jeudi 19 juin 2014

Le mémoire que j'ai présenté hier au BAPE sur le parc éolien Pierre-de-Saurel

 
Mémoire
 
Concernant le
PROJET PARC ÉOLIEN PIERRE-DE-SAUREL
 
 
Par
Liette Parent-Leduc
Saint-Robert
 
 
Présenté à Madame Anne-Lyne Boutin, coordonnatrice
BUREAU D’AUDIENCES PUBLIQUES SUR L’ENVIRONNEMENT
 
 
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Je suis née à Saint-Robert dans le rang Saint-Thomas et suis maintenant résidente au centre du village de Saint-Robert. Je m’intéresse à la res publica  depuis longtemps. Je m’informe à travers les médias locaux, régionaux, nationaux et internationaux. Je participe, le plus souvent possible, aux rencontres d’information formelles soit physiquement soit par la voie de l’internet. Je m’intéresse à ce projet d’abord parce qu’il concerne l’environnement de mon milieu de vie quotidien et aussi parce qu’il aura un impact, s’il se développait, sur les finances publiques régionales et nationales. Et comme le précisait votre affiche invitante  à l’avant de la scène, lors de la première partie de votre intervention à Yamaska : Notre participation est essentielle.
La  préoccupation environnementale m’interpelle. Un ciel robertois souvent choisi par d’innombrables oiseaux migrateurs au printemps, un milieu agricole reconnu par son exceptionnelle qualité, un paysage enchanteur pour le regard admiratif de ses habitants, une qualité de vie exemplaire pour sa tranquillité champêtre pour le peu de bruit qui s’en dégage, un patrimoine défriché par mes ancêtres qui mérite respect et traitement judicieux; tout cela m’invite à rédiger ce texte aujourd’hui.
Comment affirmer la légitimité de ce projet ? Le 20 mai dernier, lors d’une rencontre du BAPE à Yamaska,  à une question de monsieur Yanick Caisse, résident de Sorel-Tracy, «  Qui sont les instigateurs de ce projet ?, le directeur général de la MRC Pierre-de-Saurel, monsieur Denis Boisvert,  ne peut nommer les personnes  responsables, vaguement, ce seraient deux maires de notre MRC qui en ont discuté avec les neuf autres maires et ont répondu à l’appel d’offres d’Hydro-Québec. Au départ, ce serait, explique-t-il, l’ajout d’un volet entrepreneurial dans la Loi sur les compétences municipales édictée originalement le 1er janvier 2006.  À la section II sur l’énergie  du chapitre III sur les compétences exclusives d’une municipalité régionale de comté, on peut lire : Toute municipalité régionale de comté peut constituer, avec une entreprise du secteur privé, une société en commandite pour produire l’électricité au moyen de l’énergie éolienne ou d’une centrale hydroélectrique. Dans le but de diversifier les revenus de la MRC, le conseil des élus a d’abord proposé une centrale hydroélectrique à Saint-Ours sur la rivière Richelieu, nous révèle-t-on ce soir-là. L’analyse de ce projet s’est avérée comme projet non rentable et a été tablettée (sic). Cet échec a fait place à une étude de préfaisabilité de la MRC pour l’énergie éolienne  et Hydro-Québec paierait 0,095 $ le kilowatt selon les discussions de 2008.  Si le prix était haussé au-delà de 0,11 $, la MRC irait de l’avant et continuerait les analyses. Au printemps 2009, le nouveau tarif de 0,125 $ est annoncé et la démarche est enclenchée.  La proposition de ce projet 100 % communautaire remporte le maximum de points à ce sujet et seul, de ce genre entièrement communautaire, l’autorisation est accordée pour poursuivre dans cette voie de politique énergétique.
Toutefois, les citoyens de la MRC Pierre-de-Saurel sont informés par des séances d’information ponctuelles,  proches de soirées positivistes de propagande, pour obtenir l’appui des conseils municipaux des 12 municipalités constituantes de notre MRC. Les manufacturiers de Gaspésie pour certaines composantes, des fournisseurs allemands pour d’autres, des représentants  de diverses firmes de consultants, tous sont unanimes à regarder les aspects positifs de cette nouvelle source potentielle de revenus à partir de la livraison d’énergie, dès le 1er décembre 2015.
Mais, plus tard dans la soirée du 20 mai dernier, monsieur David Forcier, aussi résident du rang Saint-Thomas, à proximité d’une éolienne planifiée sur les terres face à son domicile,  veut savoir si les éoliennes seront vertes, recyclées lors de leur démantèlement prévu en 2035-2036?  L’équipe des promoteurs répond que le coût du démantèlement a été calculé avec une estimation sécuritaire, car on prévoit un coût d’élimination sans recyclage, par enfouissement. Première réflexion environnementale tronquée.
Quand madame Martine Champagne, résidente aussi du rang Saint-Thomas, s’informe s’il y a une autre option que le démantèlement après les 20 ans d’usage, on lui répond que dans le contexte réglementaire actuel, on s’en tient à l’appel d’offres seulement et aucune offre de renouvellement n’est prévue actuellement. Le démantèlement au coût prévu de 8 000 000 $ ferait partie des budgets annoncés.
Monsieur Maurice Séguin de Saint-David, municipalité à proximité de celle d’Yamaska, s’interroge  sur les raisons de ne pas avoir tenu de référendum sur l’intérêt et l’acceptation de la population des trois municipalités concernées, Saint-Robert, Saint-Aimé et Yamaska . On nous répond que les maires connaissent bien leur milieu respectif et n’ont pas jugé opportun de faire un tel référendum. Les maires (ou maire suppléant) des 3 municipalités concernées confirment alors qu’aucun citoyen n’avait manifesté de contestation à ce sujet. Que tout le monde sont (sic) en accord avec ce projet  (madame Liebert, mairesse de Saint-Aimé) et que, pour monsieur Salvas, maire de Saint-Robert, c’est unanime, à la municipalité de Saint-Robert, pour le gain économique ». Il y aurait déjà 2,5 millions $ investis, un nouveau mât de 100 mètres sera installé en mi-août 2014 au coût de 300 000 $, et ce,  avant même que le BAPE n’ait rédigé son rapport suite aux présentes audiences publiques.
Toutefois, un coûteux droit de retrait de l’une ou l’autre des municipalités locales de la MRC Pierre-de-Saurel, expliqué par monsieur Denis Boisvert ce 21 mai dernier, en relation à  ce  projet éolien, a été établi par  un règlement adopté en janvier  2013 par le  conseil de la MRC. Ce règlement  ne facilite plus les discussions divergentes entre les élus et leurs concitoyens respectifs.
Les prévisions optimistes fournies, ces 20 et 21 mai derniers, sont celles basées sur les opérations des 5 premières années. Un bénéfice est attendu de près de 17 % des revenus bruts Mais les mécanismes des éoliennes vieillissent mal sous nos climats extrêmes. Les garanties des fabricants sont très souvent de 5 ans. Les frais d’entretien seront probablement croissants avec l’usage. Alors les bénéfices se transformeront-ils en perte nette ?
Ce projet fait  monter de plus en plus de questions et d’inquiétudes sur les bénéfices potentiels déterminés avant même de connaître toutes les réponses aux questions posées les 20 et 21 mai devant le BAPE à Yamaska.
Les suivis sur la faune qui pourrait être affectée par ce projet d’éoliennes seront faits selon les événements qui surviendront. On nous assure qu’il y aura un suivi environnemental mais on précise difficilement combien de personnes y seront mobilisées, à quelle cadence seront recueillies  les dépouilles d’oiseaux au pied des éoliennes, … Un suivi nous est assuré sur le contrôle des règles, sur les activités conformes aux autorisations fournies par les gouvernements et ministères, sur les travaux,  selon les valeurs des individus, des groupes et des collectivités. Mais des détails imprécis persistent sur les suivis qui seront effectués afin de diminuer l’impact sur la vie de la faune et des humains et sur l’environnement sonore ou visuel des résidents du secteur touché.
On annonçait le 23 avril dernier, à Yamaska, devant monsieur Alexandre Tardif, un conseiller en communication du BAPE, qu’une halte d’observation avec stationnement serait aménagée pour permettre aux touristes d’observer les éoliennes en marche. Monsieur Jacques Cartier, résident de Saint-Aimé et conjoint de la mairesse, interroge et  s’inquiète si les chemins à vocation agricole seront encombrés par des touristes impatients et perturbateurs des activités agricoles habituelles.
 Le 21 mai encore, la confirmation d’une telle halte et stationnement était devenu imprécise et s’enfonçait dans les incertitudes.
La commission sur les enjeux énergétiques du Québec a reconnu en février dernier que le développement des éoliennes  en surplus dépassait largement nos besoins,  pour les vingt prochaines années. Le coût d’achat de la production des éoliennes dépasse largement (3 à 4 fois) le prix que cette nouvelle énergie pourra être revendue. Cette perte sera assumée par la hausse actuelle, depuis avril, et future des tarifs d’électricité de tous les usagers résidentiels d’Hydro-Québec. Est-il légitime de faire payer par la population québécoise entière une externalité du projet d’éoliennes de notre MRC pour diversifier ses revenus, tout en tenant compte de l’acceptabilité sociale nouvellement connue inférieure aux informations véhiculées antérieurement et aux risques environnementaux pour la faune et à la diminution de 12 hectares de superficie agricole exceptionnelle.
L’échéancier présenté le 23 avril exposait l’étape des plans et devis dès l’été 2014, le début de la construction en automne 2014 alors que le rapport du BAPE peut être remis 4 mois après les présentes audiences et que le décret gouvernemental peut être émis 2 mois après le rapport du BAPE. Le temps n’est pas compressible.  Un retard dans la production prévue à partir du 1er décembre 2015 entraînerait des pénalités de l’ordre potentiel de millions de $. Le financement n’est pas encore ficelé en date du 21 mai. Les investisseurs sauront rapidement que le temps presse et que la négociation est urgente.  Le pouvoir de négociation sera affaibli d’autant pour les promoteurs de ce projet et la MRC. Demeurent encore de nombreuses incertitudes, nombreuses interrogations non concluantes, nombreuses inquiétudes sur les impacts sur la santé des animaux, oiseaux et humains de la zone rapprochée des éoliennes.
Et si la rentabilité n’était pas au rendez-vous selon les prévisions des spécialistes consultés, qui paiera la note ? Évidemment, 100 % communautaire, impact de 100 % sur l’ensemble des contribuables ? Et les décideurs,  les promoteurs et les propriétaires des terres agricoles accueillant les éoliennes ne perdraient rien (n’ayant pas investi personnellement de leurs propres ressources financières)  pour leurs décisions prises sans la consultation appropriée et souhaitable des mêmes contribuables potentiellement payeurs ?
Un projet non essentiel pour notre région, ni pour les besoins énergétiques de la population québécoise pour un avantage aussi risqué pour la faune, l’agriculture, la qualité de vie des résidents à proximité de l’installation du parc éolien ?  Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Pour ces divers éléments, je recommande, monsieur le commissaire, de ne pas autoriser ce projet éolien de la MRC Pierre-de-Saurel tant que les besoins énergétiques du Québec n’en démontreront pas l’apport positif pour tous les contribuables de notre belle province.   Aussi je propose plutôt d’augmenter les capacités de recherche et développement de technologies mieux adaptées à nos conditions climatiques, fabriquées au Québec, par de la main-d’œuvre qualifiée et québécoise plutôt qu’encourager des entreprises qui conçoivent leurs produits en Allemagne.
En terminant, j’aimerais porter à votre attention, monsieur le commissaire,  les résultats d’enquête  portant sur des observations cliniques sur la santé des humains et des animaux menées par Claude-Henri Chouard, de l’Académie Française, Godefridus Petrus Van de Berg et Nina Pierpont qu’on peut retrouver sur le site www.eoliennesatoutprix.be/default.cfm?source=sante. On y retrouve des informations non encore exprimées à cette commission.

Les symptômes de troubles de sommeil et du repos, de céphalées, de trémulations (agitation involontaire), d’acouphènes semblent découler de l’effet stroboscopique et troublent la santé des humains. Chez le bétail,  les chevaux et les chiens, très sensibles à leur environnement, on semble détecter des états anxieux, une diminution de la productivité laitière, des comportements hostiles et agressifs.
Leurs études , selon ce document, attestent  toutes que les nuisances sonores produites par les éoliennes sont réelles et soulèvent des effets néfastes sur la santé. Même des bruits assez discrets et non uniformes deviennent obsédants et insupportables car ils sont rythmés (semblable au supplice de la goutte d’eau obsédante). Ils ont à l’usure des personnes même éloignées du parc éolien et entraîneraient une anxiété permanente, selon des témoignages de témoins et de médecins selon les conditions climatiques de la période observée, même à une distance de 1 609 mètres (un mille).
En  octobre 2005, à l’initiative d’une association d’acousticiens (INCE Europe), une première conférence scientifique sur le bruit des éoliennes a été tenue. On parle alors de « traumatisme sonore chronique » connu depuis longtemps. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le sommeil est perturbé si le bruit ambiant dépasse 35 dB, et c’est ici  le cas selon les données fournies par les promoteurs lors de la séance du 23 avril dernier devant la commission.
Au Danemark, le gouvernement a même arrêté  l’installation de nouvelles éoliennes terrestres, à cause des risques pour la santé.  On termine le document en soulignant que les niveaux sonores ne doivent pas dépasser de plus de 5 dB le jour et 3 dB la nuit pour un niveau de bruit ambiant supérieur à 30 dB.  Même si le niveau sonore ne dépasse pas la loi, on remarque que le bruit des éoliennes est clairement dérangeant et désagréable et peut avoir des effets psychologiques et gâcher la vie des gens.
Je vous remets le document ici, monsieur le commissaire.


             
 
 
 
 
 
 
 
 


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