lundi 19 octobre 2015

La prostitution et le syndrome de choc post-traumatique

Les séquelles sont semblables selon une psychologue allemande, Ingeborg Kraus. La journaliste Sarah R. Champagne, du Devoir, a rencontré cette spécialiste du syndrome du choc post-traumatique (SCPT) et une Irlandaise de Dublin de 39 ans qui a mis plus de dix ans à sortir d'une expérience de sept ans de prostitution durant l'adolescence. De passage à Montréal, pour offrir une conférence, elles reconnaissent toutes deux que la prostitution est une violence.
 
Les effets psychologiques de vendre son corps sont cliniquement semblables à ceux observés en terrain de guerre. "Les phénomènes naturels de dégoût, de mépris ou de peur sont déconnectés". Un état dissociatif s'installe, le corps s'anesthésie. Mais ces expériences s'enregistrent tout de même dans une boîte noire, dans la mémoire traumatique. Comme les soldats à leur retour, les femmes qui sortent de ce milieu ressentent une "bombe à retardement" de ce "vécu en désordre".   Des troubles affectifs ou psychosomatiques, l'angoisse, la marginalisation accompagnent ce vécu. La Dre Kraus explique, qu'après un long traitement du SCPT, les femmes vivent un "réveil, un  véritable printemps, elles sont étonnées de retrouver les odeurs, le toucher et même les saveurs".
 
Le deni les portait à penser que c'était un métier comme un autre, la violation sexuelle étant "compensée" par l'argent. Pourtant les autres formes de violence ne peuvent être compensées ainsi. La violence conjugale ou l'agression sexuelle ne sont pas acceptée. Au lieu d'être des victimes, elles prennent maintenant la parole comme "survivantes". Un manifeste signé en 2014 par une cinquantaine de psychothérapeutes postule que:
  • la prostitution est humiliante et dégradante
  • une continuation de la violence
  • les hommes doivent prendre leurs responsabilités
Dre Kraus s'indigne de cet enjeu d'égalité sociale. La majorité des prostituées ont subi dans l'enfance de la violence sexuelle ou physique ou une forme de négligence. Ce n'est pas un libre choix individuel mais un désavantage social, un manque écrasant de possibilités . Ce commerce est évalué à 15 milliards d'euros, sous le contrôle du crime organisé allemand.
 
Dre Kraus ivite les hommes, dont la majorité ne consomme pas de sexe rémunéré, à se manifester pour faire partie du virage.  Elle milite pour l'adoption du "modèle nordique" que le Canada a adopté en 2014.
 
 

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