mercredi 5 décembre 2018

Pour ceux chez qui le poids du monde n'a pas éteint l'espoir

Voilà comment se terminait le texte d'André Lemelin, professeur retraité de l'INRS-UCS, qu'on pouvait lire dans Le Devoir du 24 novembre dernier. Comme passionné de philosophie et d'histoire des idées, il a décrypté une question d'actualité: De la difficulté de lutter contre les changements climatiques.

Alors que le 6 octobre dernier, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) déclarait dans leur rapport qu'en vertu des lois de la physique et de la chimie, il est possible de limiter le réchauffement de notre planète à 1,5 degré Celsius. Pour éradiquer la pauvreté, pour parvenir à un développement durable, pour renforcer la réaction mondiale à la crise climatique, des efforts collectifs à tous les échelons sont nécessaires.

Le Pacte pour la transition de Dominic Champagne est une initiative louable. Lemelin nous écrit ce que l'économiste américain Mancur Olson (1932-1998) nous en dirait. Olson a présenté le "problème de l'action collective" et rejette l'idée que "les groupes d'individus ayant des intérêts communs tentent généralement de promouvoir ces intérêts communs". Au contraire, à moins de coercition, les individus n'agiront pas pour réaliser l'intérêt du groupe. Comme le résultat du bien collectif bénéficiera à tout le groupe, sans exclusion, chacun trouve qu'il est mieux de laisser les autres faire les efforts nécessaires. Se reconnaît-on ? L'altruisme ne pourra éliminer le conflit entre l'intérêt individuel et le bien commun, selon Olson.

Ainsi la cotisation syndicale ou le versement des impôts contribuent au fonctionnement de la société, mais c'est une action forcée qui oblige chacun à faire un effort pour le bien commun du groupe. Comme le climat est un bien collectif, renoncer à certains avantages, modifier nos comportements exigera que les administrations légifèrent ou utilisent leur pouvoir de coercition pour trancher comme ils le font dans d'autres domaines.

Pour chaque mesure envisagée, les personnes les plus directement touchées diront que le fardeau qui leur incombe est excessif. Dans notre démocratie, on notera le coût électoral de chaque élément d'une politique climatique. Ainsi de Kyoto à Paris, qui acceptera de faire les efforts nécessaires à la place de son voisin, lui qui en fait si peu ?

Les décideurs auront-ils la volonté et la crédibilité pour promouvoir un accord contraignant ?  L'idéal humaniste d'un gouvernement mondial, version XXIe siècle, voilà un beau défi pour le militant.


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