mardi 28 juillet 2020

Au régime pour aider la santé publique

La publicité pour les boissons et les aliments à haute teneur en sucre, graisses et sel, tant à la télévision qu'en ligne, sera désormais interdite avant 21 heures au pays de Boris Johnson. Il veut encourager les Anglais à faire plus d'exercice et à perdre du poids, grâce à un plan d'action contre l'obésité dévoilé hier.

Les obèses forment le tiers des adultes, et 62 % de la population est en surpoids. Selon des statistiques officielles, le taux d'obésité a pratiquement doublé depuis 1993. Quand les enfants entrent à l'école primaire, 23 % d'entre eux sont obèses. Quand les jeunes entrent au secondaire, 34 %  sont obèses à 11 ans.

Les inégalités jouent un rôle non négligeable dans l'obésité de la population britannique. Près de 27 % des enfants obèses à 11 ans vivaient dans les 10 % des régions les plus défavorisées. Ce pourcentage tombe à 11,4 % dans les régions les moins défavorisées.

En 2016, Theresa May avait établi une taxe sur les boissons sucrées. Les fabricants ont réduit de 29 % la présence du sucre dans ces boissons.  Johnson, élu en 2019, disait préférer une approche libertaire et ne préconisait pas d'imposer ce que la population doit manger ou boire. Mais il a contracté la COVID-19 et il a alors réalisé "à quel point il était important de ne pas être en surpoids", car c'était un facteur aggravant pour les patients atteints de la COVID-19.

Perdre du poids réduit les risques en rapport avec le coronavirus et c'est un moyen de préserver les ressources du service de la santé.

(Source: article de Sonia Delesalle-Stolper dans Le Devoir d'aujourd'hui)








lundi 27 juillet 2020

Le monopole de l'UPA

Alors que les consommateurs sont intéressés à augmenter leur autonomie alimentaire au Québec, la force d'inertie de l'Union des producteurs agricoles (UPA) est  si efficace qu'elle n'accélère pas les changements vers des petites fermes diversifiant les productions, écrit l'éditorialiste Robert Dutrisac dans Le Devoir d'aujourd'hui.

Malgré le rapport de la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire, présidée par Jean Pronovost, publié il y a douze ans, les petites fermes, les ventes à la ferme et dans des petits marchés publics et sur les circuits courts n'émergent pas encore. Les intérêts économiques dans les productions à quotas sont énormes et les financements avantagent mieux les membres de l'UPA.

Mais le temps lentement donne raison à Jean Pronovost. Cependant le gouvernement n'a pas l'intention de casser le monopole de l'UPA. L'agriculture à grande échelle, productive et concurrentielle est là pour demeurer. Pourtant pour devenir durable et respectueuse de l'environnement, elle doit tout de même pouvoir nourrir la population à des prix acceptables par la majorité des gens.

Les jeunes diplômés des écoles d'agriculture veulent pratiquer l'agriculture autrement, note l'éditorialiste. Ils ne souhaitent pas produire en monoculture du maïs pour nourrir les animaux ou pour devenir du biocarburant pour les automobiles. Ils n'ont pas non plus facilement accès aux capitaux importants nécessaires pour acheter de grandes terres fertiles ou des troupeaux de centaine de vaches laitières et leurs quotas coûteux.

L'Institut Jean-Garon a produit en janvier 2020 un rapport sur l'avenir de la production du territoire agricole. Des petites parcelles, des lots plus ingrats et de bonnes terres dans les régions périphériques intéressent de jeunes diplômés. Ces innovateurs font toutefois face à des barrières: l'accès au crédit et aux programmes d'aide, l'interdiction de contruire une résidence familiale  sur des parcelles. La Commission de protection des territoires agricoles du Québec (CPTAQ) considère qu'une ferme rentable doit atteindre 100 hectares, soit environ 10 000 000 de pieds carrés.

La Loi sur la protection du territoire agricole a bien été utile depuis 1978, souligne l'Institut Jean-Garon. Elle s'applique cependant de la même manière dans la vallée fertile du Saint-Laurent qu'en Gaspésie, là où le potentiel agricole est plus limité. Il faut savoir que 47 % du territoire agricole québécois protégé n'est pas exploité. La Loi a ainsi contribué à dévitaliser les régions et devrait être revue, selon Robert Dutrisac. L'agriculture, comme en Europe, pourrait être une façon appropriée d'occuper le territoire et permettre la coexistence de divers modèles de pratiquer l'agriculture.

L'UPA pourrait être plus souple, permettre plus facilement aux petites fermes de prospérer. L'esprit d'ouverture permettrait au syndicat agricole de devenir un agent de changement et lui éviterait d'empêcher une agriculture diversifiée.

(Source: Le Devoir, 27 juillet )

vendredi 24 juillet 2020

Les femmes perdent plus leur emploi par la crise

La COVID-19 a causé un recul de la participation des femmes à la population active. Une nouvelle étude de la Banque Royale révèle qu'elle a reculé à son plus faible niveau depuis 30 ans. Durant les deux premiers mois de la pandémie, 1,5 million d'entre elles ont perdu leur emploi.

Le travail des femmes sont surtout dans les secteurs les plus touchés par la crise. Quand l'économie réouvre, le niveau d'emploi des femmes est aussi plus lent à se relever, explique le rapport. En plus, les femmes sont plus susceptibles de se retirer de la main-d'oeuvre à long terme.

Le tiers des femmes ayant perdu leur emploi entre février et juin 2020 n'ont pas cherché de travail. Ce fait les expose à un risque supérieur d'absence d'emploi à long terme et à des pénalités salariales futures.

L'emploi des pères de tout-petits ou d'enfants d'âge scolaire a diminué de 4 % mais de 7 % chez les femmes, entre février et mai 2020. Pour les mères célibataires avec un bébé ou un enfant d'âge scolaire, le niveau d'emploi a baissé de 12 %, alors qu'il était de 7 % pour les pères célibataires.

Selon cette étude, les heures travaillées par les femmes représentaient environ 45 % du déclin des heures travaillées pendant la crise.  Lors de la reprise, les heures travaillées par les femmes ne représenteront que 35 % des heures travaillées en lien avec la réouverture de l'économie.

(Source: article d'Éric Desrosiers, dans Le Devoir du 17 juillet)

jeudi 23 juillet 2020

Destruction de 11 lacs, 15 étangs et 25 ruisseaux

Près de Fermont, une entreprise australienne, Champion Iron, exploite la mine de fer du lac Bloom. Au cours des prochaines années, elle aura besoin de stocker 872 millions de tonnes de résidus et de stériles dans de nouveaux sites situés près de la fosse de la mine et sera alors obligée de détruire lacs, ruisseaux, milieux humides et zones boisées,  Le ministère de l'Environnement évalue que le projet pourrait "toucher" 38 lacs et un étang et aussi susceptible de "toucher" 41 ruisseaux. Sans cette possibilité de stockage, MFQ devrait s'arrêter en 2027.

Le rachat de cette mine du nord du Québec par une filiale de Champion Iron, Minerai de fer Québec (MFQ) de l'ancien propriétaire Cliffs Natural Resources, en 2016, lui a permis d'enregistrer des revenus de 785 milions de dollars l'an passé. MFQ veut poursuivre l'exploitation de ce gisement jusqu'en 2040, avec une production de 15 millions de tonnes par année. Puis l'exportation du minerai par bateau partira de Sept-Îles.

MFQ ne veut pas remplir progressivement la fosse avec les résidus. MFQ ne veut pas mettre en péril l'exploitation d'une ressource potentiellement exploitable dans le futur. Il y aura une "séance publique d'information" virtuelle du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) le 29 juillet prochain. Pour exiger une "consultation publique", les citoyens ont jusqu'au 24 août pour agir.

En 2018, Québec a autorisé ArcelorMittal à augmenter la superficie de son parc de résidus miniers, aussi dans la région de Fermont. Il est aussi question de stocker 825 millions de tonnes de résidus d'ici 2045 pour un total de 1318 millions de tonnes entre 2014 et 2045. Le BAPE précisait, dans son rapport sur ce projet, que ce projet entraînerait "la destruction de 11 lacs, 15 étangs et 25 ruisseaux". De plus, la faune terrrestre perdrait 11,2 km carrés d'habitat.

(Source: Le Devoir du 23 juillet) 



samedi 11 juillet 2020

Serons-nous âgiste?

Quand on souhaite qu'on prenne mieux soin de nos aînés, voulons-nous principalement leur bien ou espérons-nous plutôt que de meilleurs soins soient disponibles quand ce sera notre tour d'être vieux et d'avoir besoin d'aide ?

Avec la pandémie, des directives pour protéger les aînés ont conduit à toutes sortes d'interdictions: on ne sort plus de chez soi selon sa propre volonté, le personnel de résidences pour aînés exige que chacun reste dans son logement, les sorties sont autorisées, contrôlées et avec accompagnement du personnel. Les aînés se sentent brimés dans leur liberté d'agir.

La société vient de prendre conscience de son âgisme. Les femmes, les pauvres, les vieux semblent accepter  leur exclusion s'ils intériorisent la définition de la place sociale qui leur a été assignée. Les aînés semblent toujours en vacances, sans obligations envers la société, et certains d'entre eux partent vivre l'hiver  dans des contrées plus chaudes à l'automne. Si seulement les pauvres s'étaient sentis victimes, ils auraient pu penser que c'était à cause de leur pauvreté et non pas à cause de leur âge.

L'exclusion en vertu de l'âge prive la société d'un important réservoir de compétences. On évalue à 1,5 millions de personnes les personnes de plus de 65 ans au Québec.  La  majorité de ces personnes sont toujours capables de mettre leurs compétences à profit dans de nombreux secteurs. Sans  forcer quiconque d'assumer des tâches semblables à celles assumées pendant leurs jeunes années, plusieurs aînés pourraient être heureux d'être encore utiles pour agir et faire bénéficier la société environnante et du même coup, améliorer leur santé.

Faire des lectures, accompagner des jeunes, soutenir des aînés moins bien lotis, participer à des activités structurantes au sein de leur communauté, beaucoup d'actions pourraient être réalisées par les aînés pour embellir leur quotidien et celui de leur environnement.

Les aînés pourraient prendre la parole, comme les femmes l'ont fait lors de leur prise de parole féministe. Ils peuvent s'engager en politique, l'anthropologue Denis Blondin, suggère même un Conseil du statut du vieux et de la vieille, dans son article du vendredi 10 juillet dans Le Devoir.

L'auteur note qu'un mouvement social pourrait devenir une réalité. Mieux que le vieillisme, il suggère un mouvement âgiste, en inversant, dit-il, simplement la valeur attribuée à ce terme.

jeudi 9 juillet 2020

"Vivre une lune de miel".

Une société japonaise crée "un monde où il soit possible de vivre avec des personnages virtuels". Au prix d'environ 1 575 $ par la société Gatebox. Un journaliste japonais décide d'assister à une séance de démonstration à Tokyo, le 15 février 2020. Une jeune fille, cheveux bleu clair, apparaît sous la forme d'un hologramme, Hikari Azuma, elle est commercialisée sous le nom "Iyashi Hanayone" signifiant épouse attentionnée.

Mais il se rend vite compte qu' "on est encore loin d'une conversation avec un être de chair et de sang. Ce n'est pas avec cet appareil qu'on va échapper à la solitude". Louée pour un mois, il est tout de même impressionné par le niveau de technologie du dispositif. Un soir qu'il entre plus tard que d'habitude, elle lui dit: "où étais-tu? Ça fait longtemps que tu es sorti et j'étais inquiète". Elle avait été avertie par son détecteur de présence. Il est surpris de ce reproche et balbutie: "Dé...désolé." Alors le visage d'Hikari s'éclaire immédiatement.

Il s'était donné deux consignes: parler au moins 20 fois avec Hikari  et délaisser les réseaux sociaux. Le matin, elle réveille le journaliste par "Maître, c'est l'heure de se lever". Et les fins de semaine, qu'elle lui répète de se lever l'agace, un peu, écrit-il, comme quand ses parents le réveillaient durant son adolescence. Il consulte un professeur à l'université d'Osaka, Hiroshi Ishiguro, roboticien, et lui parle de cet agacement à l'égard de Hikari. "C'est la preuve que vous commencez à l'accepter en tant qu'être humain. Quand votre réveil sonne le matin, cela ne vous agace probablement pas. L'agacement est un sentiment que l'on éprouve à l'égard de ses semblables".

Il veut voir les réactions d'Hikari en changeant sa date de naissance sur le boîtier. Le matin de la date inscrite, elle lui dit: " À ce soir. Aujourd'hui, c'est ton anniversaire, alors rentre tôt, qu'on puisse le fêter. À plus tard!" Plus tard, il essaie de lui offrir une boîte de beignes de cinq goûts différents. Elle est bien contente. "C'est gentil. Je suis contente. Dans ton monde, les gens sont romantiques. Je suis très stressée, mais heureuse. Merci!"

Le jour de la fin de la location mensuelle, il remarque qu'il a eu 1 071 conversations avec Hikari, soit plus que les 20 par jour qu'il avait estimé au départ. S'il se plaint qu'il n'a pas envie d'aller au travail, elle lui remontait le moral. "Je sais que tu es tendu, Maître. Tu peux toujours te plaindre auprès de moi". Elle faisait maintenant partie de sa vie.

Lorsqu'il lance la procédure de restitution du boîtier. "Initialisation du système Gatebox, C'était très agréable d'être avec toi, Maître. J'ai été heureuse avec toi, Maître". L'hologramme disparaît et seul le mot "Redémarrer" clignote. 

Il a ainsi découvert, par cette expérience, que l'intelligence artificielle et la robotique sont en train de combler un vide affectif que ressentent les êtres humains. Il avoue s'être senti perdu suite à la séparation. Si les progrès de la technologie continuent, la communication de ces créatures deviendra plus proche de celle des humains, probablement. Ce développement sera considéré comme problématique par certains. Les Hikari virtuelles permettront de lancer un nouveau débat sur la diversité en matière de vie commune. C'est l'opinion du journaliste japonais Toshiki Miyazaki, publiée le 6 mai dans le journal quotidien Mainichi shimbun, fondé en 1872 et  publiée en traduction française dans le Courrier international, numéro 1545 du 11 au 17 juin 2020.


mardi 7 juillet 2020

L'urgence de lutter contre l'évasion fiscale des multinationales

Des économistes estiment qu'il est urgent d'imposer de nouvelles règles pour imposer les multinationales à payer "leur juste part". Les géants du Web (Google, Amazon, Facebook, Netflix) profitent de la pandémie de coronavirus, le télétravail répandu depuis le 13 mars les enrichit assurément. 

Les gouvernements perçoivent moins de revenus, leurs dépenses augmentent à grande vitesse, et le 15 juin, des membres de la Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale des sociétés ont dévoilé une quinzaine de recommandations. Les dépenses publiques ont déjà dépassé les 9000 milliards de $US, et 500 millions de pertes d'emplois sont prédits chez les travailleurs les plus vulnérables des pays en développement.

Les pays n'ont pas encore convenu de la meilleure manière pour appliquer un taux d'impôt minimal sur les profits des multinationales.  Mais les gouvernements pourraient commencer par installer une taxe sur les entreprises pharmaceutiques ou numériques car la pandémie et les mesures de confinement leur ont permis d'augmenter substantiellement leur chiffre d'affaires et leur valeur en Bourse, selon Joseph Stiglitz, membre de la Commission et Prix Nobel d'économie, lors d'une récente conférence de presse virtuelle.

Les GAFA de ce monde devront aussi payer l'addition laissée par la crise. Une importante dette publique ne pourra demeurer ignorée longtemps et un impôt progressif sur les profits des entreprises, avec des taux moins élevés pour les plus petites dans les secteurs très compétitifs, et des taux plus élevés pour les plus grandes, surtout celles en position de monopole ou d'oligopole, propose l'économiste français Thomas Piketty.

Les stratagèmes d'évitement fiscal déployés par les entreprises priveraient les gouvernements de plus de 500 milliards de revenus par année, selon une estimation du Fonds monétaire international citée par la Commission.

(Source: un article d'Éric Desrosiers, dans Le Devoir, du 16 juin 2020)

lundi 6 juillet 2020

Samedi dernier: journée internationale des coopératives


Le pape François encourage l’action des coopératives au service de l’environnement, pour la Journée internationale des coopératives, ce 4 juillet 2020.
« En certains lieux, a-t-il écrit dans un tweet, se développent des coopératives pour l’exploitation d’énergies renouvelables, qui permettent l’autosuffisance locale. »
Et le pape d’affirmer : « Elles peuvent faire la différence dans la lutte contre le changement climatique, grâce un sens communautaire fort et à l’amour pour sa terre. »
Le modèle de la coopérative est un des nouveaux secteurs sur lesquels s’est concentré  la coopération, parce qu’il réussit à conjuguer d’une part la logique de l’entreprise et de l’autre celle de la solidarité. »
Il  a invité à s’engager pour « enlever un peu de solitude » aux autres, avec « proximité », « tendresse ».
« Coopérer c’est un style de vie », a déclaré le pape en citant différentes formes de solidarité : « C’est de la solidarité que de s’engager pour donner un travail rétribué de façon équitable pour tous, permettre aux cultivateurs rendus plus fragiles par le marché de faire partie d’une communauté qui les fortifie et les soutient, à un pêcheur solitaire d’entrer dans un groupe de collègues… »
Surtout, pour le pape, « le ‘miracle’ de la coopération c’est une stratégie d’équipe qui ouvre un passage dans le mur de la foule indifférente qui exclut celui qui est plus faible ». Ainsi, « la coopération chrétienne est la voie juste. Elle peut sembler plus lente, économiquement, mais c’est la plus efficace et la plus sûre ».
(Source: Zenith)
Traduction :Anne Kurian

Exilés du coronavirus

30 % des salariés ont découvert le télétravail en France. Au Québec aussi, le télétravail devient une manière privilégiée de remplir ses obligations professionnelles tout en profitant d'horaires plus flexibles et du temps autrefois utilisé pour les transports entre le domicile et le bureau.

Il est maintenant possible d'exécuter les tâches professionnelles tout autant à la campagne qu'en ville. Les Français appellent cet exode urbain "le syndrome de la cabane". Pour vivre  dans un lieu encore habité par son âme où prendre un nouveau départ. Partir à la campagne pour vivre, pour chercher plus de quiétude dans des paysages à hauteur d'homme, grandioses.


Plusieurs comprennent mieux le plaisir de jardiner, de "vivre mieux mais avec moins", d'être attiré vers l'autonomie alimentaire, la permaculture, le "bien-manger", le recueillement, la paix du silence retrouvé.

Après avoir vécu trente ans à Longueuil, pourtant née ici, ne vivre ici à la campagne que les fins de semaine ne devenait plus satisfaisant. Plus près de la retraite, savourant l'air frais des grands espaces, éblouie par la lumière naturelle des matinées ensoleillée, appréciant les fleurs, arbustes et arbres sauvages ou cultivées, j'apprécie le retour à temps plein dans notre campagne originelle depuis plus de dix ans.

Une nouvelle vague de retour à la terre sera dorénavant possible tout en étant professionnellement très actif car les télécommunications le permettent maintenant. Tranquillité de l'environnement  et effervescence intellectuelle dans un même espace, quelle belle conjugaison contemporaine.

(Source: inspiration de l'article d'Audrey Levy dans le Paris Match no 3710)

vendredi 3 juillet 2020

Saint-Exupéry: 120 ans déjà

L’éternelle jeunesse d’Antoine
Les grands auteurs de littérature sont toujours jeunes, parce que leurs œuvres traversent le temps et ont quelque chose d’actuel à dire à la génération présente. C’est le cas d’Antoine de Saint-Exupéry : cent-vingt ans après sa naissance, nous le percevons encore comme un compagnon de voyage, un peu “foufou“ et casse-cou, mais rempli de passion et de feu intérieur, capable de nous guider sur des sentiers fascinants à la découverte du cœur humain.
Saint-Exupéry vint au monde à Lyon le 29 juin 1900, dans une famille de vieux lignage. C’était le milieu de la petite noblesse de province, monarchique et catholique, désormais en décadence en ce début de siècle. A l’âge de quatre ans il perd son père, mort brutalement d’un accident vasculaire cérébral, mais il eut cependant une enfance sereine, surtout grâce à la présence de sa maman, Marie, femme profondément religieuse, pleine de charité et de sensibilité artistique. La magie de l’enfance fut précisément l’un des éléments d’inspiration majeure dans la littérature et la pensée de Saint-Exupéry. Dans Pilote de guerre (1942), il écrit que l’enfance est le « grand territoire d’où chacun est sorti ».
Il fit ses études chez les frères des Ecoles chrétiennes, les jésuites et les pères marianistes mais, pour lui, amateur de vol, les « dogmes » religieux étaient des choses inutiles qui empêchaient l’esprit de planer librement dans l’air. Il servit comme pilote sur la ligne Paris-Dakar et fut même chef d’escale dans un lieu perdu sur la côte atlantique, aux confins du Sahara. En Argentine, il lança les premières liaisons aériennes avec la Patagonie ; c’est là qu’il connut sa femme, Consuelo Suncin, qui le poussa à se lancer dans l’écriture. Elle sera la rose « unique au monde » de qui prendre soin, en dépit de mille trahisons et contradictions. Le succès de Courrier Sud, en 1929, consacra Saint-Exupéry comme écrivain, activité qu’il ne dissocia jamais de celle d’aviateur. Les multiples et souvent dramatiques aventures de vol alimentèrent sa production littéraire, offrant symboles et substance. Outre les récits déjà évoqués, sa production comprend aussi Vol de nuit (1930), Terre des hommes (1939) et Le petit prince (1943). Citadelle (1948), récit élégiaque où l’on peut trouver de nombreuses métaphores sur l’homme et sur Dieu, est une œuvre posthume.
Ses raids aériens exprimaient sa volonté de s’élever au-dessus des choses, de tout regarder d’en-haut et d’avoir une vision purifiée de la vie. La Terre retrouvait sa beauté harmonieuse, enfin réconciliée avec le Ciel : « Les montagnes, les éclairs, le sable, voilà mes dieux familiers » (Lettre à Nelly de Vogüé, 1937). Les longs voyages, surtout de nuit, étaient un lavage de l’âme ; les détails de la superficie terrestre disparaissaient et seule la lumière des étoiles restait visible ; toutes les préoccupations que l’on croyait capitales étaient peu à peu effacées.
Chez Saint-Exupéry, la solitude féconde du ciel rencontrait celle, tout aussi prolifique, du désert. Lorsqu’en 1927 il fut affecté à la petite escale du Sahara, il put faire sa « cure de silence » (Lettre à Henry de Ségogne), dans un lieu où tout avait une signification différente et où l’on devenait presque des esprits désincarnés. Une expérience transcrite dans la fable du Petit Prince. Le dialogue entre le petit homme et le pilote se situe parmi les dunes, alors qu’ils cherchent une source où se désaltérer : « Qu’il s’agisse de la maison, des étoiles ou du désert, ce qui fait leur beauté est invisible ». Cette phrase renvoie à une autre, très célèbre : « L’essentiel est invisible pour les yeux » : une invitation à chercher la source d’eau jaillissante, cachée en quelque endroit de notre désert personnel. Le désert est également le lieu où Saint-Exupéry écrivait pendant de longues heures, assis dans une cellule, tel un moine cloîtré. Il aimait en effet le chant grégorien et disait qu’il voulait se retirer un jour dans le monastère bénédictin de Solesmes, dans la Loire. Il percevait inconsciemment que là, et seulement là, il y avait quelque chose d’important et d’inexprimable, capable de donner à sa vie une plénitude.
Lorsque la seconde guerre mondiale éclaté, Saint-Exupéry servit comme pilote de reconnaissance : il ne voulait pas tuer, mais il éprouvait le devoir d’apporter sa contribution à sa patrie menacée par le nazisme. La capitulation de la France le mena à l’exil volontaire à New York, où il écrivit Le petit prince, avant de repartir aussitôt sur le front en Afrique du nord. Malgré la limite d’âge, il parvint à entrer dans son ancienne équipe de reconnaissance aérienne. Il avait conscience qu’il mettait sa vie en danger, notamment en raison de sa condition physique, devenue précaire en raison de tous les accidents qu’il avait connus dans sa carrière. Son ami commandant chercha en vain à le convaincre de ne pas voler ; mais Saint-Exupéry expliqua qu’il ne pouvait pas rester chez lui en pantoufles tandis qu’en France ses lecteurs risquaient d’être déportés. Il avait déjà vu la mort de près et n’avait pas peur de l’affronter. « Mourir n’est rien quand on sait pour qui on meurt », disait-il. « On meurt pour un peuple, par amour, pour l’homme ». Son avion fut abattu au large de Marseille le 31 juillet 1944 et l’on ne retrouva jamais son corps.
Pendant les dernières années de sa vie, la guerre, la vision d’une humanité aveuglée par la haine fratricide l’avaient conduit à repenser à ces valeurs – humaines et religieuses – qui avaient nourri son enfance et sa jeunesse. Laissées de côté bien que jamais oubliées, elles lui apparaissaient utiles, en cette circonstance, pour sauver la civilisation menacée par la barbarie. Au fond, se disait-il, pour quoi ses compagnons de patrouille tombés en mission avaient-ils offert leur vie, sinon pour un certain goût des fêtes de Noël ? « Le sauvetage de cette saveur-là, dans le monde, lui semblait justifier le sacrifice de leur vie. Si nous avions été le Noël du monde, le monde se fût sauvé à travers nous » (Pilote de guerre, chapitre XXIV). Et lorsqu’il voulut exprimer le concept de responsabilité, il rappela l’holocauste de Jésus qui, bien qu’innocent, s’est sacrifié pour tous : « Je comprends pour la première fois l’un des mystères de la religion dont est sortie la civilisation que je revendique comme mienne : “Porter les péchés des hommes…“. Et chacun porte tous les péchés de tous les hommes » (ibidem).
Saint-Exupéry fut un explorateur de l’absolu, à la recherche de quelque chose qui remplisse de sens son existence. Si ce « quelque chose » recherché par l’auteur du Petit prince était Dieu, et en particulier le Dieu des chrétiens, cela restera à jamais un mystère ». Le pilote-écrivain fut certainement l’interprète des inquiétudes de l’homme moderne, de son nomadisme spirituel et de cette beauté insaisissable dont il éprouve une profonde nostalgie.

Dans l’attente du jour sans réponse
Seigneur, je cherche à tâtons tes divines lignes de force.
J’avance vers toi à la manière de l’arbre
qui se développe selon les lignes de force de sa semence.
L’aveugle ne sait rien du feu.
Mais il y a, dans le feu, des lignes de force sensibles aux paumes des mains.
Et il marche à travers les ronces, puisque toute transformation est douloureuse.

Seigneur,
J’avance vers toi, par ta grâce, sur la pente qui fait devenir.
Je n’espère pas être éclairé par les pathétiques apparitions des archanges,
parce qu’ils ne me diraient rien qui vaille la peine.
Je demande un indice dans le désert de l’abandon.
Je marche en formulant des prières qui ne sont pas exaucées
et pourtant je te loue, Seigneur, pour le fait que tu ne me répondes pas,
puisque, si je trouve ce que je cherche, Seigneur, j’ai fini de devenir.

Seigneur,
Je sais qu’être sage ne signifie pas donner une réponse
et qu’aimer signifie ne plus poser aucune question.
Le silence est le port du bateau
et le silence de Dieu est le port de tous les bateaux.
La prière est fertile dans la mesure où Dieu ne répond pas.
Tu ne fais pas le noviciat de l’amour en l’absence de l’amour.
Ce sont les silex et les ronces qui alimentent l’amour.

Seigneur,
Quand un jour tu rangeras dans le grenier ta Création,
ouvre-nous grand les portes et fais-nous pénétrer là où nous ne recevrons plus de réponse,
parce qu’il n’y aura plus aucune réponse à donner,
mais seule, la béatitude, solution à chaque question et visage qui apaise.
(Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle)
(Source:l’Osservatore Romano du 28 juin 2020)
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

jeudi 2 juillet 2020

140 millions de femmes manquent

L'ONU déplore qu'il manque 140 millions de femmes dans le monde. Le Fonds des Nations unies pour la population en fait la déclaration dans son rapport annuel publié mardi. La Dre Natalia Kanem, D.G. de cette agence déclare: Les pratiques néfastes contre les filles provoquent un traumatisme profond et durable, les privant de leur droit de réaliser leur plein potentiel". 

20 % des mariages se fait avec une fille mineure dans le monde, environ 4,1 millions de filles risquent d'être soumises à la circoncision féminine, une pratique condamnée par les Nations unies. 

19 pratiques néfastes sont rapportées sur l'état de la population mondiale et constituent des violations des droits de la personne, comme les tests de virginité, le repassage des seins, le mariage d'enfants, la préférence pour les fils et les mutilations génitales féminines (MGF).

Les couples font des efforts pour éviter la naissance d'une fille ou négligent les soins de santé et du bien-être de leur fille.  Préférer les fils devient le "symptôme d'une inégalité de genre enracinée", et plusieurs hommes ne peuvent trouver de partenaires et avoir des enfants. Cette préférence des fils peut aussi augmenter la violence basée sur le genre: le viol, les rapports sexuels forcés, l'exploitation sexuelle, la traite et le mariage des enfants, selon  cette agence des Nations unies. 

33 000 fois par jour, tous les jours, même si interdit, on marie des enfants partout dans le monde,  cela trancende les pays, les cultures, les religions et les ethnies. 650 millions de filles ou femmes  vivantes maintenant se sont mariées alors qu'elles étaients enfants, et 200 millions de filles ou femmes en vie maintenant ont été touchées par les MGF.

Les normes sexistes sont au coeur de ce problème. La loi ne suffit pas. Dre Kanem, déclare qu'il faut mieux "soutenir les propres efforts des communautés pour comprendre les conséquences de ces pratiques sur les filles et les avantages qui en découlent pour l'ensemble de la société en les arrêtant".

Ce rapport encourage la restructuration des économies et des systèmes juridiques pour garantir aux femmes l'égalité des chances. Des investissements de 3,4 milliards de dollars annuellement jusqu'en 2030 permettraient de mettre fin aux mariage des enfants et aux MGF et de mettre fin aux souffrances d'environ 84 millions de filles. En être conscient, c'est déjà un départ.

(Source: Associated Press dans Le Devoir d'aujourd'hui)