samedi 29 janvier 2022

L'avenir de l'homme est une femme

Aragon l'écrivait déjà. Le voeu de Françoise Giroud serait exaucé: la campagne présidentielle française présente plusieurs candidates, et aux premières places, près de 40 % des intentions de votes. Pour Françoise, " la femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente".

En Occident, le raz-de-marée s'accentue: les femmes sont les meilleures à l'école, elles sont majoritaires dans certains secteurs, elles sont maîtresses de leur corps. La révolution en cours est aussi récente que spectaculaire.

L'anthropologue de la famille et historien Emmanuel Todd a disséqué leur situation actuelle et les nouvelles contradictions en découlant, en passant au crible les racines de l'ascension des femmes. Dans Où sont-elles ? Une esquisse de l'histoire des femmes (Seuil), il parle de l'émancipation des femmes pour elles-mêmes et de leur apport pour l'ensemble de la société, de l'essor du secteur tertiaire, de la diminution de l'industrie, de la baisse de l'homophobie et de la hausse de l'individualisme.

Pour lui, une femme est tout être humain capable de porter un enfant, sauf accident de stérilité. Le modèle libéral a des systèmes familiaux nucléaires, le même système familial que les chasseurs-cueilleurs. Dans ces cultures individualistes, le statut des femmes est relativement élevé: L'émergence de l'agriculture a abaissé le statut des femmes. Le dépassement éducatif des hommes par les femmes est ancien: Dans les couples de classe moyenne, la femme est souvent davantage diplômée que l'homme, c'est l'hypogamie, par opposition à l'hypergamie. 

Le moteur de l'émancipation féminine est le développement de l'éducation, il porte la double potentialité d'une tertiarisation de l'économie et de l'avancée féminine. Pour Todd, dans une société moderne, les individus ne savent plus quoi attendre de la vie. Des déceptions surgissent. Les hommes sont toujours soumis à la même logique: travailler ou mourir de pauvreté. Il y a une opposition entre une classe moyenne très éduquée à domination féminine et une classe supérieure occupant les postes de pouvoir à domination masculine. 

Le féminisme antogoniste lui apparaît catastrophique pour les femmes 'es milieux populaires. Il empoisonne, selon Todd, les rapports entre hommes et femmes dans les milieux où l'on a le plus besoin de la solidarité du couple. L'idéologie du genre, qui fait plaisir aux petites-bourgeoises, a une responsabilité dans l'augmentation des familles monoparentales, de plus en plus présentes dans les milieux populaires et de moins en moins dans les catégories moyennes et supérieures. 

Dans l'évolution des sociétés occidentales, deux éléments li semblent centraux: l'émancipation de la femme et la montée du néolibéralisme et de l'individualisme économique. Dans la société chasseur-cueilleur, la chasse est masculine, la cueillette est féminine. Les produits de la chasse étaient répartis dans le groupe, ceux de la cueillette restent dans l'unité conjugale. Pour Todd, l'observation d'une hypertrophie du tertiaire, le déclin de l'industrie, le fait de ne pas prendre au sérieux des métiers considérés comme masculins entraînera un coût. Pour lui, nous le paierons un jour en matière de niveau de vie.

(Source: Le Point, numéro 2580 du 20 janvier)



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