lundi 30 juin 2014

Keith Jarret: génial pianiste improvisateur à la Maison symphonique

Samedi dernier, j'ai voulu découvrir ce musicien, né en 1945, qui propose un concert intense où sa concentration remarquable est totale. On dit qu'il ne supporte pas les irritants. Ainsi aucune arrivée retardataire d'un spectateur n'était tolérée. Le présentateur du Festival de Jazz de Montréal a averti le public que la soirée était enregistrée et, qu'en un si beau soir d'été, il espérait n'entendre aucun toussottement, ni sonnerie, ni aucun autre bruit provenant du public qui serait susceptible de déranger cet intense musicien.
 
Le public est prêt à le suivre dans ce monde musical imprévisible, lui, seul, sur la scène avec le piano dans un simple et grand cercle de lumière,  Totalement présent, entièrement lié au piano, il fait corps avec lui et la musique  jaillit. Le piano m'est apparu comme une extension de ses mains et de son corps, un seul corps réuni.
 
Souvent, propulsé par les ressorts de ses jambes, il se levait pour mieux faire corps avec la musique, utilisait ses pieds comme instrument de percussion, chantonnait et criait comme pour permettre à son inspiration de sortir de partout. Ses mains, oui, mais son clavier ne semblait plus suffire à transmettre toute son idée musicale débordante.
 
Pianiste depuis l'âge de trois ans, descendant d'immigrants écossais et hongrois, né en Pennsylvanie, il donnait déjà un récital de ses compositions personnelles dès l'âge de 17 ans. Il était déjà venu jouer à Montréal à la Place des Nations où mon mari avait eu la chance de l'entendre dans sa jeunesse, aussi à la salle Claude-Champagne d'Outremont, et à d'autres occasions. La plus récente proposition semble être sa prestation, en trio, à la salle Wilfrid-Pelletier en 2010.
 
Pianiste, saxophoniste, flûtiste, percussionniste, organiste, claveciniste, guitariste et compositeur, tout cela dans un seul homme. Une belle brochette de talents musicaux, n'est-ce pas ? Un orchestre potentiel de clones. Probablement que ces nombreuses connaissances instrumentales sont les raisons qui le poussent à compléter la sonorité du piano avec tout son corps. Un instrument lui apparaît peut-être incomplet pour nous révéler ce qu'il porte en lui à un moment donné de son inspiration. C'est comme cela que j'ai ressenti ces merveilleuses envolées, samedi dernier.
 
Durant les années 1970, pendant une vingtaine d'années, il donnait aussi des concerts de musique classique et de musique contemporaine. De Bach à Chostakovitch. Samedi, on pouvait percevoir son ostinato caractéristique dans quelques pièces improvisées, construites sur cette base reconnaissable.
 
Probablement que cette soirée mémorable paraîtra sur disque, nous a-t-on dit. Il a aussi eu la générosité de donner plusieurs rappels. Je pense qu'il a ressenti le profond respect que le public lui vouait en ce chaud samedi soir d'été montréalais.
 
 

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