Voici
le slogan martelé par Bruno Marchand, le directeur général de l’Association
québécoise de prévention du suicide. Plus de 1100 familles sont frappées par le
suicide annuellement au Québec. Cette semaine de prévention du suicide qui a
débuté hier devrait nous faire tous réfléchir. Les hommes sont 3,4 fois
plus à risque que les femmes, surtout ceux entre 35 et 49 ans. Le taux de
suicide diminue au Québec depuis 1999. Mais on meurt tout de même 2 fois plus
du suicide que d’un accident de la route.
La
psychiatre des urgences Suzanne Lamarre publie présentement le livre : Le suicide, l’affaire de tous. Elle
propose une approche qui fait participer les proches de la personne suicidaire
comme une partie prenante qui n’a pourtant pas l’entière responsabilité sur ses
épaules.
Le
chef de département au service d’aide de la police de Montréal (SPVM) et
psychologue Normand Martin explique que, de 29 suicides par 100 000
habitants chez les policiers en 1980, le taux a été réduit à 6,8 depuis la mise
en place de ce service d’aide. Alors que dans les autres corps policiers, ce
taux demeure à 26. Les ressources mises en œuvre font parfois une grande
différence, nous explique Amélie Daoust-Boisvert dans l’édition du 31 janvier
du Devoir.
Laure
Waridel, éco-sociologue et doctorante, participe à la promotion de la santé
mentale. Elle a été témoin de deuils reliés au suicide depuis sa tendre
enfance. Elle connaît l’impact d’infinie tristesse sur les proches. Le suicide
entraîne une souffrance chez ceux qui restent, ce ne peut plus être entrevu
comme un possible soulagement de la souffrance, nous rappelle-t-elle en
entrevue avec Catherine Perrin, ce matin, à Radio-Canada.
Dre
Lamarre nous souligne, à cette même émission radiophonique, l’importance de
remettre les acteurs concernés au centre des interventions, d’inviter les
personnes qui seraient aux funérailles du suicidé, s’il y avait échec dans la
prévention, à réfléchir aux divers moyens pour terminer un tel moment de
détresse chez le suicidaire. Une telle personne souffrante pense qu’elle ne
vaut rien, que personne ne pourra l’aider et que cet état ne changera jamais.
Mais toute personne a besoin des autres dans une interdépendance normale.
Pourquoi ne pas développer des communautés d’entraide ? nous soumet l’éco-sociologue.
Chacun doit développer des relations interpersonnelles satisfaisantes. Dans une
société d’hyper-performance, il faudra se rappeler que je ne suis pas une erreur même si j’ai fait une erreur, nous rappelle Dre Lamarre.
Le
suicide est imprévisible. L’aidant n’a pas à devenir un sauveur car le
suicidaire ne souhaite pas devenir un sauvé, une notion qui le diminue encore
davantage. Tout comme chacun fait réparer un équipement défectueux, pourquoi
hésite-t-on tant à consulter un réparateur quand la souffrance brise l’humain?
Un robot, quand il ne fonctionne plus, on l’élimine, l’être humain ne peut être
réduit à être perçu comme un robot fonctionnel. L’Institut national de la santé
publique (INSPQ) nous invite à réfléchir à ce sujet durant cette semaine de
prévention du suicide.
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