vendredi 16 mai 2014

Le règne de la beauté de Denis Arcand près de chez nous

Un nouveau film écrit et réalisé par le réputé cinéaste québécois Denis Arcand arrive. Sorti depuis hier sur nos écrans, malgré les critiques sévères des critiques professionnels du cinéma, je suggère d'aller voir tout de même ce nouveau regard sur notre pays.
 
Arcand, devenu mature et approchant la fin d'une carrière renommée, semble nous présenter ici ses amours platoniques: la force de  l'amitié, la magnificence  de la nature, le plein air à larges poumons ouverts, le calme de la pêche, la pratique du  golf  entre amis, la patiente chasse au canard, le ski dans la splendide région de Charlevoix, le hockey pratiqué dans nos arénas, etc.  Il a su aussi  nous montrer sa vision de la beauté autant dans l'architecture du bâtiment bien conçu que dans l'architecture naturelle de notre environnement. Des fleurs de la spirée Van Houtte printanières aux feuilles jaunies et rougies de nos automnes en allant vers le tapis blanc de nos hivers, tout cela a été capté à travers les monts et vallées  québécois.
 
Peu de dialogues, beaucoup de cartes postales à la manière d'un documentaire, il a choisi de rendre un hommage au créateur Pierre Thibault, celui-là même qui a conçu le monastère des Cisterciens à Saint-Jean-de-Matha en plus d'avoir dessiné de très belles maisons à travers les campagnes pour des propriétaires exigeants. Il rend ainsi hommage aux nombreux artistes et artisans créatifs qui suivent leur imaginaire tout en le domptant pour le mettre au service des autres.
 
Évidemment une histoire d'amour et de tentation par l'infidélité se poursuit tout au long de ces 102 minutes de beauté. Les comédiennes Mélanie Thierry, Melanie Merkostky et  Marie-Josée Croze sont belles dans toute leur simplicité. Peu de maquillage, quelques nouvelles rides affirmant leur âge, des chevelures sobres, tout en nuances proches de la nature et éloignées du bruit.
 
Quelques incursions dans les grandes villes de Paris, Toronto, Québec nous accompagnent dans les moments de gloire ou de troubles intérieurs. La musique des cordes accompagne les sentiments amoureux, les bruits de rues achalandées accompagnent  les douleurs de l'indécision amoureuse. Un choeur dirigé par le réel chef Labadie de Québec accompagne les célébrations de Noël à l'église. De la grande musique sacrée accompagne les obsèques de l'ouvrier habile ( Michel Forget usé ) qui construisait les maisons conçues par l'architecte de carrière qui a réussi davantage ses activités professionnelles que sa vie personnelle, ce Luc interprété par Éric Bruneau, avec conviction, qui joue le moment où tu as peur de toi-même lui avait indiqué le réalisateur comme courte directive.
 
Une amoureuse, la torontoise Lindsay, pendant  quelques nuits partagées, une épouse, Stéphanie, dépressive qui attend trop souvent son mari très sollicité par sa carrière, quelques relations sexuelles explicites, quelques amours lesbiennes, le genre de vie présumé des gens qui ont réussi et qui s'égarent parfois à travers leur confort.
 
Quelques clins d'oeil aux thèmes soulignés dans ces films précédents s'y retrouvent: séjour dans un couloir à l'hôpital, une amie médecin lesbienne, des repas partagés entre amis autour d'une bonne table dans un décor champêtre, bref, des plaisirs pour le spectateur qui retrace ainsi d'anciens souvenirs de salles sombres déjà fréquentées.
 
Malgré les critiques très sévères, lues et entendues, en tant que profane et amateur du cinéma québécois, j'ai passé une belle soirée, satisfaite de retrouver de telles images de beauté, tant physique, naturelle qu'architecturale.
 
 

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