mardi 12 mai 2015

"Quand on viole l'état de droit, on viole la démocratie."

Frédéric Bérard, spécialiste du droit constitutionnel, nous rappelle qu'ainsi  "cela devient la loi du plus fort. Et le plus fort, c'est l'État, c'est la police." Il affirme qu'il est rentable politiquement de violer les droits fondamentaux. La population appuie silencieusement la petite dérive autoritaire de la répression et l'État policier se met doucement en place.
 
Lors de manifestations  illégales, les contrevenants ont des conditions de libération, dont celle d'éviter de se trouver dans une manifestation illégale, pour ne pas risquer la prison. Comme la majorité des manifestations sont déclarées illégales, l'avocate Véronique Robert considère que  cela équivaut à nier le droit de manifester. Les casseurs, il est normal de les arrêter. Mais les innocents qui ne font rien de mal, pourquoi ?.
 
Les perturbations sociales du printemps 2015, sous toutes les formes de manifestations, sont réprimées dans un contexte de durcissement, selon Denis Saint-Martin, professeur au Département de science politique de l'Université de Montréal. Perturber l'ordre public et l'État policier doucement s'installe. Cela fait bien l'affaire du pouvoir. Un manifestant arrêté cesse de critiquer et entre dans ses terres. Les gens ont  peur et se taisent. Et le 1 % peut décider ce qui est le mieux, selon ses propres intérêts.
 
La loi C-51, adoptée à Ottawa la semaine passée, donne aussi de nouveaux pouvoirs aux forces de l'ordre. Au nom de la lutte contre le terrorisme, l'autoritarisme s'installe.
 
L'égalité des chances a déjà été  un objectif pourtant. Les pouvoirs publics y croyaient durant les années 1960, 1970 et 1980. Ils ont mis en place des mesures pour y arriver en améliorant l'éducation et la santé. Des moyens reconnus pour permettre de mieux réussir dans la vie et mieux réussir sa vie tout en accélérant la montée des marches de l'échelle sociale.
 
Maintenant, on pense surtout restrictions budgéraires dans les domaines de l'éducation et de la santé. Un paradoxe remarquable. L'utilisateur-payeur s'insère lentement dans les mentalités. On aidera le bien-nanti de peur qu'il aille investir ailleurs ou qu'il vote autrement.
 
Les inégalités sociales inquiètent dorénavant même le Fonds monétaire international, le Forum économique de Davos et l'OCDE.  Les débats publics s'en préoccupent. Un nouveau risque qui pourrait devenir source de graves dégâts dans le monde au cours des prochaines décennies.
 
(Source: Le Devoir)

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