lundi 27 avril 2020

La peur: le fondement de la solidarité

"L'écrivain est content, l'acteur malheureux, le directeur de théâtre inquiet", voilà comment Eric-Emmanuel Schmitt vit le période de confinement.  Pendant qu'il reste chez lui, il rédige, peaufine et relit le gros livre qu'il achève d'écrire. Il aimerait être en contact avec les gens dans un spectacle vivant sur scène.  Comme directeur de théâtre, sa salle fermée, il a dû arrêter de beaux spectacles et le chômage partiel est arrivé.

La catastrophe rencontre son optimisme rationnel. Il pense qu'une mauvaise nouvelle se double d'une bonne: " si la pandémie est due aux hommes, elle sera stoppée par les hommes", répond-il.  Il est convaincu que les hommes ont besoin de deux choses: se nourrir de fiction, se sentir vivants. Il pense qu'après le confinement, le théâtre saura satisfaire "ces besoins jusqu'à l'incandescence".

Il sent un élan de solidarité très fort. "Le fondement de la solidarité, c'est la peur, pas la générosité: en ce moment, nous avons tous peur que le monde que nous aimons disparaisse. Donc nous sommes solidaires", répond-il à Gilles Medioni. L'acteur et le directeur de théâtre depuis 2012 pense "qu'après une telle disette, les spectateurs vont se ruer dans les salles."

(Source: Paris Match,  du 2 au 8 avril 2020)

jeudi 23 avril 2020

Le bien-être collectif ou l'économie

Aujourd'hui Gérard Bérubé nous rappelle que deux agences de l'ONU sont sonné l'alarme. La "détermination" avec laquelle le monde combat la COVID-19 sera-t-elle maintenue pour le combat contre les changements climatiques pour préserver le bien-être humain, les écosystèmes et les économies menacés possiblement pendant des siècles ?

Le choc économique risque d'augmenter de manière exponentielle, conduisant à une crise financière et à une dépression. Les crises économiques antérieures ont été souvent suivies d'une reprise  avec une croissance des émissions de carbone bien plus forte, s'inquiète l'Organisation météorologique mondiale (OMM). 

De plus, le Programme alimentaire mondial (PAM) craint un nombre de personnes poussées vers la famine qui doublerait. La faim avait déjà augmenté fortement en 2019, en raison des conflits, des problèmes climatiques et des chocs économiques, énumérait le patron  du PAM.

L'économie est en pause, les voyages ont diminué, la production industrielle et le transport aussi. A suivi l'effondrement des cours pétroliers. Une réduction de 6 % des émissions mondiales de GES est prévue cette année, en même temps qu'une diminution temporaire de la consommation d'énergie fossile. 

Une note publiée hier par l'agence DBRS Morningstar rappelle qu'ouvrir les usines et réduire le chômage aura préséance sur la réduction de la consommation d'énergie fossile, ce sera impératif. On se détournera facilement de la décarbonation, de la transition énergétique et des enjeux environnementaux, à court terme.

Mais au-delà du risque financier et de l'ampleur des coûts humains et économiques engendrés par le réchauffement climatique, l'agence ne voit que des bienfaits à la transition écologique "d'autant que les efforts sont adoptés et coordonnés mondialement".

Voilà le hic, écrivait monsieur Bérubé ce matin dans Le Devoir.

mercredi 22 avril 2020

La 50e édition du Jour de la Terre

Pour se protéger contre les futures "menaces mondiales", l'ONU prévient qu'il faudra "reconstruire en mieux".  Le Programme des Nations pour l'environnement (PNUE) nous rappelait hier qu'il faut apporter des remèdes aux dommages causés à notre environnement. La pandémie actuelle nous rappelle brutalement notre vulnérabilité et celle de la planète qui nécessite la biodiversité.

La pollution sous toutes ses formes, les bouleversements climatiques, le recul de la biodiversité, la trop grande timidité des mesures de protection et de réglementation adaptée, nos actions sont trop peu engagées. Le PNUE précise la grandeur de la tâche pour limiter le réchauffement climatique selon l'Accord de Paris. Pour y arriver, il faudrait que les émissions de gaz à effet de serre reculent chaque année de 7,6 % jusqu'en 2030.

Il faut aussi amorcer la transition vers des emplois "verts" et une relance économique durable.  Il nous faudra réduire notre dépendance aux énergies fossiles qui remplissent encore 80 % des besoins mondiaux, selon l'Agence internationale de l'énergie.

La 26e conférence des Nations unies de novembre sur les changements climatiques ( COP26) a été reportée.  Le responsable climat à la Banque mondiale, Stephen Hammer, écrivait, la semaine dernière, que la "décarbonisation" de l'économie doit être une priorité, la restauration des milieux naturels aussi, et les investissements dans la résilience climatique.

En raison de la destruction accélérée des milieux naturels, les risques de pandémies devraient augmenter au cours des prochaines années, rappelle la dirigeante d'un groupe de scientifiques associés à l'ONU, Anne Larigauderie.

(Source: un article d'Alexandre Schields, dans Le Devoir d'aujourd'hui.)





mardi 14 avril 2020

La mondialisation: prospérité ou déception ?

La mondialisation établie depuis près de 40 ans va-t-elle régresser jusqu'à s'éteindre ou prospérer davantage ? Les économies occidentales viennent de se refermer rapidement. Suzanne Berger, du MIT, écrit dans Notre première mondialisation, leçons d'un échec oublié,  que "Les contemporains de la première mondialisation pensaient que les changements de l'économie internationale étaient irréversibles. "

La part des exportations mondiales atteint maintenant plus de 30 %, selon la Banque mondiale. Cette part a doublé depuis 1980. Depuis 2008-2018, le commerce mondial a progressé de plus de 25 %.  Les principaux agents de la mondialisation sont les firmes internationales. Plus de 60 000 firmes avec plusieurs centaines de milliers de filiales à travers le monde, selon l'Organisation mondiale du commerce.

Il serait difficile de croire que notre pays puisse abandonner cette façon de produire sans avoir à payer un gros prix en matière de sérieuses conséquences: le marché, les approvisionnements, les exportations, finalement tout l'ensemble du tissu économique national.

La mondialisation est aussi le pain et le beurre pour beaucoup d'individus et d'entreprises. Lentement, elle saura reprendre son chemin bien connu. Mais d'ici là, collectivement, on aura retrouvé l'économie de proximité, l'esprit de la solidarité, le souci des autres, le pouvoir de l'État qui peut nous dicter l'ordre du jour à chaque jour. 

Même après la pandémie, lors de la relance des activités économiques largement rétablies, il faudra se souvenir de cette solidarité et non seulement pendant la période de pandémie.

(Source: article de l'économiste Khalid Adnane, de l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke, dans Le Devoir, du 6 avril) 

dimanche 12 avril 2020

Quand la solution est simple

Au XIXe siècle, les internes passaient de la salle d'autopsie à la salle d'accouchement sans se laver les mains et se les désinfecter. Le taux de mortalité était plus élevé dans la clinique réservée à la formation des médecins que dans celle des sages-femmes. Quarante ans avant Pasteur et la découverte des microbes, l'obstétricien hongrois Semmelweis (1818-1865) observa ce fait.

Mais personne ne voulut l'entendre. On riait de ce bizarre médecin qui osait faire la leçon aux scientifiques de son époque. Puis il revient à Budapest, dirige une maternité et sa méthode se généralise en Hongrie et se répand à l'étranger.

Le père de l'apepsie et son histoire est racontée par le génie littéraire biographe Louis-Ferdinand Céline. Cette biographie illustre le paradoxe existant souvent entre la Science et la connaissance issue du terrain. Les savants  montrent parfois un mépris à l'égard des solutions trop simples pour être vraies. On le répète maintenant chaque jour: Se laver les mains fréquemment pour éviter la propagation de la covid-19.

"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" écrivait le médecin écrivain Rabelais. Les gestionnaires de la santé ont plongé la société dans la précarité. Ils ont réduit les stocks de masques pour économiser des bout de chandelles. Les médecins conscients de leur importance n'auraient probablement pas pris les mêmes décisions dans l'exercice de leur métier.

(Source: Christian Rioux, dans Le Devoir du 10 avril 2020.)

jeudi 9 avril 2020

Le savant n'aime pas les approximations

Selon le directeur de la santé publique, Dr Horacio Arruda, il aurait mieux apprécié qu'on ne divulgue aucune projection sur le développement de la pandémie Covid-19. Ce genre d'exercice est plus près de l'astrologie que de la science, pense-t-il. Toutes les données permettant d'arriver à un scénario dont on pourrait voir sa concrétisation pratiquement certaine ne sont pas encore disponibles. Mais il disait avoir à se ranger devant le désir de son "boss", c'est tout dire de ce qu'il en pense.

Le savant préfère des certitudes et préfère s'éloigner des approximations. Le politicien se contente la plupart du temps d'approximations.  Mais la population, l'électorat, exige des réponses mêmes si elles demeurent insatisfaisantes. Ne pas en donner pourrait faire penser qu'on cherche à déformer la réalité. Pour le premier ministre Legault, sa responsabilité "a été de faire en sorte que les Québécois aient les réponses aux questions qu'ils se posent."

Selon le scénario "optimiste", 1263 décès sont prévus d'ici la fin d'avril, alors qu'hier, il y en avait 175. La seconde moitié du mois d'avril sera meurtrière, selon ces données. La situation des ressources disponibles dans les CHSLD et les résidences des personnes âgées suscite l'inquiétude. Alors que 99 % des victimes dépassent 60 ans et que la moitié étaient hébergées dans un CHSLD ou une résidence pour personnes âgées. 

Même si M. Legault ne cherche pas à déformer la réalité, on peut toujours penser qu'il ne dit pas toujours tout. Contrairement à ses homologues de l'Ontario, Doug Ford, et de l'Alberta, Jason Kenney, il a choisi de ne pas dévoiler lui-même les projections des scénarios optimiste et pessimiste.

Sans être de savants épidémiologistes, chacun peut comprendre où le mal continuera de frapper.

(Source: article de Michel David dans Le Devoir  d'aujourd'hui)

mercredi 8 avril 2020

Le mercredi de la trahison

J'ai appris aujourd'hui que le mercredi avant Pâques est appelé le mercredi de la trahison. J'ai écouté  le Pape François qui célébrait la messe aujourd'hui dans sa maison, sans fidèles autour de lui. La lecture de l'Évangile de ce jour nous présente la trahison de Judas. 

Pour le Pape François, de nombreux exploitants vendent les droits et les devoirs humains, vendent les choses les plus chères, comme dit l'adage, certains personnes sont capables de vendre leur propre mère pour être un moment tranquille. Tout comme dans le temps de l'esclavage où on se permettait de commercer l'humain, François explique qu'il y a encore des exploiteurs cachés. Même si socialement nous sommes impeccables, dans l'ombre, on peut commercer avec les gens, vendre son prochain, exploiter l'humain, comme tant de Judas institutionnels qui se permettent d'exploiter les autres, souligne-t-il. Pensons au personnel soignant si mal rémunéré…, pensais-je.

Sommes-nous de ceux qui aiment tant l'argent et qui sommes même prêts à trahir pour en avoir plus? Judas finit comme traître car il est au point d'aller au marché pour demander: combien me donnez-vous pour que je vous le livre ? directement. Mais Jésus ne l'appelle pas traître, il l'embrasse et le dit "ami", digne. c'est le mystère de Judas, même le Pape François lui-même ne sait pas quel est ce mystère, dit-il ?

Pour lui, c'est le diable qui a conduit Judas jusque là, et il explique que le diable n'est pas fiable, c'est un fait. C'est lui qui fait miroiter les choses  et qui nous laisse seuls dans notre désespoir, et Judas met fin à ses jours. Son cœur est tourmenté par la cupidité et dans un brouillard si intense. 

François explique qu'on ne peut servir Dieu et l'argent. Ou tu sers Dieu et tu es libre, ou tu sers l'argent et tu en es un esclave. Il est impossible de servir les deux, on peut faire semblant de servir Dieu tout en servant d'abord ses intérêts propres.  Le Pape termine son homélie d'aujourd'hui en se demandant: "le petit Judas, en nous, où es-tu ?"

(Source: KTO  en direct sur internet)