lundi 3 février 2014

Tu es important pour nous


 
Voici le slogan martelé par Bruno Marchand, le directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide. Plus de 1100 familles sont frappées par le suicide annuellement au Québec. Cette semaine de prévention du suicide qui a débuté hier devrait nous faire tous réfléchir. Les hommes sont 3,4 fois plus à risque que les femmes, surtout ceux entre 35 et 49 ans. Le taux de suicide diminue au Québec depuis 1999. Mais on meurt tout de même 2 fois plus du suicide que d’un accident de la route.

La psychiatre des urgences Suzanne Lamarre publie présentement le livre : Le suicide, l’affaire de tous. Elle propose une approche qui fait participer les proches de la personne suicidaire comme une partie prenante qui n’a pourtant pas l’entière responsabilité sur ses épaules.

Le chef de département au service d’aide de la police de Montréal (SPVM) et psychologue Normand Martin explique que, de 29 suicides par 100 000 habitants chez les policiers en 1980, le taux a été réduit à 6,8 depuis la mise en place de ce service d’aide. Alors que dans les autres corps policiers, ce taux demeure à 26. Les ressources mises en œuvre font parfois une grande différence, nous explique Amélie Daoust-Boisvert dans l’édition du 31 janvier du Devoir.

Laure Waridel, éco-sociologue et doctorante, participe à la promotion de la santé mentale. Elle a été témoin de deuils reliés au suicide depuis sa tendre enfance. Elle connaît l’impact d’infinie tristesse sur les proches. Le suicide entraîne une souffrance chez ceux qui restent, ce ne peut plus être entrevu comme un possible soulagement de la souffrance, nous rappelle-t-elle en entrevue avec Catherine Perrin, ce matin, à Radio-Canada.

Dre Lamarre nous souligne, à cette même émission radiophonique, l’importance de remettre les acteurs concernés au centre des interventions, d’inviter les personnes qui seraient aux funérailles du suicidé, s’il y avait échec dans la prévention, à réfléchir aux divers moyens pour terminer un tel moment de détresse chez le suicidaire. Une telle personne souffrante pense qu’elle ne vaut rien, que personne ne pourra l’aider et que cet état ne changera jamais. Mais toute personne a besoin des autres dans une interdépendance normale. Pourquoi ne pas développer des communautés d’entraide ? nous soumet l’éco-sociologue. Chacun doit développer des relations interpersonnelles satisfaisantes. Dans une société d’hyper-performance, il faudra se rappeler que je ne suis pas une erreur même si j’ai fait une erreur,  nous rappelle Dre Lamarre.

Le suicide est imprévisible. L’aidant n’a pas à devenir un sauveur car le suicidaire ne souhaite pas devenir un sauvé, une notion qui le diminue encore davantage. Tout comme chacun fait réparer un équipement défectueux, pourquoi hésite-t-on tant à consulter un réparateur quand la souffrance brise l’humain? Un robot, quand il ne fonctionne plus, on l’élimine, l’être humain ne peut être réduit à être perçu comme un robot fonctionnel. L’Institut national de la santé publique (INSPQ) nous invite à réfléchir à ce sujet durant cette semaine de prévention du suicide.

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