mardi 27 octobre 2015

Le TDAH: nature biologique ou sociale

Le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité suscite des débats. Hier soir, Claire Lamarche nous a présenté des enfants qui vivent avec ce trouble. Les parents, les médecins, les aides scolaires, les enseignants,  plusieurs personnes essaient de mieux comprendre ce phénomène qui dérange afin d'améliorer le bien-être de l'enfant, celui de sa famille et de son environnment académique et social.
 
Un psychiatre français Landman a publié un essai dans lequel il qualifie ce trouble de "fiction". Aussi le philosophe et socio-économiste J.-Claude St-Onge, spécialisé dans la critique de l'industrie pharmaceutique,  déduit plutôt, qu'en absence de preuves, que le TDAH est une "construction sociale". Ils reconnaissent tous les deux que l'inattention, l'impulsivité et l'hyperactivité existent et affectent les enfants. Pour eux, les causes de ces comportements ne se trouvent pas dans une pathologie du cerveau. Les enfants doivent être aidés, conviennent-ils, mais la source du problème est ailleurs. Ils veulent dénoncer le "dopage des enfants".
 
L'hypothèse la plus répandue dans la population pense la cause du TDHA  de nature biologique. Génétique, héréditaire, un dysfonctionnement de neurotransmetteurs, ce trouble est souvent traité par des médicaments psychostimulants (par exemple, le Ritalin). St-Onge rappelle qu'il "n'existe aucune mesure ou aucun test objectif pour identifier un TDAH".  Comme la prise de Ritalin réduit les symptômes liés au TDAH, on pense que la validité de l'hypothèse est valide. Mais le socio-économiste réplique que "ce n'est pas parce qu'un médicament améliore le comportement que cela nous procure la connaissance de la ou des causes." Tout comme l'alcool aide des timides à s'extérioser, on ne peut dire que la timidité est causée par le manque d'alcool au cerveau.
 
Si la cause était plutôt dans les dysfonctionnements sociaux, économiques ou scolaires ? La discorde, la faim, la précarité, les ruptures familiales peuvent aussi rendre un enfant inattentif. Le problème ne pourrait-il pas être autant social que médical ? La déformation professionnelle des médecins pourrait-elle les pousser à chercher des causes organiques ? Les budgets des écoles sont restreints. Les parents n'en finissent plus d'être culpabilisés. Le refuge du "pas de notre faute, c'est le cerveau " fait-il du bien à tout le monde ?
 
Dans certains cas graves d'inattention ou d'hyperactivité, des causes organiques pourraient être découvertes, convient St-Onge. Mais il persiste à proposer de rechercher les conditions sociales qui sont "les principaux déterminants de la santé", bien plus que la biologie et les gènes. Il suggère de limiter l'usage des psychostimulants et d'explorer des interventions de type comportemental, la formation des parents, les heures de sommeil, le jeu à l'extérieur et des stratégiees d'enseignement imaginatif.
 
Pour prévenir, il préfère parler de "sortir les gens de la pauvreté, de l'ignorance, des conditions de travail nuisibles, des environnements toxiques tant sur le plan écologique que social".  Il vient  de publier: Pour en finir avec le dopage des enfants aux éditions Écosociété.
 
En attendant, Claire Lamarche nous proposera une autre réflexion sur le TDAH chez les adolescents et chez les adultes dans les prochaines semaines. Nous pourrons en connaître davantage et diminuer ainsi les préjugés souvent dévastateurs  des gérants d'estrade.
 
(Source: Le Devoir, du 19 et 20 septembre et du 24 septembre et Télé-Québec)
 
 

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