mardi 4 janvier 2022

Sommes-nous en crise de la transcendance ?

La Révolution tranquille a-t-elle détruit la vieille tradition, ou même l'essentiel de la culture canadienne-française?, se demande Gérard Bouchard dans l'édition du 31 décembre de la page Idées du Devoir. Historien, sociologue, écrivain, enseignant à l'Université du Québec à Chicoutimi, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les imaginaires collectifs, Gérard Bouchard a vu neiger.

La Révolution tranquille aurait-elle accouché d'un vide qui apporterait des maux dont le Québec souffrirait, car une société sans boussole et dépourvue d'idéaux, d'équité sociale et de moralité civique est appelée à souffrir. Les élites conservatrices et religieuses, écrit-il, ont longtemps affirmé et revendiqué la supposée fibre spirituelle du Canadien français. Peut-on en retracer les expressions et les manifestations dans les milieux populaires ou parmi les élites laïques ?

L'harmonie et la cohésion, fondées sur les valeurs anciennes peuvent-elles se concilier avec des traits confirmés de notre société élitiste, sous-alphabétisée, inégale, intolérante, favorisant si peu la liberté, la démocratie, et appuyant la censure ? A-t-on liquidé la question de la transcendance en liquidant le radicalisme irréfléchi des années 1960, s'interroge-t-il ?

La transcendance réfère à ce qui relève du surnaturel, du divin. Dans l'humanisme, elle désigne le dépassement de soi. Le sacré désigne des valeurs, des idéaux implantés qui inspirent souvent des actes d'un altruisme exceptionnel. Souvent des incroyants sont inspirés par leur patriotisme, leur nationalisme ou simplement par leur humanisme.

Mais les mythes sociaux ou nationaux peuvent aussi conduire aux altruismes les plus élevés. Nous ne devons pas nous juger trop sévèrement, pense l'historien, car dans l'histoire des sociétés, même le mouvement réformiste le plus intègre, le plus vertueux, n'a pu  réaliser les grands rêves qui l'animaient à sa naissance ?


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