lundi 15 décembre 2014

Immoral, même si légal

L'an dernier, une étude de l'Institut Fraser mettait Bombardier au second rang, après Pratt ET Whitney Canada, parmi les 25 entreprises ayant été le plus soutenues par les largesses financières fédérales avec plus d'un milliard de dollars entre 1961 et 2012.
 
Nous apprenons que Bombardier a choisi de transférer des centaines de millions de dollars au Luxembourg pour épargner des paiements d'impôt au Québec et au Canada. En passant par ce petit pays européen de 500 000 habitants, avec des mécanismes complexes de déplacements de fonds et un accord conclu avec ce pays, Bombardier prive les gouvernements d'ici des impôts dus sur des revenus de 500 millions.  Des firmes d'experts-comptables sont complices de cette optimisation fiscale légale mais immorale, selon l'éditorial du Devoir de ce matin.
 
L'éditorialiste Jean-Robert Sansfaçon relève que c'est un mal de ce siècle. Des centaines de multinationales cherchent à éviter l'impôt et utilisent de telles adresses, case postale pratique pour protéger la compétitivité des géants.
 
N'est-il pas malsain que certains petits pays privent les gouvernements voisins de revenus légitimes ? Les gouvernements savent, sont complices de ces manoeuvres et continuent d'aider ces quémandeurs de fonds publics tout en acceptant d'être privés de revenus fiscaux toujours déclarés insuffisants.
 
L'Europe et les États-Unis ont récemment décidé de lutter contre l'évasion fiscale. Il serait nécessaire que tous les gouvernements luttent ensemble, incluant le Canada, pour que ce soit efficace. Les contribuables sont de mieux en mieux informés et n'apprécient pas que les riches mendiants empochent les générosités de l'État et que les inégalités s'accroissent au pays. L'OCDE a conclu en décembre que "jamais en 30 ans le fossé entre riches et pauvres n'a été aussi prononcé dans la plupart des pays" membres   de cette Organisation de coopération et de développement économiques.
 
Les bienfaits de la croissance ne se redistribuent pas automatiquement vers les couches les plus modestes de notre société. Ce rapport souligne le fait que redistribuer n'est pas un frein à la croissance. L'OCDE ajoute que " les politiques qui contribuent à en enrayer le développement ou à inverser la tendance feront les sociétés les plus riches, en plus de les rendre moins injustes. " De plus "les pouvoirs publics doivent se préoccuper plus généralement du sort des 40 % les plus défavorisés"  et non pas seulement des pauvres ou des 10 % des gens au bas de l'échelle, car la croissance le commande.
 
Les dépenses sociales ont diminué au Canada depuis 2009, nous apprend l'OCDE. Tout comme en Allemagne, en Islande, en Irlande et au Royaume-Uni, des baisses importantes de redistribution de la richesse apparaissent  ici. Ceci démontre que  le slogan des néolibéralistes clamant que la richesse des géants est nécessaire pour une bonne redistribution et l'enrichissement collectif de tous les citoyens ne tient pas la route puisque les inégalités augmentent et les injustices continuent.
 
Il ne faut pas croire tout ce qu'on nous raconte. Les géants économiques recherchent toujours davantage de profits et utilisent tous les moyens légaux pour y arriver. Si les moyens sont injustes, les législateurs ont la responsabilité d'établir des règles nouvelles pour rétablir une meilleure justice. La paix a besoin de  la justice pour s'harmoniser.

(Source: Le Devoir)


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