lundi 26 juillet 2021

Des résidus de glyphosate dans des milliers de produits alimentaires chaque année

Plusieurs canadiens ne comprennent pas pourquoi Santé Canada, par l'intermédiaire de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), a annoncé le 19 juillet dernir vouloir augmenter les quantités de résidus du glyphosate permises dans des aliments tels que le blé, l'avoine et le son. Ces céréales se retrouvent souvent dans les céréales pour enfants, en plus des haricots secs, les lentilles, les pois et les noix, partie intégrante des aliments des végétariens et des végétaliens.

Le glyphosate est l'élément actif des produits Roundup, un herbicide contesté par des experts mondiaux et interdit dans plusieurs pays d'Europe dont l'Italie et l'Allemagne. De plus des villes au Québec et au Nouveau-Brunswick ont aussi interdit ce produit de Bayer "cancérigène probable" selon l'OMS en 2015.

Les normes actuelles du Canada sont plus strictes que les normes soumises à la consultation de l'ARLA. Même l'UPA reconnaît que cette consultation aurait une explication plus commerciale qu'agricole, puisque les producteurs du Québec "sont plutôt dans une démarche inverse", selon son président Marcel Groleau.

La consultation est en marche depuis le 6 mai et a été prolongée jusqu'au 3 septembre après avoir reçu plus d'un millier de commentaires. En 2017, Santé Canada avait reconduit l'homologation de l'herbicide  jusqu'en 2032, jugeant qu'il ne présentait "probablement pas de risque pour le cancer humain".  Le glyphosate est aussi exclu du système provincial de justification et de prescriptions agronomiques mis en place en 2018. Le glyphosate est le pesticide le plus vendu au Québec en 2019, date du plus récent bilan des ventes des pesticides. Il représente 54 % des ventes totales en milieu agricole et a atteint une quantité record de près de 1,9 million de kilogrammes en 2019. 

En outre, cette année, le Québec a reconnu le lien entre les pesticides et la maladie de Parkinson, et a ajouté cette maladie dans la liste des maladies professionnelles.

Alors que nos producteurs innovent actuellement dans leurs pratiques de gestion des terres et des troupeaux afin de réduire les intrants, surtout les pesticides. Santé Canada envoie un message contradictoire aux producteurs qui s'efforcent de produire des aliments de qualité avec moins de résidus des pesticides. Les écosystèmes devraient plutôt être encouragés qu'être réduits à s'appauvrir avec le temps par la destruction des composantes biologiques des sols, pourtant si essentielles à leur fertilité. 

Devant la consultation de l'ARLA, par principe de précaution,  l'Ordre des chimistes du Québec, l'Association des microbiologistes Québec et l'Association des biologistes du Québec sont inquiets et demandent à l'ARLA de reconsidérer sérieusement sa décision d'augmenter les limites maximales de résidus de glyphosate dans certains produits alimentaires.

Le site de l'association Victimes des pesticides du Québec permet de découvrir des études, des mémoires, des témoignages de femmes et d'hommes qui "sont montés au front" pour que les maladies liées à l'exposition aux pesticides soient reconnues comme des maladies professionnelles et pour que des pratiques de remplacement innovantes disponibles et à venir dans les secteurs de l'agriculture et de l'alimentation soient mises en place pour éliminer l'utilisation des pesticides.

(Source: article de Sarah R. Champagne et Lise Denis du 23 juillet, libre opinion de Monique Bisson et Pierre Carpentier (membres de Victimes des pesticides du Québec), le 21 juillet, et libre opinion de Michel Alsayegh, Marie-Christine Bellemare et Christian L. Jacob, chimiste, biologiste et microbiologiste, respectivement, toutes publications dans Le Devoir)



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