mardi 22 septembre 2015

L'oubli: nécessaire à la marchandisation

On oublie tellement vite. L'histoire n'est pas à la mode. Vive l'éphémère qui règne partout et dans tout. Une pensée à long terme, trop difficile à organiser, devient dérisoire. Chacun répète sa course quotidienne. On brise si facilement les liens qui unissaient la personne avec les autres. Tout peut être dit et contredit, admet-on sans discussion. On reconnaît de moins en moins les génies qui nous ont laissé une mémoire, une tradition, une histoire. Les contenus reconnus diminuent et les contenants se multiplient toujours plus séduisants. On préfère se coller au présent. Notre ignorance se camoufle plus facilement en adhérant à ce qui est à la mode.
 
La stabilité, la permanence, une valeur fondamentale, une conception de l'humanité,  le sens qui discrimine l'essentiel et l'accessoire disparaîtront-ils de nos idées ?  Nous acceptons si rapidement la marchandisation qui étourdit et  permet d'oublier. Nous devenons confus. On pense le moins possible, on ouvre les écrans du téléviseur ou de l'ordinateur et on s' informe en continu.  On repasse les mêmes images en boucle. On ne prend plus le temps d'expliquer, de situer ni de commenter. L'intellectuel n'est pas écouté.
 
L'éphémère ne suffira pas à construire intelligemment nos pensées et nos choix.  Il faut continuer à penser qu'existe un au-delà de l'éphémère. L'histoire continue d'être un mot signifiant. Parfois il est bon de se le rappeler.
 
(Source: un texte de Marc Chabot, écrivain et parolier, publié dans Le Devoir)

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