samedi 24 mai 2014

Des fous qui nous édifient

Avec la pièce de théâtre jouée présentement au Café-théâtre Les Beaux Instants par la compagnie de  Théâtre La Doublure, Abilifaïe Leponaix, j'ai découvert quatre schizophrènes qui m'ont aidée à mieux réfléchir à notre condition humaine. Par leur détresse, leur fragilité, leur simplicité, Martial Lalancette, le metteur en scène, a été touché.
 
L'auteur Jean-Christoph Dollé s'est inspiré de quelques paroles glanées par une psychologue lors d'un stage en milieu psychiatrique pour créer un monde inconnu par la plupart d'entre nous. Un monde de souffrances insoutenables et d'extrême lucidité en même temps, découvert lors d'un passage au festival d'Avignon en 2010 et qu'une équipe d'amoureux des mots a décidé de nous partager.
 
Le miroir, c'est le regard qu'on voit dans les yeux des autres, disait approximativement Ketty interprétée par Marie-Pierre Robidoux ou "Fais que je tire la chaîne de la toilette. Pour faire taire les voix. " ou " Si le monde acceptait, on n'aurait pas besoin de lutter. Parce que ces luttes-là, c'est une souffrance pour nous autres, j'vous jure."
 
"J'aimerais bien ça que quelqu'un me dise c'est quoi ça exactement être folle", disait Soizic interprétée par Kim Barsalo. Ou Antoine, dans la peau de William Smolla, qui s'interroge sur sa place au milieu de la société: "Nous-autres, on est au tout début de la chaîne, on est le plancton. Pis le plancton, où est-ce qu'on le planque-t-on ? Dans les Asiles. Ou Maxence, interprété par Marc Faucher dans: " Moé, je suis pas ministre de la culture pourtant j'ai des champignons partout."
 
Un univers tantôt dramatique tantôt comique, entrecoupé de courts vidéos et d'intermèdes musicaux improvisés par le guitariste Stéphane Tellier avec des thèmes appuyant chaque personnage.  Une soirée qui nous permet d'avance dans notre compréhension de l'être humain, non formaté comme la majorité, mais dont les phrases portent. On nous répète aussi que les câlins et les petits je t'aime  sont essentiels à l'épanouissement du petit de l'homme.
 
Seul le décor laissait un peu à désirer et la manipulation des accessoires pouvait agacer le spectateur, me semble-t-il. Mais les interprètes avaient su s'approprier les tics des malades, leur comportement insécure et craintif tout en nous offrant à voir des gestes de solidarité et d'entraide. Une belle soirée. Il reste une représentation ce soir, profitez-en.

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