Mémoire
Concernant le
PROJET PARC ÉOLIEN PIERRE-DE-SAUREL
Par
Liette Parent-Leduc
Saint-Robert
Présenté à Madame Anne-Lyne Boutin,
coordonnatrice
BUREAU D’AUDIENCES PUBLIQUES SUR
L’ENVIRONNEMENT
1
Je suis née à Saint-Robert dans le rang Saint-Thomas et suis
maintenant résidente au centre du village de Saint-Robert. Je m’intéresse à la res publica depuis longtemps. Je m’informe à travers les
médias locaux, régionaux, nationaux et internationaux. Je participe, le plus
souvent possible, aux rencontres d’information formelles soit physiquement soit
par la voie de l’internet. Je m’intéresse à ce projet d’abord parce qu’il
concerne l’environnement de mon milieu de vie quotidien et aussi parce qu’il
aura un impact, s’il se développait, sur les finances publiques régionales et
nationales. Et comme le précisait votre affiche invitante à l’avant de la
scène, lors de la première partie de votre intervention à Yamaska : Notre participation est essentielle.
La préoccupation
environnementale m’interpelle. Un ciel robertois souvent choisi par
d’innombrables oiseaux migrateurs au printemps, un milieu agricole reconnu par
son exceptionnelle qualité, un paysage enchanteur pour le regard admiratif de
ses habitants, une qualité de vie exemplaire pour sa tranquillité champêtre pour
le peu de bruit qui s’en dégage, un patrimoine défriché par mes ancêtres qui
mérite respect et traitement judicieux; tout cela m’invite à rédiger ce texte
aujourd’hui.
Comment affirmer la légitimité de ce projet ? Le 20 mai
dernier, lors d’une rencontre du BAPE à Yamaska, à une question de monsieur Yanick Caisse,
résident de Sorel-Tracy, « Qui sont
les instigateurs de ce projet ?, le directeur général de la MRC
Pierre-de-Saurel, monsieur Denis Boisvert, ne peut nommer les personnes responsables, vaguement, ce seraient deux maires de notre MRC qui en ont
discuté avec les neuf autres maires et ont répondu à l’appel d’offres
d’Hydro-Québec. Au départ, ce serait, explique-t-il, l’ajout d’un volet
entrepreneurial dans la Loi sur les
compétences municipales édictée originalement le 1er janvier
2006. À la section II sur l’énergie du chapitre III sur les compétences
exclusives d’une municipalité régionale de comté, on peut lire : Toute municipalité régionale de comté peut
constituer, avec une entreprise du secteur privé, une société en commandite
pour produire l’électricité au moyen de l’énergie éolienne ou d’une centrale
hydroélectrique. Dans le but de diversifier les revenus de la MRC, le conseil
des élus a d’abord proposé une centrale hydroélectrique à Saint-Ours sur la
rivière Richelieu, nous révèle-t-on ce soir-là. L’analyse de ce projet s’est
avérée comme projet non rentable et a été tablettée
(sic). Cet échec a fait place à une étude de préfaisabilité de la MRC pour
l’énergie éolienne et Hydro-Québec
paierait 0,095 $ le kilowatt selon les discussions de 2008. Si le prix était haussé au-delà de 0,11 $, la
MRC irait de l’avant et continuerait les analyses. Au printemps 2009, le
nouveau tarif de 0,125 $ est annoncé et la démarche est enclenchée. La proposition de ce projet 100 % communautaire remporte le maximum de points à ce sujet et
seul, de ce genre entièrement communautaire, l’autorisation est accordée pour
poursuivre dans cette voie de politique énergétique.
Toutefois, les citoyens de la MRC Pierre-de-Saurel sont
informés par des séances d’information ponctuelles, proches de soirées positivistes de propagande,
pour obtenir l’appui des conseils municipaux des 12 municipalités constituantes
de notre MRC. Les manufacturiers de Gaspésie pour certaines composantes, des
fournisseurs allemands pour d’autres, des représentants de diverses firmes de consultants, tous sont
unanimes à regarder les aspects positifs de cette nouvelle source potentielle
de revenus à partir de la livraison d’énergie, dès le 1er décembre
2015.
Mais, plus tard dans la soirée du 20 mai dernier, monsieur
David Forcier, aussi résident du rang Saint-Thomas, à proximité d’une éolienne
planifiée sur les terres face à son domicile,
veut savoir si les éoliennes
seront vertes, recyclées lors de leur démantèlement prévu en 2035-2036? L’équipe des promoteurs répond que le coût du
démantèlement a été calculé avec une estimation sécuritaire, car on prévoit un
coût d’élimination sans recyclage, par enfouissement. Première réflexion
environnementale tronquée.
Quand madame Martine Champagne, résidente aussi du rang
Saint-Thomas, s’informe s’il y a une
autre option que le démantèlement après les 20 ans d’usage, on lui répond
que dans le contexte réglementaire actuel, on s’en tient à l’appel d’offres
seulement et aucune offre de renouvellement n’est prévue actuellement. Le
démantèlement au coût prévu de 8 000 000 $ ferait partie des budgets
annoncés.
Monsieur Maurice Séguin de Saint-David, municipalité à
proximité de celle d’Yamaska, s’interroge
sur les raisons de ne pas avoir tenu de référendum sur l’intérêt et
l’acceptation de la population des trois municipalités concernées,
Saint-Robert, Saint-Aimé et Yamaska . On nous répond que les maires connaissent bien leur milieu respectif et n’ont pas jugé
opportun de faire un tel référendum. Les maires (ou maire suppléant) des 3
municipalités concernées confirment alors qu’aucun citoyen n’avait manifesté de
contestation à ce sujet. Que tout le
monde sont (sic) en accord avec ce
projet (madame Liebert, mairesse de
Saint-Aimé) et que, pour monsieur Salvas, maire de Saint-Robert, c’est unanime, à la municipalité de Saint-Robert,
pour le gain économique ». Il y aurait déjà 2,5 millions $ investis,
un nouveau mât de 100 mètres sera installé en mi-août 2014 au coût de
300 000 $, et ce, avant même que le
BAPE n’ait rédigé son rapport suite aux présentes audiences publiques.
Toutefois, un coûteux droit de retrait de l’une ou l’autre
des municipalités locales de la MRC Pierre-de-Saurel, expliqué par monsieur
Denis Boisvert ce 21 mai dernier, en relation à ce
projet éolien, a été établi par un
règlement adopté en janvier 2013 par
le conseil de la MRC. Ce règlement ne facilite plus les discussions divergentes
entre les élus et leurs concitoyens respectifs.
Les prévisions optimistes fournies, ces 20 et 21 mai derniers,
sont celles basées sur les opérations des 5 premières années. Un bénéfice est attendu
de près de 17 % des revenus bruts Mais les mécanismes des éoliennes
vieillissent mal sous nos climats extrêmes. Les garanties des fabricants sont
très souvent de 5 ans. Les frais d’entretien seront probablement croissants
avec l’usage. Alors les bénéfices se transformeront-ils en perte nette ?
Ce projet fait monter
de plus en plus de questions et d’inquiétudes sur les bénéfices potentiels
déterminés avant même de connaître toutes les réponses aux questions posées les
20 et 21 mai devant le BAPE à Yamaska.
Les suivis sur la faune qui pourrait être affectée par ce
projet d’éoliennes seront faits selon les événements qui surviendront. On nous
assure qu’il y aura un suivi environnemental mais on précise difficilement
combien de personnes y seront mobilisées, à quelle cadence seront
recueillies les dépouilles d’oiseaux au
pied des éoliennes, … Un suivi nous est assuré sur le contrôle des règles, sur
les activités conformes aux autorisations fournies par les gouvernements et
ministères, sur les travaux, selon les
valeurs des individus, des groupes et des collectivités. Mais des détails
imprécis persistent sur les suivis qui seront effectués afin de diminuer
l’impact sur la vie de la faune et des humains et sur l’environnement sonore ou
visuel des résidents du secteur touché.
On annonçait le 23 avril dernier, à Yamaska, devant monsieur
Alexandre Tardif, un conseiller en communication du BAPE, qu’une halte
d’observation avec stationnement serait aménagée pour permettre aux touristes
d’observer les éoliennes en marche. Monsieur Jacques Cartier, résident de
Saint-Aimé et conjoint de la mairesse, interroge et s’inquiète si les chemins à vocation agricole
seront encombrés par des touristes impatients et perturbateurs des activités
agricoles habituelles.
Le 21 mai encore, la confirmation d’une telle halte et stationnement
était devenu imprécise et s’enfonçait dans les incertitudes.
La commission sur les enjeux énergétiques du Québec a reconnu
en février dernier que le développement des éoliennes en surplus dépassait largement nos besoins, pour les vingt prochaines années. Le coût
d’achat de la production des éoliennes dépasse largement (3 à 4 fois) le prix
que cette nouvelle énergie pourra être revendue. Cette perte sera assumée par la
hausse actuelle, depuis avril, et future des tarifs d’électricité de tous les
usagers résidentiels d’Hydro-Québec. Est-il légitime de faire payer par la
population québécoise entière une externalité du projet d’éoliennes de notre
MRC pour diversifier ses revenus, tout en tenant compte de l’acceptabilité
sociale nouvellement connue inférieure aux informations véhiculées
antérieurement et aux risques environnementaux pour la faune et à la diminution
de 12 hectares de superficie agricole exceptionnelle.
L’échéancier présenté le 23 avril exposait l’étape des plans
et devis dès l’été 2014, le début de la construction en automne 2014 alors que
le rapport du BAPE peut être remis 4 mois après les présentes audiences et que
le décret gouvernemental peut être émis 2 mois après le rapport du BAPE. Le
temps n’est pas compressible. Un retard
dans la production prévue à partir du 1er décembre 2015 entraînerait
des pénalités de l’ordre potentiel de millions de $. Le financement n’est pas
encore ficelé en date du 21 mai. Les investisseurs sauront rapidement que le
temps presse et que la négociation est urgente.
Le pouvoir de négociation sera affaibli d’autant pour les promoteurs de
ce projet et la MRC. Demeurent encore de nombreuses incertitudes, nombreuses
interrogations non concluantes, nombreuses inquiétudes sur les impacts sur la santé
des animaux, oiseaux et humains de la zone rapprochée des éoliennes.
Et si la rentabilité n’était pas au rendez-vous selon les
prévisions des spécialistes consultés, qui paiera la note ? Évidemment, 100 %
communautaire, impact de 100 % sur l’ensemble des contribuables ? Et les
décideurs, les promoteurs et les
propriétaires des terres agricoles accueillant les éoliennes ne perdraient rien
(n’ayant pas investi personnellement de leurs propres ressources financières) pour leurs décisions prises sans la consultation
appropriée et souhaitable des mêmes contribuables potentiellement payeurs ?
Un projet non essentiel pour notre région, ni pour les
besoins énergétiques de la population québécoise pour un avantage aussi risqué
pour la faune, l’agriculture, la qualité de vie des résidents à proximité de l’installation
du parc éolien ? Le jeu en vaut-il la
chandelle ?
Pour ces divers éléments, je recommande, monsieur le
commissaire, de ne pas autoriser ce projet éolien de la MRC Pierre-de-Saurel
tant que les besoins énergétiques du Québec n’en démontreront pas l’apport positif pour tous les
contribuables de notre belle province. Aussi je propose plutôt d’augmenter les
capacités de recherche et développement de technologies mieux adaptées à nos
conditions climatiques, fabriquées au Québec, par de la main-d’œuvre qualifiée
et québécoise plutôt qu’encourager des entreprises qui conçoivent leurs
produits en Allemagne.
Les symptômes de troubles de
sommeil et du repos, de céphalées, de trémulations (agitation involontaire),
d’acouphènes semblent découler de l’effet stroboscopique et troublent la santé
des humains. Chez le bétail, les chevaux
et les chiens, très sensibles à leur environnement, on semble détecter des
états anxieux, une diminution de la productivité laitière, des comportements
hostiles et agressifs.
Leurs études , selon ce document,
attestent toutes que les nuisances
sonores produites par les éoliennes sont réelles et soulèvent des effets
néfastes sur la santé. Même des bruits assez discrets et non uniformes
deviennent obsédants et insupportables car ils sont rythmés (semblable au
supplice de la goutte d’eau obsédante). Ils ont à l’usure des personnes même
éloignées du parc éolien et entraîneraient une anxiété permanente, selon des
témoignages de témoins et de médecins selon les conditions climatiques de la
période observée, même à une distance de 1 609 mètres (un mille).
En octobre 2005, à l’initiative d’une
association d’acousticiens (INCE Europe), une première conférence scientifique
sur le bruit des éoliennes a été tenue. On parle alors de « traumatisme
sonore chronique » connu depuis longtemps. Selon l’Organisation mondiale
de la santé, le sommeil est perturbé si le bruit ambiant dépasse 35 dB, et
c’est ici le cas selon les données
fournies par les promoteurs lors de la séance du 23 avril dernier devant la
commission.
Au Danemark, le gouvernement a
même arrêté l’installation de nouvelles
éoliennes terrestres, à cause des risques pour la santé. On termine le document en soulignant que les
niveaux sonores ne doivent pas dépasser de plus de 5 dB le jour et 3 dB la nuit
pour un niveau de bruit ambiant supérieur à 30 dB. Même si le niveau sonore ne dépasse pas la
loi, on remarque que le bruit des éoliennes est clairement dérangeant et
désagréable et peut avoir des effets psychologiques et gâcher la vie des
gens.
Je vous remets le document ici,
monsieur le commissaire.
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