samedi 11 juillet 2020

Serons-nous âgiste?

Quand on souhaite qu'on prenne mieux soin de nos aînés, voulons-nous principalement leur bien ou espérons-nous plutôt que de meilleurs soins soient disponibles quand ce sera notre tour d'être vieux et d'avoir besoin d'aide ?

Avec la pandémie, des directives pour protéger les aînés ont conduit à toutes sortes d'interdictions: on ne sort plus de chez soi selon sa propre volonté, le personnel de résidences pour aînés exige que chacun reste dans son logement, les sorties sont autorisées, contrôlées et avec accompagnement du personnel. Les aînés se sentent brimés dans leur liberté d'agir.

La société vient de prendre conscience de son âgisme. Les femmes, les pauvres, les vieux semblent accepter  leur exclusion s'ils intériorisent la définition de la place sociale qui leur a été assignée. Les aînés semblent toujours en vacances, sans obligations envers la société, et certains d'entre eux partent vivre l'hiver  dans des contrées plus chaudes à l'automne. Si seulement les pauvres s'étaient sentis victimes, ils auraient pu penser que c'était à cause de leur pauvreté et non pas à cause de leur âge.

L'exclusion en vertu de l'âge prive la société d'un important réservoir de compétences. On évalue à 1,5 millions de personnes les personnes de plus de 65 ans au Québec.  La  majorité de ces personnes sont toujours capables de mettre leurs compétences à profit dans de nombreux secteurs. Sans  forcer quiconque d'assumer des tâches semblables à celles assumées pendant leurs jeunes années, plusieurs aînés pourraient être heureux d'être encore utiles pour agir et faire bénéficier la société environnante et du même coup, améliorer leur santé.

Faire des lectures, accompagner des jeunes, soutenir des aînés moins bien lotis, participer à des activités structurantes au sein de leur communauté, beaucoup d'actions pourraient être réalisées par les aînés pour embellir leur quotidien et celui de leur environnement.

Les aînés pourraient prendre la parole, comme les femmes l'ont fait lors de leur prise de parole féministe. Ils peuvent s'engager en politique, l'anthropologue Denis Blondin, suggère même un Conseil du statut du vieux et de la vieille, dans son article du vendredi 10 juillet dans Le Devoir.

L'auteur note qu'un mouvement social pourrait devenir une réalité. Mieux que le vieillisme, il suggère un mouvement âgiste, en inversant, dit-il, simplement la valeur attribuée à ce terme.

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