samedi 5 février 2022

La population est, a été et sera toujours divisée

Pour gérer cette division, la démocratie a été inventée jadis. La division est inévitable et normale. Le régime démocratique est la façon la plus juste qu'on puisse trouver pour départager les intérêts, les opinions et les diverses croyances qui se confrontent et s'affrontent en toute société, écrivait ce matin le rédacteur en chef de la revue Argument et essayiste, Patrick Moreau.

L'absence de division, à l'inverse, sauf lors de circonstances exceptionnelles comme durant un temps de guerre, ajoute-t-il, et l'"union du peuple derrière le chef ou le Parti qui le représente et est censé incarner sa volonté constituent soit un fantasme qui relève de ce qu'il est convenu d'appeler le populisme, soit est l'apanage des régimes politiques totalitaires qui réalisent le plus souvent cette prétendue union au moyen de la propagande", mais aussi de la violence et de la peur induite.

Faire taire toute voix divergente ou éliminer leurs opposants, on connaît cela chez nous aussi, même à Saint-Robert. Même par des propagandes mensongères déformant les faits ou dans la publication de "fake news" inventant des présumés actes de dénonciation provenant d'opposants durant la campagne électorale municipale d'octobre 2017 lors d'une sanction judiciare reçue par le magistrat quelques années plus tard.

"Ces régimes autoritaires aiment illustrer cette unanimité dans des spectacles à grand déploiement où une population de fans et disciplinée crie ou chante à l'unisson et marche au pas". Rechercher des consensus traduisant souvent qu'une illusoire union, un déficit démocratique et se retrouver condamner à l'impuissance. La politique se "transforme alors en simple gestion de ce qui est, au lieu d'en faire comme il se doit, une instance de liberté où peut s'inventer l'avenir". "Seul ce qui est parfaitement indifférent ne provoque ni division ni controverse", peut-on lire plus loin. 

Le but de la démocratie est plutôt de parvenir à pacifier et à civiliser les conflits et les oppositions. Mais en politique, il faut aussi savoir faire preuve de courage et parfois trancher pour faire valoir des droits de la majorité. Des décisions difficiles, décisions dont le gouvernement sait qu'elles mécontenteront une partie de la population. Tout en étant inévitable, c'est aussi souhaitable, plaide l'essayiste. 

L'esprit démocratique a souvent été du côté de ce qui divise et fait débat. Les fausses unanimités, à propos des décisions prises par les gouvernants sans avoir fait l'objet de la moindre consultation de la population ni avoir fait l'objet de publicité, relèvent du déni démocratique, même si elles se veulent moralement bien intentionnées. On peut observer ce genre de comportements aussi chez nous.

Le populisme est néfaste, et probablement dangereux. L'élitisme de ceux qui imposent leur conception de la justice et de l'égalité à la majorité de la population l'est tout autant. Un réel consensus provient de questions qui divisent et dont on peut débattre. "Les pseudo-unanimités imposées ont rarement cette chance".

(Source: point de vue de Patrick Moreau dans Le Devoir d'aujourd'hui)

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