jeudi 26 septembre 2019

L'économie est plus efficace si les prix sont justes (J. Hansen)

L'engagement volontaire des États ne parviendra pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), selon le climatologue américain James Hansen. Il faudrait plutôt imposer une tarification qui reflète les coûts réels des énergies fossiles pour la société, et mettre un terme aux industries des sables bitumineux. 

Hansen a été l'un des premiers à faire émerger le débat sur l'urgence climatique dans les années 1980. Il critique sévèrement la façon dont la communauté internationale a choisi de s'attaquer à la réduction des  GES dans le cadre de l'Accord de Paris. Les vœux pieux actuels des engagements volontaires de près de 200 pays ne permettront pas de limiter les émissions, selon lui.

Le coût du pétrole et du gaz naturel pour les consommateurs ne reflètent pas leur coût réel. Les sources d'énergie fossile continueront d'être utilisées tant qu'elles seront les énergies les moins chères. Le prix des énergies fossiles devrait d'abord inclure leur véritable coût, soit le coût de la pollution et le coût des conséquences des bouleversements climatiques.

Encore maintenant, ces énergies fossiles fournissent plus de 80 % de la production énergétique mondiale. Si les pays mettaient en place une tarification générale et honnête qui reflète leur utilisation du pétrole, du gaz et du charbon, ce serait la première étape, explique le climatologue Hansen.

Le Canada fait mieux déjà que les États-Unis. Mais il devrait inclure, en outre, le coût pour la société dans le prix des énergies fossiles; fait de manière juste, en redistribuant des sommes pour les plus démunis et la classe moyenne.

En juin dernier, le directeur parlementaire canadien du budget disait que le prix devait atteindre au moins 102 $ la tonne en 2030. François Delorme, professeur à l'Université de Sherbrooke, estime qu'une taxe plancher de 150 $ dès 2020 serait le montant nécessaire pour entraîner un changement de comportement et enclencher une décroissance dans les émissions de GES au Canada. 

Hansen a milité contre la construction du pipeline américain Keystone XL et estime que la poursuite de l'exploitation des ressources pétrolières des sables bitumineux n'a aucun sens pour le Canada et pour le monde entier. Quand on commencera à inclure des prix justes, les énergies les plus carbo-intensives seront non concurrentielles, assure-t-il.

L'Association canadienne des producteurs pétroliers prévoit une croissance continue de la production de l'or noir. En 2040, la production quotidienne du Canada avoisinerait les 6 millions de baril dont 4,5 millions de barils provenant des sables bitumineux. Les réserves canadiennes, les troisièmes au monde, sont évaluées à 173 milliards de barils.

(Source: l'article d'Alexandre Shields, dans Le Devoir, d'aujourd'hui.)

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