mardi 12 janvier 2021

Comment protéger un poisson menacé et construire le port de conteneurs de Contrecoeur

Jeudi dernier, le Centre québécois du droit de l'environnement déposait une requête pour lancer une action en justice afin de forcer le gouvernement Trudeau à agir pour le chevalier cuivré.  Si le port industriel de Contrecoeur se construit, des pans entiers de l'habitat essentiel du poisson seraient détruits.

Selon la Loi sur les espèces en péril (LEP), Ottawa aurait dû prendre un arrêté ministériel pour protéger "l'habitat essentiel" de l'espèce au plus tard 180 jours après que cet habitat a été désigné, soit au plus tard le 17 décembre 2012. Cet arrêté interdirait complètement de détruire des "éléments" de cet habitat, établi par les scientifiques fédéraux. Si le gouvernement fédéral respectait la LEP, le projet du port de Contrecoeur ne pourrait pas être autorisé dans sa forme actuelle.

Le seul endroit dans le monde où existe ce poisson est ce tronçon du fleuve Saint-Laurent situé en amont du lac Saint-Pierre. Depuis 2018, le gouvernement a affirmé trois fois qu'un arrêté ministériel sera adopté pour mieux protéger le chevalier cuivré.

Un nouveau quai de béton de 675 mètres de longueur à construire qui détruirait des herbiers nécessaires à l'alimentation du poisson. Il faudra  aussi draguer au moins 750 000 mètres cubes de sédiments du fleuve sur une superficie estimée à 150 000 mètres carrés (environ 20 terrains de soccer).

En décembre 2019, le gouvernement Trudeau a pourtant promis 300 millions de dollars pour le projet d'expansion du Port de Montréal à Contrecoeur, alors que l'étude environnementale n'était pas complétée.

Le transit maritime et le transbordement d'un million de conteneurs chaque année, le va-et-vient de 1200 camions-remorques chaque jour n'auraient pas d'effets environnementaux "négatifs importants" selon les conclusions de l'Agence d'évaluation d'impact du Canada dans son rapport provisoire déposé en novembre 2020.

Mais l'arrêté ministériel devant interdire de détruire l'habitat essentiel n'a pas encore été publié. Le retard serait-il à mettre sur la faute de la Covid-19 comme tant d'autres retards ?

(Source: article d'Alexandre Shields dans Le Devoir d'aujourd'hui)

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