vendredi 11 février 2022

Les Québécois consomment différemment des Canadiens

Le taux d'inflation annuel au Québec était de 3,8 % en 2021, alors qu'il était de 3,4 % au Canada. Ce matin, l'ex-ministre des Finances et de l'Économie du Québec, maintenant professeur titulaire au Département des sciences économiques de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, Nicolas Marceau, nous  en précise les distinctions dans la section Point de vue du journal Le Devoir.

Les taux d'indexation utilisés par les gouvernements ne reflèteraient pas l'inflation auquelle les ménages moins fortunés font face. Les ménages à faible revenu subiraient une diminution de leur pouvoir d'achat et s'appauvrissent à cause des disparités pour les divers biens et services consommés.

Au Canada, l'essence a augmenté son prix de 33,3 % en 2021, le transport en commun a diminué le sien de 2,8 %. Au Québec, c'est plutôt 36,6% et 4,8 % respectivement. Au Québec, pour les aliments, la croissance est de 5,2 %. La viande a augmenté de 7% et les fruits frais de 9,1 % . Par contre, le prix des légumes n'a crû que de 1,3 % et  celui des oeufs a diminué de 1,1  %. Dépendant de ce que l'on consomme, de l'endroit où on vit, l'inflation varie.

Pour calculer l'indice des prix à la consommation, Statistique Canada utilise des données d'enquête et construit un panier fictif consommé par le Canadien moyen (PCM). À chaque mois, dans plusieurs lieux, elle mesure les prix de divers biens et services du PCM. L'inflation est simplement le taux de croissance de la dépense associée au contenu du PCM.

Mais peu de personnes consomment très précisément le PCM. Le Québécois moyen dépensait en 2019 en biens et services de consommation courante la somme de 58 028 $, le Canadien moyen avait plutôt dépensé 68 890 $, une différence de plus de 10 000 $. Le Québécois moyen consacrait 16,9 % de ses dépenses en aliments et 5,1 % en soins de santé. Le Canadien moyen en dépensait 14,9 % et 4 % respectivement.

Les 65 ans et plus, en 2019, dépensaient 48 453 $ en consommation courante pour l'ensemble du Canada, soit 20 000 $ de moins que le Canadien moyen. Leurs dépenses aux aliments étaient de 16,7 % et celles pour leurs soins de santé était de 6,5 %. Comme le Québécois moyen, les aînés consacraient une proportion plus importante de leurs ressources en aliments et en santé que le Canadien moyen.

Le Québécois de 65 ans et plus ne consomme pas le même PCM que le Québécois moyen ou le Canadien moyen. L'indexation des pensions de vieillesse et le Supplément de revenu garanti sont indexés en fonction du taux d'inflation officiel canadien, basé sur le PCM. Un taux bien différent auquel est exposé en réalité le Québécois de plus de 65 ans.

Québec indexe les prestations du Régime des rentes du Québec, le salaire minimum, les prestations d'aide sociale en fonction du taux d'inflation annuel officiel au Québec, fondé sur le PCM. Les retraités québécois, les travailleurs au salaire minimum, et les prestataires d'aide sociale recevront des revenus dont le taux d'indexation utilisé est bien différent de leur vécu réel au quotidien.

Les conséquences d'une sous-indexation sont une réduction du pouvoir d'achat, un appauvrissement assuré. Nicolas Marceau se demande "à quand une mesure officielle de l'inflation pour les personnes aînées ou celles à faible revenu ?" Bonne question, quand il nous précise que Statistique Canada a publié en 2005 et en 2019 des études qui montraient toutes deux un écart défavorable pour les aînés. Statistique Canada a l'expertise. Les gouvernements pourraient leur demande d'en faire une publication, de ces taux d'inflation différenciés. Quand le feront-ils ?


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