vendredi 21 janvier 2022

Concessions sur leur dignité

La relative indifférence avec laquelle on interprète la gourmandise des ultrariches indique bel et bien que la "nouvelle normalité" forgée par la pandémie devient celle où un nombre grandissant de gens sont contraints de faire toujours un peu plus de concessions sur leur dignité, écrivait Aurélie Lanctôt, ce matin, dans Le Devoir.

Plus le déséquilibre entre ceux qui possèdent et ceux qui meurent lentement de toutes les privations devient grotesque, spectaculaire, plus les chiffres versent du côté de l'abstration, pense-t-elle. Les conséquences du capitalisme pandémique se font sentir aussi chez nous. Le spectacle de la détresse ordinaire ne suscite pas tant l'indignation que le fait qu'un dirigeant moyen parmi les 100 mieux payés au pays aura gagné en quatre jours le salaire annuel du Canadien moyen, a expliqué David Macdonald, économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives, publié par la Presse Canadienne du 5 janvier.

En 2020, alors que plusieurs Canadiens voyaient leurs heures coupées ou perdaient leur emploi lors de confinements répétés et de fermetures forcées, les 100 patrons les mieux payés des sociétés cotées en Bourse ont gagné en moyenne 10,9 millions de dollars. Une baisse par rapport au record de 11,8 millions en 2018, mais une augmentation de 95 000 $ par rapport à 2019. 

Alors que la plupart des entreprises qu'ils dirigent a subi des dommages dus à la pandémie, les grands patrons ont reçu le deuxième salaire en importance jamais enregistré "tout un exploit", selon l'économiste Macdonald. Les mauvais rendements observés pendant la pandémie n'ont pas affecté la rémunération des patrons. Généralement les chefs de la direction justifient leurs primes par leur travail exceptionnel. "Je pense que cela illustre vraiment la faillite de l'idée voulant que la rémunération s'appuie en quelque sorte sur le mérite, affirme-t-il.

En moyenne, en 2020, les mieux payés gagnaient 191 fois plus que le travailleur moyen." De l'indécence ordinaire". Il faudrait utiliser davantage la fiscalité et renforcer les mécanismes de redistribution, tant à l'intérieur des sociétés du Nord que pour pallier les inégalités à l'échelle mondiale, propose madame Lanctôt ce matin. Agir dès maintenant car l'élastique des inégalités est déjà étiré au maximum, et la crise climatique fait craindre le pire, ajoute-t-elle.

Il faut cesser de détourner le regard.




Aucun commentaire:

Publier un commentaire