jeudi 9 juillet 2015

Québec dit oui et fait non

Alors que mercredi le premier ministre Couillard annonçait qu'il s'engageait vers une réduction ambitieuse des émissions de gaz à effet de serre, à Toronto pour le "Sommet des Amériques sur le climat ", les groupes environnementaux ont salué ce geste. Le Québec serait, pour monsieur Couillard, un "leader environnemental reconnu à l'échelle internationale". L'engagement d'adhérer au "Protocole d'accord sur le leadership climatique mondial" serait une "preuve concrète que les États fédérés jouent un rôle majeur dans notre lutte collective contre les changements climatiques".
 
L'engagement est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% à 95 % d'ici 2050, relativement au niveau de 1990. Le premier ministre disait que "nous observons présentement le début de la fin de l'ère des hydrocarbures."
 
 Le gouvernement Harper n'était pas présent à ce sommet de Toronto. L'ancien président du Mexique Calderon et l'ancien vice-président américain Al Gore étaient pourtant présents. Mais on sait qu'Harper n'apprécie pas les réglementations sur ce sujet qui pourraient nuire à l'industrie pétrolière et gazière et à l'économie canadienne.
 
Toutefois, ce discours est incompatible avec les nouveaux projets de pipelines pour acheminer les sables bitumineux à travers le Québec. La cohérence n'y est pas. D'une part, le gouvernement Couillard encourage le projet de pipeline Énergie Est pour faciliter annuellement 400 millions de barils de pétrole à transiter par le Québec vers l'exportation, d'autre part, il est favorable à l'exploration pétrolière et gazière sur le territoire québécois et, de plus,  il finance des travaux d'exploration sur l'île d'Anticosti.
 
Mais même le golfe du Saint-Laurent est envisagé pour des projets pétroliers. Ce qui a fait réagir rapidement trois nations autochtones du Québec. Ils demandent aux partis politiques fédéraux de s'engager à interdire tout projet d'exploration pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent. Un déversement pétrolier serait trop néfaste pour la pêche commerciale et pour le tourisme qui génèrent 1,5 milliard et 800 millions par année, respectivement, selon eux.
 
Les risques sont réels, selon une évaluation de Genivar en septembre 2013. Trop de carences dans les technologies reconnues, dans les composantes des milieux physiques, biologiques et humains et une incapacité à répondre à une accidentelle marée noire ne rassurent pas les chercheurs. En cas de désastre, l'entreprise devra détenir assez de ressources pour payer 1 milliard de dollars. Toutefois, l'explosion de la plateforme de BP en 2010 au Mexique a coûté plus de 50 milliards à la pétrolière.
 
Malgré tout, Québec a quand même inclus, en juin,  le cas du golfe du Saint-Laurent  dans une nouvelle évaluation environnementale stratégique  pour toute la filière des hydrocarbures. Le rapport est attendu cet automne.
 
Ce qu'on fait à Québec et ce qu'on raconte à Toronto: cherchons la cohérence.
 
 (Source: Le Devoir)

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