dimanche 5 décembre 2021

Journée mondiale des sols

On creuse dans le sud du Québec à la recherche du graphite. À Saint-Michel-des Saints, Nouveau Monde graphite pourrait devenir la plus grande exploitation de graphite en Occident. La minière a reçu le feu vert de Québec. En début 2022, elle pourra compter sur l'appui de la municipalité. Pourtant des citoyens demeurent déterminés à l'arrêter. Pas de minières dans les zones de villégiature du sud de la province.

Éric Desaulniers, p.-d.g. de Nouveau Monde graphite et géologue de formation, énonce que son projet de mine à ciel ouvert de Matawinie, à deux heures de Montréal, à côté du lac aux Pierres, au sud du parc régional du Lac-Taureau, dans Lanaudière est le projet le plus avancé en Amérique du Nord.

Pendant 26 ans, la mine extraira 100 000 tonnes de graphite, par année, de son gisement, dont la teneur s'élève à près de 4,35 % de graphite.

La moitié des composantes de la batterie lithium-ion, soit environ 95 % de l'anode, est le graphite. La Chine occupe actuellement plus de 85 % de la production de tous les anodes (graphite natuel et synthétique) et 100 % des anodes constituées de graphite naturel, selon les données de Benchmark Minerals, nous explique Clémence Pavic dans Le Devoir de ce week-end. Le graphite est nécessaire si on veut prendre le virage électrique des transports.

Devant commencer en 2024, la minière arrimera le développement de la mine à celui de l'usine de transformation de Bécancour, dont les activités commerciales débuteront en 2025. À Bécancour, on transformera le graphite en matériel d'anode, pour une valeur ajoutée. Près de 60 % de la production de la mine sera transformée à Bécancour pour l'industrie des batteries électriques.

Aucune entente n'est signée entre la communauté autochtone atikamekw et l'entreprise. En mars 2021, le Conseil des Atikamekw de Manawan voulait obtenir des redevances de 250 millions de dollars de la part de l'entreprise. Le p.-d.g. Desaulniers explique "on va donner environ 30 millions au gouvernement du Québec en redevances minières. Les Atikamekw veulent leur juste part du gâteau. Ça dépasse vraiment ce qu'on peut faire...c'est réellement une discussion à trois".

Les villégiateurs s'inquiètent des répercussions du projet minier sur l'environnement et sur l'écosystème touristique. "On n'a toujours eu qu'un seul son de cloche; celui du promoteur et du conseil municipal qui appuie le projet minier", déplore May Dagher, porte-parole de la Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Matawiniw (COPH).

Un rapport du BAPE, déposé en juin 2020, soulignait que l'échantillon du sondage Léger comportait 5 % de villégiateurs, alors qu'ils forment environ 50 % de la population résidant sur le territoire de la municipalité de Saint-Miche-des-Saints.

Hugo Lapointe, fondateur de Québec meilleure mine, explique que " si on veut prétendre à faire du transport vert, il faut que la chaîne soit verte du début à la fin". "Actuellement, c'est free for all". Des municipalités se mobilisent pour que le gouvernement révise la Loi sur les mines. Revoir les critères des territoires incompatibles à l'activité minière au Québec, car "on n'est pas capables de protéger nos lacs, nos rivières et nos milieux de villégiature" ajoute Ugo Lapointe.

D'autres projets ont plus de sens, selon m. Lapointe. "Mason Graphite et Focus Graphite, présentent certains avantages. Leur teneur en graphite est plus élevée. Ils sont sur la Côte-Nord, il y a une très bonne acceptabilité sociale et ils ne sont pas dans les zones de villégiature".

Lapointe insiste que "le défi, c'est d'y accéder et de gérer les coûts sociaux-environnementaux", car la demande explose et les réserves mondiales sont importantes.


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