictions en découlant, en passant au crible les racines de l'ascension des femmes. Dans Où sont-elles ? Une esquisse de l'histoire des femmes (Seuil), il parle de l'émancipation des femmes pour elles-mêmes et de leur apport pour l'ensemble de la société, de l'essor du secteur tertiaire, de la diminution de l'industrie, de la baisse de l'homophobie et de la hausse de l'individualisme.

Pour lui, une femme est tout être humain capable de porter un enfant, sauf accident de stérilité. Le modèle libéral a des systèmes familiaux nucléaires, le même système familial que les chasseurs-cueilleurs. Dans ces cultures individualistes, le statut des femmes est relativement élevé: L'émergence de l'agriculture a abaissé le statut des femmes. Le dépassement éducatif des hommes par les femmes est ancien: Dans les couples de classe moyenne, la femme est souvent davantage diplômée que l'homme, c'est l'hypogamie, par opposition à l'hypergamie. 

Le moteur de l'émancipation féminine est le développement de l'éducation, il porte la double potentialité d'une tertiarisation de l'économie et de l'avancée féminine. Pour Todd, dans une société moderne, les individus ne savent plus quoi attendre de la vie. Des déceptions surgissent. Les hommes sont toujours soumis à la même logique: travailler ou mourir de pauvreté. Il y a une opposition entre une classe moyenne très éduquée à domination féminine et une classe supérieure occupant les postes de pouvoir à domination masculine. 

Le féminisme antogoniste lui apparaît catastrophique pour les femmes 'es milieux populaires. Il empoisonne, selon Todd, les rapports entre hommes et femmes dans les milieux où l'on a le plus besoin de la solidarité du couple. L'idéologie du genre, qui fait plaisir aux petites-bourgeoises, a une responsabilité dans l'augmentation des familles monoparentales, de plus en plus présentes dans les milieux populaires et de moins en moins dans les catégories moyennes et supérieures. 

Dans l'évolution des sociétés occidentales, deux éléments li semblent centraux: l'émancipation de la femme et la montée du néolibéralisme et de l'individualisme économique. Dans la société chasseur-cueilleur, la chasse est masculine, la cueillette est féminine. Les produits de la chasse étaient répartis dans le groupe, ceux de la cueillette restent dans l'unité conjugale. Pour Todd, l'observation d'une hypertrophie du tertiaire, le déclin de l'industrie, le fait de ne pas prendre au sérieux des métiers considérés comme masculins entraînera un coût. Pour lui, nous le paierons un jour en matière de niveau de vie.

(Source: Le Point, numéro 2580 du 20 janvier)



vendredi 28 janvier 2022

L'idéologie néolibérale, selon Émilie Nicolas

Hier, Émilie nous a proposé une explication simplifiée du néolibéralisme, à la portée de tous.

  • Croire qu'une société bonne est une société libre. Que cette liberté passe par des institutions qui laissent le secteur privé sans réglementation, et les individus libres de leurs choix. 
  • Ne pas trop encadrer les compagnies dont leurs produits rendent malades: des calories vides à bas prix, dans un air et des cours d'eau à polluer, en exploitant des employés au statut précaire.
  • Presque tabou que les professionnelles de la santé demandent des choix plus responsables, de diminuer la malbouffe et les déserts alimentaires, de réformer le Code du travail, d'augmenter les espaces verts, de favoriser des lois, des politiques, des réglementations, des réformes institutionnelles pour améliorer la santé d'une collectivité. Au lieu d'enseigner séparément aux individus de choisir aliments et loisirs qui pourraient optimiser l'espérance de vie.
  • L'individu est un agent rationnel, responsable de ses choix. Les moins bons choix sont faits par des individus moins rationnels, moins responsables. Les inégalités sociales dans le domaine de la santé sont légitimes: les personnes les plus amochées n'ont qu'à faire de meilleurs choix.
  • Les meilleurs choix sont surtout accessibles aux mieux nantis. Chacun n'avait qu'à faire les bons choix de vie pour arriver à un haut niveau d'aisance matérielle. Ainsi chacun pourra choisir de manger bio, d'aller en nature les fins de semaine et de se renseigner sur les bons aliments pour éloigner les maladies. Donc des gagnants et des perdants.
  • Il y a des chances que ton soignant te juge intérieurement d'avoir choisi des choix de perdants qui t'ont rendu malade.
  • La santé publique gouvernementale sensibilise les individus de faire des choix gagnants. Mais pas de réglementer la qualité de l'air plus sévèrement dans les classes et les usines, ni de rendre l'environnement public et privé plus propice à la santé.
  • Lors d'une crise sanitaire, croire toujours à la liberté individuelle. Le gouvernement protègera le choix des individus, et surtout le choix de la liberté des entreprises.
  • Des personnes se questionneront si les institutions suivent trop le capital pour pouvoir agir dans l'intérêt public.
  • Ceux qui rejettent une mesure sanitaire n'agissent  non pas par dégoût de la solidarité sociale, mais parce qu'ils préfèrent se fier à leur propre jutement et se démerder seuls.
  • Au lieu de tenter de convaincre les individus, un par un, de faire des choix plus centristes, il faudrait prescrire des changements institutionnels profonds.
  • D'abord en examinant ce néolibéralisme et ses conséquences.
(Source: article du 27 janvier dans Le Devoir)

mercredi 26 janvier 2022

Impossible d'atteindre l'objectif de 525 kg/hab de déchets en 2025

On enfouit encore plus de déchets au Québec, depuis 2015, selon le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), malgré les promesses gouvernementales et toute la publicité plein écran ou pleine page qu'on peut voir et lire dans les médias de masse.

Afin d'améliorer le bilan, il faudra '"réduire à la source". Hier, le rapport de 696 pages du BAPE, "L'état des lieux et la gestion des résidus ultimes", a publié que le Québec "a régressé pour chacun des objectifs inscrits au Plan d'action 2011-2015 de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles (PQGMR). 

Seulement le taux de recyclage de la matière organique a mieux fait. Son taux a augmenté d'à peine 2 % entre 2015-2018, atteignant 27 %. Mais l'objectif était de 60 % pour 2015. On est loin de l'atteinte de cette cible.

En 2019, nos ordures étaient 38 % supérieures à l'objectif établi dans la Plan d'action du gouvernement pour 2023. L'équivalent de 724 kg par habitant a été envoyé dans des sites d'enfouissement en 2019. L'objectif du gouvernement, pour 2025, de produire 525 kg/habitant de déchets sera "impossible" à atteindre, selon cet important rapport.

Même le ministère de l'Environnement évalue que "cet objectif ne serait toujours pas atteint en 2041" selon un scénario qualifié comme réaliste. Avant 2030, 9 des 38 dépotoirs québécois seront pleins, et 13 autres le deviendraient avant 2041. 

Les commissaires du BAPE suggèrent "l'interdiction de la mise en marché de certains produits non recyclables à usage unique ou de courte vie", "l'amélioration de l'accompagnement des consommateurs par un affichage et un étiquetage clairs quant aux impacts environnementaux" et "l'encadrement de la sollicitation publicitaire". 

Le bilan de 2018 de Recyc-Québec nous informait que 52 % des matières recyclables des résidences ont été recyclées. Les Québécois ont tout de même envoyé pas moins de 1,2 millions de tonnes de matières recyclables au dépotoir en 2019-2020.  Nous ne sommes pas très bien discipliné, me semble-t-il. Peut-être pourrait-on améliorer notre performance à ce sujet ?

S'informer, parfois permet de modifier quelques-uns de nos comportements destructeurs pour notre terre.

(Source: article d'Alexandre Shields d'aujourd'hui dans Le Devoir.)

mardi 25 janvier 2022

L'éducation subit des pertes quasi "irréversibles"

La fermeture des écoles a laissé "des pertes d'apprentissage" chez près de 70 % des enfants de 10 ans, une incapacité de lire ou de comprendre un texte simple , alors que, avant la pandémie, il y avait ces difficultés pour 53 % des enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Les pays riches ont aussi subi ces dommages. Aux États-Unis à titre d'exemple, des pertes d'apprentissage ont aussi été constatées dans plusieurs de leurs États. Ces informations proviennent de l'agence de l'Organisation des nations unies (ONU).

"En Afrique du Sud,  quelque 400 000 à 500 000 élèves auraient abandonné l'école entre mars 2020 et juilllet 2021". De plus, ces perturbations ont affecté la santé mentale des jeunes, augmenté le risque de maltraitance et empêché plusieurs enfants d'avoir accès à "une source régulière de nutrition".  Et on connaît l'adage, qu'un enfant au ventre vide, apprend moins bien.

Et au Québec, qui mesurera les pertes d'apprentissage chez nos enfants en âge d'apprendre à lire ? Et la lecture est le meilleur outil pour persévérer dans le monde des apprentissages. Même en mathématiques, savoir bien lire les consignes exposant le problème facilite la recherche des meilleures solutions.

(Source: article de l'Agence France-Presse, publié ce matin dans Le Devoir.)

dimanche 23 janvier 2022

Prestations de confinement: un demi-milliard par semaine

Le gouvernement fédéral a dévoilé le 19 janvier dernier les coûts prévus de sa Prestation canadienne pour les travailleurs en cas de confinement (PCTCC). Un programme semblable à l'ex-PCU (prestation canadienne d'urgence), mais moins généreux et accessible seulement lorsqu'une autorité a décrété un confinement. Cette PCTCC offre 300 $ par semaine aux employés et aux travailleurs autonomes qui perdent leur revenu à cause de la fermeture ou de la réduction de la capacité de leur lieu de travail. La demande pour cette prestation peut être faite rétroactivement au 19 décembre 2021.

Selon l'estimation d'Ottawa, les mesures sanitaires du Québec coûtent au moins un demi-milliard de dollars par semaine en PCTCC. Le Québec est considéré suffisamment "en confinement" pour que les travailleurs y aient droit.

Pour le Québec, le prix plancher des prestations est estimé à 1,1 milliard de dollars pour deux semaines. Comme nous sommes à la cinquième semaine de prestations, la somme destinée aux Québécois s'élèverait à au moins 2,75 milliards jusqu'ici.

Dans la définition d'un confinement,  les critères d'admissibilité à la PCTCC incluront  les ordres de réduction de la capacité des lieux publics d'au moins 50 %, jusqu'à la mi-février.

Selon la dernière mise à jour économique du gouvernement fédéral, il est prévu que 20,4 milliards de dollars serviront à soutenir le revenu lié à la COVID-19 destiné aux travailleurs pour 2021-2022.

Sous la forme de la PCU, 74 milliards de dollars ont été versés. La Prestation canadienne de la relance économique (PCRE) a distribué 28,4 milliards avant sa dissolution en octobre 2021.

(Source: article de Boris Proulx, correspondant parlementaire à Ottawa, du Devoir, le 20 janvier 2022)

samedi 22 janvier 2022

La croissance démographique descendra en dessous de 1 % en 2023

La croissance démographique était soutenue par les forces du développement économique et de l'émancipation des femmes, conjuguées. Elle consumait les ressources naturelles et dévastait l'environnement depuis deux cents ans. Maintenant les décideurs politiques et scientifiques découvrent une nouvelle réalité: le monde décline.

L'ère amorcée depuis la révolution industrielle prend fin. La population mondiale a atteint 7,8 milliards alors qu'elle n'était que d'un milliard en 1800. À la fin des années 1960, la croissance était de 2,9 %, mais sera de 1 % en 2023, selon une étude de l'université de l'État de Washington publiée en 2021.

En 2017, la tranche des 15-64 ans, les personnes en âge de travailler, a connu un taux de croissance sous 1 %. En 2050, 151 pays des 195 pays de la planète seront en décroissance démographique.  Après 2064, avec l'atteinte d'un pic de la population mondiale à 9,7 milliards, l'étude parle d'un fléchissement.

Ce serait la première fois de son histoire, que l'humanité entamera un déclin prolongé. La population d'un pays commence à décliner quand la fécondité tombe en dessous du taux de remplacement de 2,1, avec, à la clé, des pénuries de main-d'oeuvre, une crise des fonds de retraite et la fin des vieux modèles économiques.

En 2100, l'étude prévoit que 23 pays, dont le Japon, verront fondre leur population de moitié par rapport à leur niveau actuel. La natalité recule plus rapidement que prévu dans les pays en développement. Cette décroissance pourrait  permettre de remédier à certains problèmes chroniques écologiques ou sociaux. Toutefois, iI faudra trouver un nouveau mode de prospérité.

L'évolution des taux de fécondité est expliquée en bonne partie par le nombre croissant de femmes diplômées. Le taux de fécondité reste faible dans tous les pays où les femmes font des études supérieures.

En Europe, dès 2022, la population commencerait à décliner. Des failles sont en train d'apparaître dans ce système basé sur une croissance et une inflation fortes. Le Fonds monétaire international (FMI) note qu'une baisse de la population peut affecter l'efficacité des politiques monétaires. La transition numérique et la montée en compétences des travailleurs pourront néanmoins améliorer la productivité. En outre l'innovation permettrait de répondre au défi d'une population vieillissante.

Sans l'immigration, plusieurs économies développées ne pourront plus satisfaire leurs besoins en main-d'oeuvre. Les plus de 65 ans forment 21 % de la population, le PIB par habitant dépasse les 44000 $, les entreprises ne peuvent plus financer le système de sécurité sociale, l'État deviendra la seule option.

Quand la population devient un élément central de la politique environnementale, le "racisme et la xénophobie attendent toujours dans les coulisses".

(Source: un dossier de Kazuo Yansae, Yohei Matsuo, Eugene Lang et Eri Sugiura dans Le Courrier internationale no 1628  du 13 au 19 janvier 2022)

vendredi 21 janvier 2022

Concessions sur leur dignité

La relative indifférence avec laquelle on interprète la gourmandise des ultrariches indique bel et bien que la "nouvelle normalité" forgée par la pandémie devient celle où un nombre grandissant de gens sont contraints de faire toujours un peu plus de concessions sur leur dignité, écrivait Aurélie Lanctôt, ce matin, dans Le Devoir.

Plus le déséquilibre entre ceux qui possèdent et ceux qui meurent lentement de toutes les privations devient grotesque, spectaculaire, plus les chiffres versent du côté de l'abstration, pense-t-elle. Les conséquences du capitalisme pandémique se font sentir aussi chez nous. Le spectacle de la détresse ordinaire ne suscite pas tant l'indignation que le fait qu'un dirigeant moyen parmi les 100 mieux payés au pays aura gagné en quatre jours le salaire annuel du Canadien moyen, a expliqué David Macdonald, économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives, publié par la Presse Canadienne du 5 janvier.

En 2020, alors que plusieurs Canadiens voyaient leurs heures coupées ou perdaient leur emploi lors de confinements répétés et de fermetures forcées, les 100 patrons les mieux payés des sociétés cotées en Bourse ont gagné en moyenne 10,9 millions de dollars. Une baisse par rapport au record de 11,8 millions en 2018, mais une augmentation de 95 000 $ par rapport à 2019. 

Alors que la plupart des entreprises qu'ils dirigent a subi des dommages dus à la pandémie, les grands patrons ont reçu le deuxième salaire en importance jamais enregistré "tout un exploit", selon l'économiste Macdonald. Les mauvais rendements observés pendant la pandémie n'ont pas affecté la rémunération des patrons. Généralement les chefs de la direction justifient leurs primes par leur travail exceptionnel. "Je pense que cela illustre vraiment la faillite de l'idée voulant que la rémunération s'appuie en quelque sorte sur le mérite, affirme-t-il.

En moyenne, en 2020, les mieux payés gagnaient 191 fois plus que le travailleur moyen." De l'indécence ordinaire". Il faudrait utiliser davantage la fiscalité et renforcer les mécanismes de redistribution, tant à l'intérieur des sociétés du Nord que pour pallier les inégalités à l'échelle mondiale, propose madame Lanctôt ce matin. Agir dès maintenant car l'élastique des inégalités est déjà étiré au maximum, et la crise climatique fait craindre le pire, ajoute-t-elle.

Il faut cesser de détourner le regard.




mercredi 19 janvier 2022

Les salaires municipaux à Saint-Robert augmentent de 5,3 %, l'IPC de 2021 croît de 3,4 %

 Alors que l'indice du prix à la consommation pour l'année terminée le 31 décembre 2021 est de 3,4 %, les salaires municipaux à Saint-Robert ont augmenté plutôt de 5,3 %, tel qu'annoncé lors de la séance publique du 6 décembre 2021 à laquelle j'ai assisté. 

À Saint-Robert, les élus se sont basés, pour prendre cette décision, sur l'indice des prix à la consommation du mois d'octobre 2021, soit le mois où l'indice québécois des prix à la consommation a été le plus élevé durant l'année 2021. L'indice était plus élevé au Québec qu'au Canada pour ce mois-là.

Radio-Canada vient d'annoncer que ce bond est le plus important depuis 30 ans au Canada. Cette croissance est surtout due au prix de l'essence, puisque sans elle, l'augmentation aurait été plutôt de 4 %.

Sans surprise, cette poussée de l'inflation provient de la pandémie, selon Satistique Canada. Chacun a pu présumer que l'augmentation du prix des biens et services est une conséquence de la pandémie qui nous accable depuis 22 mois.

L'agence fédérale souligne que "les pressions inflationnistes ont découlé d'une combinaison de contraintes généralisées relatives à la chaîne d'approvisionnement mondiale et de la demande refoulée des consommateurs à mesure que l'économie reprenait".

"Les Canadiens ont pu sortir, magasiner, aller au restaurant et voyager davantage qu'en 2020, à mesure que les vaccins étaient rendus accessibles", explique l'agence fédérale. 

En 2021, les aliments ont coûté 2,5 % plus chers qu'en 2020. Le logement et le transport a aussi augmenté de 3,9 % et de 7,2 % respectivement. La croissance des prix de l'essence a été la plus rapide depuis 1981, soit 36,1 %, selon une base annuelle moyenne de l'année.

Au Québec, les prix à la consommation ont augmenté de 3,8 % en 2021. L'inflation y a été plus élevée que dans les provinces de l'ouest, mais moins élevée que dans les provinces maritimes.

Aux États-Unis, l'inflation a atteint 7 % en 2021. Le plus haut pourcentage de croissance depuis près de 40 ans.

Mais pourquoi à Saint-Robert, l'indice de l'augmentation des salaires municipaux est si élevé ? Probablement, que le train de vie de nos élus est plus élevé qu'ailleurs dans le pays. Ce motif est-il suffisant ?

On se rappelle de l'augmentation de 6 % sur 3 ans négociée pour 60 000 employés du secteur public provincial.

(Source: radio-canada, ce matin)







La croissance des prix à la consommation a épargné peu de pays à travers le monde en 2021. Aux États-Unis, plus grand partenaire commercial du Canada, l'inflation a atteint 7 % l'an dernier, du jamais-vu depuis près de 40 ans.

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mardi 18 janvier 2022

Le progrès et le bien-être mieux mesuré au Québec

Afin de dépasser le seul produit intérieur brut (PIB) pour mesurer le progrès et le bien-être, le collectif G15+ composé du Conseil du patronat du Québec, Équiterre, Fondaction, le Chantier de l'économie sociale, l'Institut du Québec et la Fondation du Grand Montréal, en plus d'une vingtaine d'organisations issues de la société civile veulent concevoir un "tableau de bord". Afin de brosser un portrait plus complet de notre réalité québécoise en matière économique, environnementale et sociale, 51 indicateurs seront analysés.

Trois grands thèmes ont été retenus. Pour l'économie, le PIB par habitant, la productivité et la qualité des emplois; pous le côté social, les inégalités de revenus, le logement et le poids de la culture dans l'économie; sur le plan environnemental, les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'eau potable, le nombre d'espèces menacées et le nombre de véhicules en circulation.

Les données viennent de sources crédibles comme l'Institut de la statistique du Québec, par exemple. Produites régulièrement, elles permettent d'en observer l'évolution dans le temps. Elles permettent les comparaisons car elles sont aussi mesurées et répandues dans d'autres sociétés. Elles seront comparées à celles de l'Ontario et à la moyenne canadienne, en autres.

Dans leur première version, les données proviennent des 5 années précédant la pandémie. Le Québec a progressé en matière de revenu par habitant, de productivité, de création de nouvelles entreprises. Toutefois la diplomation stagne. L'investissement en recherche et développement diminue.

Les écarts de richesse et la pauvreté ont diminué. L'accès au logement et à la santé mentale s'est dégradé. La présidente-directrice générale de Fondaction, Geneviève Morin,  est déçue que les outils nécessaires pour mesurer notre degré d'avancement en adaptation aux changements climatiques soient manquants. Un appel est lancé aux gouvernements pour que les données soient produites par leurs agences de statistiques.

La société sera transformée, ainsi que son économie, à la sortie de la pandémie.  On peut faire croître le PIB en augmentant la production de pétrole ou en augmentant la production d'énergie renouvelable. Comment mener à bien cette transformation économique, si notre éventail de données observées et analysées ne nous permet pas d'agir ensuite sur plus d'un facteur?

(Source: article d'Éric Desrosiers dans Le Devoir  d'aujourd'hui.)


lundi 17 janvier 2022

L'appauvrissement du monde depuis mars 2020

Les femmes portent sur elles le plus gros fardeau des problèmes sociaux en ce moment" explique Catherine Caron, analyste des politiques pour Oxfam-Québec, selon le dernier rapport d'Oxfam qui démontre que les inégalités n'ont jamais été aussi criantes. L'espérance de vie en 2020 a diminuée relativement à celle de 2019. Les hommes ont baissé leur espérance de vie de 5 mois à 80,6 ans et les femmes ont diminué la leur de 8 mois, à 84 ans.4

Ce sont les femmes qui "absorbent le plus grand choc". L'horizon temporel où l'égalité entre les hommes et les femmes devrait être atteinte passe ainsi de 99,5 à 135,6 ans. Oxfam dévoile un bilan où pas moins de 163 millions de personnes supplémentaires vivent avec moins de 5,50 $ depuis le début de la pandémie.

Le document d'information devient "choquant" quand on y lit le profit que les plus riches ont pu dégager durant la pandémie. La fortune des dix hommes les plus riches au monde a doublé depuis mars 2020. Au Canada, la richesse des milliardaires a augmenté de 57 % depuis deux ans, selon madame Caron.

Oxfam recommande un plus gros taux d'imposition envers les plus nantis. "Près de 8 Canadiens sur 10 sont en faveur de la taxation de la richesse pour lutter contre les inégalités et financer la relance post-pandémie" selon un sondage de novembre 2020.

Le Fonds monétaire international (FMI), l'OCDE et les 200 millénariaux fortunés regroupés dans l'association Ressources en mouvement le disent aussi. "On n'a jamais eu un appui populaire et politique aussi grand", reconnaît Catherine Caron. La taxe sur les produits de luxe du dernier budget fédéral Freeland "est un très bon premier pas. Mais on peut taxer bien plus que des yachts et des jets", admet l'analyste d'Oxfam-Québec.

Les prêts COVID-19 accordés par le FMI pour aider à amortir la crise " pousseront 73 pays vers l'austérité" quand la pandémie sera terminée. Les inégalités croissantes laissent prévoir une colère qui gronde. "Le nombre de mouvements de protestation a triplé en 15 ans à l'échelle mondiale. Dans toutes les régions, ces chiffres sont en augmentation", selon Oxfam.

(Source: article de Jean-Louis Bordeleau, dans Le Devoir, de ce matin).

dimanche 16 janvier 2022

La fin de la vie, c'est encore la vie

L'avocat français Erwan Le Morhedec ne pense pas comme la majorité concernant le droit à l'euthanasie et au suicide assisté. Ce blogueur, alias Koz, déconstruit les concepts de dignité et de liberté  et soutient qu'une telle légalisation "parachève la fracturation de la société en autant de destins individuels solitaires et concurrents".

Surtout les plus pauvres, les plus fragiles, les plus isolés ainsi que leurs proches, les soignants et la société toute entière devraient plutôt avoir le droit à des soins palliatifs, cette merveille de la médecine. Les soins palliatifs apportent alors une alternative humaine et véritable.

Pour lui, nous sommes passés d'une société du devoir à une société de l'autodétermination, où la faiblesse est méprisée et  l'individu est isolé, la société ne prenant plus en charge ses aînés. Vouloir maîtriser la mort est illusoire, selon cet avocat. Mais c'est cohérent avec les valeurs prônées par une société qui ambitionne de juguler tous les risques. 

"Tu ne tueras point" n'est pas seulement constitutif des sociétés judéo-chrétiennes, c'est un interdit civilisationnel majeur. Passer du "tu ne tueras point" à "tu tueras de temps en temps, sous certaines conditions" est un basculement. Michel Houellebecq, dans son dernier roman anéantir a raison de parler de rupture anthropologique, précise-t-il.

Quand on demande ce que les personnes souhaitent pour leur mort, ils répondent qu'ils ne veulent pas souffrir. Or la sédation profonde et continue maintenue jusqu'au décès répond à cette demande. Quand les patients ont accès aux soins palliatifs, la quasi-totalité des demandes d'euthanasie disparaît, écrit-il.

Les derniers jours de sa vie, il y a encore des choses à aimer, à dire, à vivre, à mettre en ordre. Des personnes à revoir, des pardons à advenir, des secrets à dévoiler, des dénouements à obtenir, un  regard de l'ordre de la transmission. 

Les dérives sont inéluctables, une logique dévorante. Euthanasier une personne dépressive, qui vit des troubles bipolaires ou de schizophrénie, élargir le champ d'application de la légalisation est inimaginable pour lui. 

Celui qui a les moyens a toujours la possibilité d'avoir des soignants en nombre pour lui accorder de l'attention.  Au Canada, des calculs sérieux ont été réalisés sur le coût de la fin de vie. Le seul fait de se demander quelle somme un mois de vie en moins permettrait d'économiser influence l'approche.

Pour cet avocat, la médecine des petits riens est une lumière, un des derniers témoignages de sollicitude et de fraternité que notre société propose, l'un des rares lieux que l'urgence et l'obsession budgétaire épargnent à peu près. Il faut savoir trouver des soignants qui ont le temps de nous laisser mourir en paix. Il faut éviter de voir les personnes en fin de vie comme des patients encombrants dans des services débordés.

A la fin de sa vie, ma mère a eu accès à des soins palliatifs. Elle ne voulait pas entendre parler de l'aide à mourir. Pourtant un médecin qui l'a vue la trouvait encombrante et souhaitait qu'elle parte plus vite. Mais accompagnée, avec les soins appropriés, elle voulait vivre sa vie jusqu'au bout. Pour elle, sa " fin de vie c'était encore la vie".

(Source: article de Nicolas Bastuck, dans Le Point, no 2578, du 6 janvier 2022)


vendredi 14 janvier 2022

Comment démanteler les services publics

D'abord miner la confiance des citoyens à l'égard d'un système de santé public universel. En 1976, il y avait environ 7 lits d'hôpital par mille habitants au Canada. En 2019, il n'en restait que 2,5. Lentement, il devient normal que les urgences débordent et que les ressources humaines sont insuffisantes.

Deuxièmement, quand il est temps d'équilibrer les finances publiques, presser le citron des métiers féminins: les infirmières, les enseignantes, les travailleuses sociales, les éducatrices de service de garde, les employées du secteur communautaire. Dévaloriser ces métiers, couper dans le filet social, diminuer les budgets dans la prévention de la santé publique.

Troisièmement, les services publics devenus fragiles, à l'arrivée d'une crise, le gouvernement insistera sur la responsabilité individuelle des citoyens pour ne pas engorger le système de santé et protéger les personnes les moins loties. Ainsi sera détournée l'attention des manquements gouvernementaux. Alors ce sera une minorité de personnes malfaisantes qui fera écrouler les institutions. Afin de demeurer un dirigeant populaire, les responsables des institutions ne seront pas mis en cause.

Quatrièmement, dévaloriser les sciences sociales permettra de mettre en place des mesures liberticides et d'ensuite être surpris des externalités négatives sur les enfants, les femmes et les plus vulnérables.

Cinquièmement, déprimer les personnes physiques et épargner les personnes morales. Il deviendra adéquat de fermer les écoles, mais il ne sera pas bien vu de fermer les entrepôts des sociétés internationales qui sont disposées à livrer rapidement toute commande passée virtuellement. L'être humain devient réduit à travailler, consommer et dormir. Les politiques populistes seront mieux acceptées par une population découragée et en colère. Les boucs émissaires seront ciblés et les véritables lieux de pouvoir demeureront inoffensifs.

Sixièmement, le gouvernement proposera une contribution santé pour les non-vaccinés, basée sur des renseignements contenus dans leur dossier médical, confidentiel normalement. On ne se questionnera plus sur la diminution des lits d'hôpitaux depuis 1976. On réfléchira plutôt sur la force de punition à exercer sur les marginaux.

Septièmement, laisser le mouvement populaire demander plus de mesures punitives à l'endroit du groupe démonisé, sans lien direct avec la nécessité de sauver des vies et de réduire le nombre de malades. Quand arrivera une autre crise, les dirigeants pourront s'attaquer au principe d'universalité du système public. L'objectif de détruire le filet social sera ainsi bientôt atteint. La responsabilité des maux sociaux et politiques reposera encore sur des quidams. 

Si l'énergie critique populaire cessait de se diriger vers les marges, si elle se concentrait plutôt sur ce qui se passe en haut des échelons sociaux et politiques. Le plan pourrait heureusement ainsi ne pas se réaliser. Quelle tristesse!...

(Source: article de Emilie Nicolas, Démantèlement public 101 dans Le Devoir du 13 janvier)


jeudi 13 janvier 2022

Pleins écrans: festival d'accès gratuit

Chaque jour, depuis hier, c'est la 6e édition de Pleins écrans, un festival de courts métrages québécois, gratuit sur leur site web. Trois films par jour, il faut en profiter. À pleinsecrans.com.

Aujourd'hui j'ai pu regarder Danger en face, Comme une comète et I created memories. Dans le premier, on reconnaît Guillaume Lambert, sorelois d'origine. Dans le second, on reconnaît la comédienne qui jouait la fille qui aimait trop son amoureux criminel dans Toute la vie dans une relation familiale ambiguë. Dans le troisième, sous-titré en anglais mais joué en français, j'ai retenu quelques phrases que le grand-père originaire du Sénégal partage avec sa petite-fille, Rose, jeune adolescente.

"Une fois que tu as pris l'avion, tu te rends compte que le soleil brille toujours au-dessus des nuages", explique-t-il à Rose, au moment où elle est déçue du temps nuageux.

Et "Deux personnes qui s'aiment, même après la mort, ça ne finit pas", quand il explique à Rose la peine qui perdure après le décès de la grand-mère, dans le coeur du grand-père.

J'invite chacun(e) à visionner ces courts métrages qui seront différents chaque jour pendant encore quelques jours.

mardi 11 janvier 2022

"Pour devenir centenaire, il faut commencer jeune"

Le doyen de l'Académie française toutes époques confondues a soufflé ses 100 bougies depuis plus de trois ans. René de Obaldia aime ce proverbe russe, expression d'une sagesse qu'il interroge. Pour lui, le mystère demeure encore entier. "Il faut être attentif aux autres, comprendre que l'autre est soi, l'autre, extraordinairement divers, par bonheur". Il décrit aussi sa fin, sans angoisse: "je l'attends, elle va venir". Puis il cite son ami Cocteau: "La mort, pourvu que j'arrive jusque là... La mort, j'y suis habitué. Comment cela ? J'ai été mort si longtemps avant ma naissance".

Edgar Morin, un autre centenaire, dit dans son dernier ouvrage, Attends-toi à l'inattendu, "Soyez bienveillants et compréhensifs". 

En 2021, ils étaient 26 512 centenaires français. En 1900, ils n'étaient que 100; en 1980, 1 545; en 2008, 14 500. Dans trente ans, leur chiffre aura quadruplé. Une seule étude globale datant de 1990, a été menée par Jean-Marie Rabine et Michel Allard. "À l'époque, ils n'étaient que 3 000, et nous en avions suivi 1 000 dont Jeanne Calment. Une autre étude avait souligné l'importance des traits génétiques de familles longévives".

Selon Françoise Forette, fondatrice du Centre international de la longévité, "des études japonaises ont montré que les centenaires échappaient le plus souvent au sentiment d'êtres inutiles". Les Chinois ont démontré qu'un engagement, que la poursuite prolongée d'un objectif maintenait en vie. Selon une étude néerlandaire, les optimistes ont 40 % de moins de risques de contracter des maladies cardio-vasculaires. Michel Allard parle de la faculté de l'homme à vouloir entreprendre. "Les centenaires aiment la vie. Si vous aimez la vie, elle vous aimera."

(Source: article de François-Guillaume Lorrain, avec Nicolas Bastuck, Marion Cocquet et Jérôme Cordelier, dans Le Point , hebdomadaire d'information, no 2577.

lundi 10 janvier 2022

L'ancien couvent de Saint-Ours, une page culturelle du Devoir

Le journaliste Étienne Paré a rencontré le vétérinaire en semi-retraite, Marc Vaillancourt, 77 ans, propriétaire actuel de l'ancien couvent de Saint-Ours, construit en 1897. Quatre étages, une vingtaine de chambres, le mobilier d'antan et le cachet unique de la vieille chapelle conservé, un lieu choisi pour les tournages de scènes d'époque comme dans La passion d'Augustine ou Club Vinland. Ce lieu exceptionnel est pourtant en vente depuis deux ans et demi. 

À près de 2,5 millions de dollars, les acheteurs ne se bousculent pas aux portes. Trop coûteux cet important investissement d'installer des gicleurs et des sorties de secours répondant aux normes actuelles pour faire une belle résidence pour personnes âgées. Cet ancien couvent des Soeurs de la Présentation avait été acheté en 2004 comme résidence secondaire par monsieur Vaillancourt. Cet immeuble vaut bien un château européen!

Le maire Dupuis de Saint-Ours reconnaît ce joyau patrimonial. Mais la ville ne peut l'acheter, elle est "amplement desservie par les installations municipales actuelles". Dans cette communauté d'à peine 1600 habitants, ce bâtiment demeure significatif pour plusieurs personnes qui y sont allés à l'école et qui y demeurent attachés.

Le courtier immobilier spécialisé dans la revente de patrimoine religieux, Olivier Maurice, celui-là même qui a vendu l'église paroissiale de Saint-Aimé en avril 2021, explique au journaliste Paré que "en région, la sauvegarde passe par les petits bâtiments. Les gros bâtiments, comme les couvents ou les églises, c'est beaucoup plus difficile, à moins d'un projet vraiment spécial. Le problème c'est que tout le monde veut sauver le patrimoine, mais personne ne veut y mettre l'argent," a-t-il ajouté.

Une réflexion continue pour plusieurs paroisses. Les églises sont peu fréquentées. Les paroissiens pratiquants sont rares. À la messe de la Nativité, le 24 décembre dernier, à Saint-Robert, moins de 1 % des paroissiens sont venus prier en communauté paroissiale. Sans présence renouvelée à l'église, sans dîme suffisante recueillie annuellement, que décideront les fabriques responsables d'administrer les biens du patrimoine religieux paroissial ?

On souhaite que le bâtiment religieux continue de remplir une place importante du paysage du centre d'un village. Mais le chauffage, l'entretien pour en assurer la préservation au fil du temps, les primes d'assurance, tous ces coûts minimaux sont tout de même importants.

Que décideront les paroissiens de Saint-Robert, dans quelques années, quand les ressources financières seront minces et que le bas de laine, tricoté par nos ancêtres à coup de privations et de sacrifices à même leurs maigres ressources, sera troué, que décideront alors les administrateurs ? 

(Source: l'article dans Le Devoir, de ce matin)