lundi 27 juillet 2020

Le monopole de l'UPA

Alors que les consommateurs sont intéressés à augmenter leur autonomie alimentaire au Québec, la force d'inertie de l'Union des producteurs agricoles (UPA) est  si efficace qu'elle n'accélère pas les changements vers des petites fermes diversifiant les productions, écrit l'éditorialiste Robert Dutrisac dans Le Devoir d'aujourd'hui.

Malgré le rapport de la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire, présidée par Jean Pronovost, publié il y a douze ans, les petites fermes, les ventes à la ferme et dans des petits marchés publics et sur les circuits courts n'émergent pas encore. Les intérêts économiques dans les productions à quotas sont énormes et les financements avantagent mieux les membres de l'UPA.

Mais le temps lentement donne raison à Jean Pronovost. Cependant le gouvernement n'a pas l'intention de casser le monopole de l'UPA. L'agriculture à grande échelle, productive et concurrentielle est là pour demeurer. Pourtant pour devenir durable et respectueuse de l'environnement, elle doit tout de même pouvoir nourrir la population à des prix acceptables par la majorité des gens.

Les jeunes diplômés des écoles d'agriculture veulent pratiquer l'agriculture autrement, note l'éditorialiste. Ils ne souhaitent pas produire en monoculture du maïs pour nourrir les animaux ou pour devenir du biocarburant pour les automobiles. Ils n'ont pas non plus facilement accès aux capitaux importants nécessaires pour acheter de grandes terres fertiles ou des troupeaux de centaine de vaches laitières et leurs quotas coûteux.

L'Institut Jean-Garon a produit en janvier 2020 un rapport sur l'avenir de la production du territoire agricole. Des petites parcelles, des lots plus ingrats et de bonnes terres dans les régions périphériques intéressent de jeunes diplômés. Ces innovateurs font toutefois face à des barrières: l'accès au crédit et aux programmes d'aide, l'interdiction de contruire une résidence familiale  sur des parcelles. La Commission de protection des territoires agricoles du Québec (CPTAQ) considère qu'une ferme rentable doit atteindre 100 hectares, soit environ 10 000 000 de pieds carrés.

La Loi sur la protection du territoire agricole a bien été utile depuis 1978, souligne l'Institut Jean-Garon. Elle s'applique cependant de la même manière dans la vallée fertile du Saint-Laurent qu'en Gaspésie, là où le potentiel agricole est plus limité. Il faut savoir que 47 % du territoire agricole québécois protégé n'est pas exploité. La Loi a ainsi contribué à dévitaliser les régions et devrait être revue, selon Robert Dutrisac. L'agriculture, comme en Europe, pourrait être une façon appropriée d'occuper le territoire et permettre la coexistence de divers modèles de pratiquer l'agriculture.

L'UPA pourrait être plus souple, permettre plus facilement aux petites fermes de prospérer. L'esprit d'ouverture permettrait au syndicat agricole de devenir un agent de changement et lui éviterait d'empêcher une agriculture diversifiée.

(Source: Le Devoir, 27 juillet )

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